AccueilLa UNEBCE cherche à faire cause commune avec l’UGTT et le Front populaire,...

BCE cherche à faire cause commune avec l’UGTT et le Front populaire, selon The Independent

En l’espace d’une trentaine de jours, les Tunisiens se trouvent aux prises avec deux grèves de même nature et d’égale envergure, l’une et l’autre décidées par l’hyperpuissante organisation syndicale UGTT pour soutenir des demandes d’augmentations salariales dans la fonction publique, y associant tous les salariés du secteur public. Le premier débrayage s’étant terminé comme il avait débuté sans arracher au gouvernement la moindre concession qui satisfasse la centrale syndicale, la seconde, de deux jours cette fois-ci, est regardée comme un nouveau palier dans l’escalade conçue pour amener la Kasbah à composition

Celle du 17 janvier est la plus importante que la Tunisie ait connue depuis l’assassinat de l’éminent leader de la gauche Chokri Belaid en 2013, estime le quotidien britannique The Independent, sous la plume du spécialiste des affaires tunisiennes, Simon Speakman Cordall qui note que « le déclin économique de la Tunisie, qui a largement entamé la révolution du pays en 2011, s’est poursuivi au jour d’aujourd’hui, les recrutements massifs dans le secteur public ne permettant ni de compenser les troubles sociaux ni de soutenir l’économie en crise du pays ». Au cours des huit dernières années, la masse salariale dans le secteur public a doublé, passant d’environ 7,6 milliards de dinars en 2010 à 16 milliards de dinars en 2018 alors que, selon l’Institut des études stratégiques, le pouvoir d’achat a chuté de 40% depuis 2014.

L’aversion publique pour la grève

Soucieux de mettre fin à l’aversion publique avant la grève, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a affirmé que la situation économique du pays lui avait ligoté les mains et a imputé une grande partie de la situation et des difficultés actuelles aux hausses de salaires antérieures. « Ce sont les augmentations salariales octroyées après la révolution en l’absence de croissance réelle qui ont conduit à l’inflation, à l’endettement et à la baisse du pouvoir d’achat », a-t-il expliqué.

Saluée comme l’unique réussite démocratique des tumultueuses révolutions de la région en 2011, la Tunisie est depuis longtemps un récipiendaire des largesses internationales. Cependant, les conditions qui accompagnaient un prêt du Fonds monétaire international en 2016 sont désormais considérées comme un étau dans lequel sont enserrés de larges pans de la société tunisienne. Le prêt du FMI d’environ 2,4 milliards d’euros, payable sur quatre ans en contrepartie d’un programme de réformes convenu, s’est révélé controversé. Selon les termes de l’emprunt, le Dinar a filé de 2,3 dinars pour un dollar fin 2016 à près de 3 dinars aujourd’hui. Pour la Tunisie, historiquement importatrice nette de produits manufacturés, l’impact sur la vie quotidienne est tangible.

Face à cette situation, Youssef Chahed s’est efforcé de réduire le déficit budgétaire du pays de 6,2% du PIB en 2017 à 4,9% l’an dernier. Au cours de la même période, la croissance a eu du mal à dépasser les 3%, tandis que le chômage, autre catalyseur majeur de la révolution de 2011, reste ancré autour de 15%, atteignant 30% dans les zones de l’arrière-pays marginalisé.

En conséquence, la violence et les manifestations sont devenues la norme pour de nombreuses régions de l’intérieur du pays, des flambées soudaines suscitant parfois de nouvelles discussions sur une révolution potentielle. L’ombre des élections législatives et présidentielle de novembre s’annonce sous le signe de cette instabilité, alors que toutes les parties cherchent à contrôler le discours public sur les prêts du FMI et sur les difficultés que beaucoup estiment s’être abattues sur le pays.

L’UGTT, arbitre du jeu politique !

Rompant avec la tradition, l’UGTT a annoncé son intention de jouer un rôle dans le scrutin de cette année, soit en lançant dans la bataille électorale son propre candidat, soit en soutenant ceux d’autres partis. « Je pense que l’UGTT essaie de trouver un moyen de préserver son influence sur le jeu politique », a déclaré à The Independent, Hamza Meddeb , chercheur à l’Institut universitaire européen de Florence et spécialisé dans les affaires tunisiennes.« Cette grève générale n’est pas exclusivement motivée par des revendications socio-économiques, mais plutôt par le fait que l’UGTT essaie de se positionner comme un arbitre de la politique tunisienne », a-t-il expliqué.

En dehors de l’UGTT, le président libéral Béji Caïd Essebsi et ce qui reste de son parti Nidaa Tounes semblent en train de constituer un groupe improbable d’alliés invraisemblables, faisant cause commune avec le Front populaire de gauche pour faire pièce aux réformes économiques du gouvernement. S’alliant au chef du gouvernement, lui-même un ancien membre de Nidaa Tounes, il y a le parti islamiste modéré Ennahdha, tous deux désireux de faire valoir leur force de caractère auprès d’une large opinion publique internationale.

« Béji Caïd Essebsi a exprimé son intérêt pour la constitution d’une coalition électorale avec l’UGTT », a déclaré Meddeb. «Le gouvernement Chahed a été affaibli par la situation économique et ne peut proposer aucune solution concrète susceptible de satisfaire l’UGTT. Ennahda est fragile ». « « L’UGTT utilise son influence pour peser sur le schisme politique du pays et garantir des avantages sociaux et économiques aux siens avant les élections », a-t-il estimé.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -