Le 1er ministre est reparti en France s’occuper de la panne de l’opérateur Orange sur les numéros d’urgence . C’est ce qui ne risquera jamais d’arriver en Tunisie, où les pannes se succèdent dans le silence des agneaux. Comme Macron, Castex avait été baladé à travers les souks et s’est fait mettre une chéchia rouge sur la tête. Et s’il n’a rien vu, les médias français lui avaient auparavant clairement dit tout sur la situation, politique, économique et financière plus qu’exsangue de l’ancienne colonie. La meilleure image à donner de cette visite restera celle du journaliste français Vincent Hervouet, qui comparait la visite de Castex à une « Tunisie qui demandait des Milliards d’aide à une France qui ne les a pas, et Castex et ses ministres sur le pont du Titanic qui se noie, à nettoyer les Transats et choisir les couleurs des stores »
La visite lui aura enfin de compte « coûté » quelques salamalecs, quelques professions de foi et autres engagements à soutenir la Tunisie, moins de 50 millions d’euros pour le financement de trois projets, et gageons que les vendeurs seront français. Une forme d’aide projets, comme le disait dernièrement l’ambassadeur européen en Tunisie à Africanmanager, qui part de deux nouveaux sentiments.
D’abord, celui de ne plus tenir compte d’arguments, longtemps utilisés par les gouvernants tunisiens, telle que l’exception démocratique qu’il faut aider et transfuser à coups d’aides financières jusqu’à rétablissement, économique et politique, de tout le pays. Après dix ans d’instabilité, politique et gouvernementale, d’échecs de ladite transition politique et du rétablissement des principaux paramètres économiques et financiers, l’Europe, le FMI et tous les bailleurs de fonds du pays du « printemps arabe », se sont réveillés à la Realpolitik de la Tunisie, et arrêté de tenir compte de l’élément politique dans le traitement du dossier tunisien.
Ensuite, une perte de confiance dans la capacité des gouvernements tunisiens à utiliser les aides qui pourraient être versées directement au budget dans des projets qui relanceraient l’économie tunisienne et rétabliraient les équilibres globaux des finances de l’Etat. En effet, presque toutes les aides étrangères au budget tunisien ont été dépensées en salaires et rémunérations de tous genres, en compensations de produits de consommations et entreprises publiques. Des centaines de millions en devises destinés à des projets restent non-décaissés et non consommés, à cause de l’incapacité de tous les gouvernements successifs de mettre en chantier les projets concernés dans un Etat en déliquescence. La gestion de toutes ces aides ressemblerait certes à celle dite de « bon père de famille ». Elle n’en restera pas moins une mauvaise gestion caractérisée. Celle de Hichem Mechichi, le chef de gouvernement prêt à signer toutes les demandes de l’UGTT et du reste des corporations professionnelles (magistrats, ingénieurs, employés des finances etc..) en est le plus bel exemple !
- Un début de réformes, dans la précipitation et l’incommunication
Pour le reste, la France s’est alignée sur les conditions du FMI et de l’Union Européenne de mettre en place d’abord les réformes requises par tous les bailleurs de fonds de la Tunisie, à remettre le pays au travail, et relancer l’économie.
Un trend qui pousse finalement le gouvernement à entamer certaines réformes dans la précipitation. Juillet approche, comme la date fatidique du creux de la vague pour les moyens financiers de l’Etat qu’annonce l’ancien ministre Taoufik Rajhi [ar]. Cela, alors que l’aide du FMI ne viendrait pas avant septembre prochain et la prochaine tranche de l’aide européenne non plus. Et c’est pour essayer de remédier à tout cela que le gouvernement lance la première de ses grandes réformes, celle de la compensation des prix. Un lancement, fait dans la précipitation, sans aucune préparation préalable, ni médiatique, ni opérationnelle. A son départ pour Washington voir le FMI, le gouvernement Mechichi avait parlé d’une plateforme qui gèrerait cette compensation, directement aux populations cibles concernées. Les prix du transport, des carburants, du sucre et d’autres qui viendraient, ont été lancés sans que la plateforme promise en avril dernier soit mise en place. Des hausses de prix qui mécontentent déjà un syndicat, l’UGTT, rétive à toute réforme. Et en la matière, c’est tout un pays, toutes classes sociales confondues, qui refuse les réformes, et surtout celles à incidence sur son pouvoir d’achat. Après dix ans de ladite révolution, qui n’a rien changé à l’ancien système mais en a simplement changé les bénéficiaires, chacun a eu le temps de s’accommoder du nouvel environnement, et s’y est aménagé sa propre zone de confort, politique, économique et financière, et n’est pas prêt à la quitter. Un vrai casse-tête tunisien que Castex n’a fait qu’effleurer du bout des doigts, en croyant pouvoir le résoudre par quelques millions d’euros.
les ingénieurs n’ont rien eu, malgrés un accord signé par le gouvernement