AccueilLa UNEBouchers, vétérinaires et viandes rouges, une autre première tunisienne

Bouchers, vétérinaires et viandes rouges, une autre première tunisienne

Décidément, on aura tout vu , en ce début de l’année 2023 ! Tandis que les bouchers vivant de l’abattage des animaux et de la vente de leurs viandes cherchent à les préserver, les vétérinaires censés les soigner et les protéger refusent de le faire.

Naviguant à contre-courant du climat général marqué par le pire esprit mercantiliste qui soit, les bouchers par la voix du président de leur chambre nationale, Ahmed  Lâamiri, ont multiplié, ces dernières semaines, les avertissements et les mises en garde contre la flambée des prix des viandes rouges en Tunisie, demandant aux autorités d’intervenir pour les faire baisser et les stabiliser.

Perdant tout espoir de ce côté, le patron des bouchers tunisiens a imploré publiquement, il y a quelques jours, le Mufti de la république à émettre une ordonnance religieuse permettant la célébration de la prochaine fête du sacrifice, Aid el Adha, sans l’immolation rituelle de moutons afin de préserver la richesse animale et le cheptel national qui décroit à vue d’œil.

Ces mises en garde des bouchers et de leur chambre ne datent pas d’aujourd’hui. Des échos récurrents dans ce sens remontent à plusieurs années, comme en témoignent les rapports de presse.

Selon Ahmed Lâamari, les prix du kg de viande ovine et bovine au grand public des consommateurs se situent aujourd’hui aux alentours de 35 dinars et atteint jusqu’à 51 dinars pour  certains quartiers appréciés de la bête. Il a averti que si rien n’est entrepris, ces prix vont grimper bientôt à plus de 40 dinars dans les divers points de vente, rendant ce produit complètement  inaccessible aux quelques budgets moyens qui en achètent encore.

Résultat logique de cette hausse vertigineuse des prix des viandes rouges en Tunisie,  enclenchée depuis les années 2015, les statistiques nationales, régionales et internationales ont montré effectivement que la consommation des Tunisiens en viandes rouges est allée, en chutant,  passant de nos jours à moins de 900 grammes par personne par mois, soit le taux le plus faible dans la région maghrébine.  Les mauritaniens en consomment  près de 3 kg par personne par mois.

L’indifférence des autorités

Au même moment, dans des déclarations, il y a quelques semaines,  au journal 24/24, Ahmed Lâamari a fait état d’une régression continue du nombre des bouchers qui est passé à 7 mille, contre 9 mille auparavant, notant que ce nombre va diminuer encore dans la période à venir. Ces milliers de bouchers  ont quitté leur secteur pour devenir des commerçants de friperie, des chauffeurs de taxi ou encore de simples pâtissiers, a-t-il dit, soulignant que le prix du veau ordinaire a grimpé à 7 et 8 mille dinars, contre 4 mille dinars auparavant, tandis que le veau pour l’engraissement  coûte, aujourd’hui, jusqu’à 15 mille dinars.

A cet égard, Lâamiri a déploré l’indifférence des autorités, malgré les cris d’alarme des bouchers , étayés par les nombreuses correspondances officielles envoyées, en vain, aux ministères de l’agriculture et du commerce ou encore à l’Office de l’élevage et des pâturages en vue de trouver des solutions durables aux problèmes de la filière, car, a-t-il précisé, le recours à l’importation des veaux d’engraissement  a été inefficace et n’a pas contribué à la stabilisation des prix, en raison de leurs prix très élevés à la livraison aux éleveurs, outre la hausse des coûts d’élevage induits par la cherté  des fourrages et des aliments pour bétail .

Les bouchers sont disposés à adhérer à des prix compris entre 22 et 24 dinars le kg, a-t-il dit, suggérant le recours à l’importation de la viande réfrigérée, et attirant l’attention sur les ravages de la contrebande de sorte que les ressources animales ont diminué de plus de 30%.

Péril aggravé

Dans cette ambiance délétère, les médecins vétérinaires privés en Tunisie ont décidé, il y a quelques jours, de boycotter la  campagne de vaccination du cheptel national, et de ne pas y participer comme le stipulent les accords conclus dans ce sens depuis 2006 entre le ministère de l’Agriculture et les médecins vétérinaires privés en Tunisie sous le nom de « mandat sanitaire ».

 Ce mandat sanitaire permet aux médecins vétérinaires de participer, moyennant compensation financière, à la couverture vaccinale contre les maladies à déclaration obligatoire des petits ruminants, telles que la fièvre aphteuse, la fièvre catarrhale ovine (maladie de la langue bleue), la rage, la brucellose et la variole des ovins et des camélidés.

Le président de la Chambre nationale des médecins vétérinaires, Mohamed Néjib Bouslama, a justifié ce boycott par le refus de l’autorité de tutelle de réviser les tarifs de vaccination en fonction de l’évolution des coûts et qui sont restés, fixés à 450 millimes la tête, depuis plusieurs années, alors que les accords stipulent leur actualisation périodique.

Cependant, là où la question devient périlleuse, il a reconnu que « ce boycott du mandat sanitaire et des campagnes vaccinales sera à l’origine d’une augmentation des maladies animales notamment lors des opérations de vente et d’achat d’autres pays, ce qui impactera négativement la santé humaine », a-t-il souligné.

Il a prévenu que si la situation reste bloquée, 11 milliards de vaccins  actuellement disponibles à la Pharmacie centrale risquent d’être altérés et déclarés périmés.

Pour sa part, le président de l’Ordre des médecins vétérinaires tunisiens, Ahmed Rejeb, a mis en garde contre les répercussions de l’absence de vaccination des animaux à temps, vu que  60% des maladies humaines sont d’origine animale, à l’instar de la rage (ayant causé la mort de 5 personnes en 2022) et la fièvre catarrhale qui se transmet à l’homme à travers le lait non pasteurisé.

Il a considéré que la situation épizootique en Tunisie pourrait s’aggraver, indiquant que 30% des vaches en Tunisie sont atteintes de tuberculose.

Justement, un communiqué du ministère de l’agriculture confirme que des cas de maladie hémorragique épizootique (EHD) ont été enregistrés au cours du mois d’août dernier, chez les bovins.

Le ministère a précisé, dans son communiqué, qu’il s’agit d’une maladie virale qui touche les bovins et qui a les mêmes symptômes que la maladie de la langue bleue ou la fièvre catarrhale ovine (FCO).

« Les changements climatiques qu’a connus la Tunisie au cours de la dernière période entre la hausse remarquable des températures et les pluies enregistrées dans certaines régions, ont entraîné la prolifération d’insectes porteurs de maladies animales, a averti le communiqué.

S.B.H

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -