Par la bouche de son ministre de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche maritime, Abdelmonaam Belaati, la Tunisie a accusé, lundi 16 octobre, à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, les pays industrialisés d’être indirectement responsable de la rareté de l’eau dont elle souffre, en étant directement à l’origine du changement climatique consécutif à l’accroissement continu des émissions du gaz carbonique et autres gaz à effet de serre émanant de leurs établissements industriels.
Le ministre a attribué de manière catégorique la crise de l’eau en Tunisie et ses conséquences néfastes sur la sécurité alimentaire et les ressources en eaux, au changement climatique qui va de mal en pis, a-t-il dit, notant qu’en 2023, la production céréalière nationale, atteignant d’ordinaire en moyenne 1,5 million de tonnes par an, a frôlé à peine 0, 3 million de tonnes en 2023, et la raison en est le changement climatique qui a impacté négativement les ressources en eaux autant les eaux de surface que les eaux souterraines du pays.
« Malheureusement, et je le dit haut à nos partenaires, la Tunisie n’est pas responsable de cette situation, mais ce sont les pays industrialisés qui en portent la responsabilité, a affirmé le ministre , ajoutant que « depuis plus de cinq ans, ces pays promettent de nous aider à faire face à ce problème, mais leurs promesses sont restées jusqu’à présent lettre morte, dont notamment la création d’un fonds de 100 milliards dollars au profit des pays confrontés à la sécheresse et aux incidences du changement climatique, en particulier la Tunisie ».
Le ministre parlait au cours d’une manifestation organisée au ministère de l’Agriculture pour célébrer la journée mondiale de l’alimentation (16 octobre) en collaboration avec le bureau régional de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dont le directeur Philippe Ankers assistait à la cérémonie.
Abdolmonaam Belaati a lancé un appel urgent aux partenaires de la Tunisie en vue d’épauler les efforts qu’elle déploie sans relâche, afin de surmonter la crise de l’eau qui ne cesse de s’aggraver en raison de la persistance de la sécheresse depuis déjà 4 ans et le manque de pluies.
Or, selon les précisions fournies par le ministre et les données d’un rapport présenté à cette occasion, par le cadre au ministère, l’ingénieur Rafik Aini, les solutions retenues par les autorités tunisiennes pour rétablir la situation en matière d’eaux, nécessitent des fonds énormes, soit environ 74 milliards dinars dans le cadre de la stratégie nationale des eaux à l’orée de 2050.
La Tunisie va, dès à présent, miser sur le dessalement de l’eau de mer pour satisfaire les besoins nationaux en eau potable et sur la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation en agriculture.
Actuellement, sur les 16 stations de dessalement dont elle dispose, une seule porte sur le dessalement de l’eau de mer tandis que les autres font le dessalement des eaux extraites des nappes souterraines.
Un déficit pas énorme
Rafik Aini a indiqué que la mise en application de la stratégie approuvée en juin dernier, a déjà commencé, notant qu’il s’agit en définitive de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande en eaux en Tunisie, ou balance hydrique actuellement déficitaire, mais pas trop quand même.
La consommation d’eau par habitant et par jour atteint actuellement 138 litres alors que l’objectif est de la ramener à 114 ou 115 litres, comme dans beaucoup de pays européens. L’agriculture continue de consommer 80% des ressources en eaux contre 20% pour le résidentiel et l’industriel. Il s’agit de réduire cette part et la ramener à 70%, sans affecter la production agricole ni en quantité ni en qualité.
L’évaporation et les fuites seront combattues. Le programme comporte la construction de 105 barrages souterrains.
La SONEDE restera la structure chargée de l’exploitation et de la distribution de l’eau tandis qu’un nouveau Code tunisien des eaux est en cours de finition.
S.B.H
