AccueilLa UNECeux que le président n’aime pas!

Ceux que le président n’aime pas!

« Al Ikhchidi» pour l’utilisation de la langue arabe pure et dure, « Robocop » pour le débit uniforme de ses discours, mais il lui arrive désormais de se mettre en colère lorsqu’il arrache son masque anti-Covid-19 et tape sur la table sans que l’expression de son visage n’en soit changée, ou encore « Mr Propre » parce qu’on ne lui a découvert aucune fortune ni aucun écart financier, et qu’il a été le moins dépensier de Tunisie dans sa campagne pour les Présidentielles de 2019.

On donne en effet beaucoup de noms et de qualificatifs au chef de l’Etat tunisien, mais on connaît peu de choses de cet antisystème, adepte de la théorie du complot, individualiste jusqu’à l’autisme, politiquement indépendant jusqu’à en détester les partis politiques, et qui fait de la politique sans en aimer les principaux acteurs que sont les politiciens.

  • Il n’aime pas Ennahdha

Sur la scène politique, c’est sur le parti qui avait soutenu le candidat aux Présidentielles de 2019 que Kais Saïed a jeté son dévolu. Pas tout de suite, mais il a tout de même fini par en faire son tête de turc. Au Perchoir, Rached Ghannouchi n’a en effet pas facilité la vie aux deux premiers chefs de gouvernement (Habib Jemli et Elyes Fakhfakh) qu’il avait choisis, et avait mis la main sur le 3ème (Hichem Mechichi). Kais Saïed a ensuite fait d’Ennahdha et de son Ghannouchi, tous deux mal-aimés par la population, son cheval de bataille pour conquérir les masses en colère du 25 juillet, et son cheval de Troie pour prendre toutes les rênes du pouvoir en Tunisie. Bien avant lui, Abir Moussi présidente du PDL avait compris l’importance de se positionner comme étant le seul parti ouvertement anti-Ennahdha. Elle n’est certes pas au pouvoir, pour aller jusqu’aux actes, mais c’est le chef de l’Etat qui a fini par passer de la parole à l’acte et trouvé le moyen de sortir le parti islamiste tunisien de la scène politique, en gelant l’activité de l’ARP, l’arène de tous ses jeux de séduction et de décapitation.

  • Il n’aime pas les hommes d’affaires et les riches

On découvre désormais aussi qu’il n’aime pas tout autant les hommes d’affaires et le secteur privé. Il avait deux ou trois fois reçu le patron des patrons tunisiens, et avait presque toujours parlé des fonds spoliés, sans évoquer directement les hommes d’affaires. Il parlait alors de 460 noms, et d’un chiffre de 13,5 Milliards DT. Il avait alors promis un texte de loi sur ce qu’il avait appelé la réconciliation judiciaire, qu’on attend toujours, sachant aussi que des membres de la commission de Feu Abdelfattah Amor dont le chef de l’Etat brandissait alors le rapport en guise de preuve, ont toujours démenti un tel nombre, et le chiffre qui y associé. 

L’ire présidentielle contre les hommes d’affaires ne s’était cristallisée qu’après le 25 juillet 2021, à travers notamment les interdictions de voyager qui auraient frappé quelques-uns parmi eux. Il ne fait aucun doute, puisque c’est lui-même qui l’avait dit lors de sa dernière visite à l’aéroport, que les décisions étaient prises par ses soins, et presqu’à la tête du client. Jusqu’à présent, le patronat tunisien était resté silencieux et évite toute prise de position à ce sujet. Il est vrai que le chef de l’Etat avait caressé le patronat dans le sens du poil, le 28 juillet, en mettant en exergue le nationalisme qui le caractérise, et l’Utica a certainement préféré s’en contenter. Il avait aussi, ce 28 juillet 2021, nié toute volonté de harcèlement ou de cabale contre les hommes d’affaires. Cela n’empêchera pas les interdictions de voyage pour simples soupçons, comme il le disait le 16 août 2021. Manifestement, pour le président Saïed, tout ce qui est riche peut être soupçonné et doit être gardé intra-muros pour le cas où…

  • Il n’aime pas la presse et les médias

Le 23 octobre 2021, Kais Saïed entamera sa 3ème année à Carthage. Il n’a pourtant toujours, ni service de communication visible et accessible pour toute la presse, ni porte-parole pour expliquer quoi que ce soit.

Indéniablement, le chef de l’Etat tunisien n’aime pas la presse et n’aime pas se confronter à ses questions. Il ne reçoit pas les journalistes, et ne donne d’interviews à aucun organe de la presse locale, ne permet pas de questions lors de ses déplacements où les journalistes sont interdits de l’approcher, à l’exception de son équipe vidéo, et cette dernière ne déroge pas aux consignes, dirige le focus de la caméra et tend le micro.  Le chef de l’Etat contrôle sa communication d’une main ferme. Il dit ce qu’il veut, lorsqu’il le veut, sans questions et avec montage vidéo qui lui permet de censurer ce qu’il veut et d’orienter ses messages comme il le veut.

Aux médias traditionnels, il préfère les réseaux sociaux via sa propre cellule de production de vidéos, diffusées en premier lieu sur la page de la Présidence. Une page certes qui lui assure plus de deux millions de followers, et où les commentaires, mélangées aux demandes plus particulières, se comptent par milliers. Des vidéos, parfois provoquées, mais toujours objet de montage en faveur d’une communication, certes ciblée dans son contenu, mais qui reste tronquée.

- Publicité-

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -