AccueilLa UNEBorrell en Tunisie. L'UE aurait-elle dû intervenir plus tôt?

Borrell en Tunisie. L’UE aurait-elle dû intervenir plus tôt?

Le chef de la politique étrangère de l’Union Européenne, Josep Borrell,  est ce jeudi en visite officielle en Tunisie,  la première du nom, et  qui intervient « à un moment crucial pour le pays », a-t-il estimé dans un tweet.

« Je viens écouter nos amis tunisiens – autorités et société civile – pour mieux comprendre la situation dans sa complexité et soutenir le peuple tunisien dans la construction d’une démocratie durable », a-t-il précisé.

Une  mission diplomatique délicate, affirme le GED (Global Ecconomic Dyanamics Project), qui estime que, de toute évidence, l’UE ne doit pas relâcher ses efforts pour soutenir le développement démocratique en Tunisie et, en retour, exiger les réformes correspondantes. Toutefois, dans la situation critique actuelle, c’est avant tout la solidarité qui est demandée à l’Union Européenne.

C’est que, aujourd’hui,  l’expérience démocratique tunisienne est mise à mal. Dans le même temps, l’effondrement financier est imminent. Et la question qui vaut d’être soulevée est de savoir pourquoi l’UE n’a  pas dû intervenir plus tôt.

Lentement,  note le GED,  les contours de l’intention de Kais Saied de transformer le système politique  de 2014, qui est délicatement équilibré entre le pouvoir parlementaire et présidentiel, en un soi-disant « système présidentiel modéré » deviennent visibles, pour ensuite trouver peu clairs le comment et le timing de cet aggiornamento.   Les scénarios vont d’un système présidentiel avec séparation des pouvoirs et des juridictions, que le président façonnera en consensus avec tous les groupes de la société, à la poursuite de sa manière autoritaire de gouverner, en passant par un système promu par le président lui-même, dans lequel le peuple élit des conseils locaux.

Ceux-ci, à leur tour, envoient des députés à un parlement national, sans toutefois pouvoir contrôler le gouvernement, qui est subordonné au président. En conséquence, de plus en plus de voix de la société civile mettent en garde contre une dérive autoritaire.

Une économie en crise, la corruption, le déficit de l’État et le Covid-19

La crise politique en Tunisie s’inscrit dans un contexte de problèmes économiques, financiers, sociaux et sanitaires massifs. Les conséquences négatives de la pandémie de Covid-19 ont intensifié de manière alarmante les défis structurels. Le déficit de l’État est énorme. Le taux d’endettement devrait atteindre environ 91,2 % du PIB en 2021. Les caisses de sécurité sociale et les entreprises d’État sont déficitaires.

Aujourd’hui, relève le GED, les Européens s’inquiètent du fait que l’engagement extensif et intensif de l’Europe en Tunisie, qui s’élève à environ 10 milliards d’euros pour la seule aide officielle européenne au développement depuis la révolution de Jasmin de 2011 (les États-Unis 1,2 milliard d’euros en comparaison), n’a pas produit de résultats durables en termes de promotion de la démocratie, de l’économie de marché et de la bonne gouvernance.

Pourtant, le degré d’interdépendance entre l’Union européenne et la Tunisie s’est considérablement accru au cours des dix dernières années. L’UE est le débouché de 50% des importations de la Tunisie et l’émetteur de 70% de ses exportations. L’UE est de loin le premier donateur de tous les programmes d’aide au développement, toutes lignes de projets confondues, dans le cadre de la politique européenne de voisinage et par le biais d’un soutien budgétaire direct. L’engagement européen est également motivé par le désir d’aider le berceau de la révolution arabe à traverser la difficile période de transformation d’une dictature en une démocratie représentative.

L’UE a-t-elle exercé trop peu d’influence pour soutenir la fragile démocratie ? , s’interroge le GED. Même la cour constitutionnelle, si importante pour le fonctionnement de la démocratie et de la séparation des pouvoirs, n’a pas encore été mise en place malgré les pressions constantes de l’Europe. L’UE s’est montrée réticente à imposer une conditionnalité :

Bruxelles et les principaux États membres se sont montrés beaucoup trop indulgents à l’égard de la réticence de nombreux décideurs à procéder à des réformes (la stagnation des fonds alloués aux projets, ainsi que la lenteur et le manque de dynamisme de la gouvernance des institutions tunisiennes), de peur que la conditionnalité n’accroisse la fragilité de la seule démocratie arabe, et préoccupés par le fait qu’elle pourrait désavantager l’UE vis-à-vis des États du Golfe, de l’Égypte et de la Turquie.

Parmi les décideurs tunisiens, la mentalité qui consiste à recevoir un soutien facile s’est furtivement imposée, ce qui a ralenti la volonté de réforme – beaucoup sont restés assis et se sont détendus grâce à la « prime à la démocratie ». Les gestionnaires de projets européens signalent de plus en plus que la Tunisie n’avait pas un déficit de discussion mais un déficit de décision et de mise en œuvre.

La mise en œuvre des lois importantes n’a pas progressé en raison des querelles entre les partis au Parlement, dans les profondeurs de l’administration hypertrophiée, et par le blocage d’associations importantes. La déception face au manque de prospérité malgré la démocratie et la gestion inadéquate de la pandémie par le gouvernement ont accru le désenchantement de l’électorat à l’égard du parlement et des partis et ont maintenant abouti à une forte approbation des mesures autoritaires du président Kais Saied.

Que peut faire l’UE ?

Dans ce climat, il est difficile pour l’UE, comme elle l’a fait dans sa déclaration du 27 juillet 2021, d’exiger du président qu’il réintègre le parlement lorsqu’il affirme qu’il sait que le peuple soutient ses décisions et que le parlement et les partis sont responsables de cette situation malheureuse.

Le GED est convaincu que  L’UE est sur la corde raide car de nombreux Tunisiens perçoivent ses  demandes  comme une ingérence condescendante de l’extérieur. Le président Saied  continue d’ignorer les demandes de l’Europe concernant l’élaboration d’une feuille de route, la nomination d’un  chef du gouvernement, l’implication des partis, des associations et des ONG, ainsi que les références au besoin urgent de négociations avec le FMI.

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1 COMMENTAIRE

  1. la démocratie est ancrée dans le pays et le peuple tunisien est démocrate par nature ce qui s’est passé le 25 juillet 2021 est une revendication populaire pour changer ou modifier la constitution des islamistes de 2014 dont le peuple n’a pas été consulté par référendum et qui a reculé le pays et son peuple pendant 10 années dans tous les domaines à cause de la mauvaise gestion des islamistes et leur accaparation du pouvoir pendant cette période . Il faut que le peuple soit consulté pour une nouvelle constitution ou la constitution actuelle modifiée dans les brefs délais n’excédant pas 3 mois pour que la vie politique et démocratique reprend ses droits dans le pays sans intervention étrangère nous souhaitons que nos pays frères et amis nous aident et nous conseillent gentiment dans tous les domaines sans diktats ou chantage car le peuple tunisien est souverain de ses décisions et notre pays est libre et indépendant depuis plus de 65 ans pourquoi ces pays occidentaux n’interviennent pas dans des pays peu ou pas démocratiques ? la Tunisie certes un petit pays de 12 millions mais regorgent des citoyens bien éduqués qualifiés et compétents pour gérer correctement leur pays à l’exception de ces 10 dernières années noires.

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