La propagation du phénomène de contrebande de chaussures et du textile, continue à susciter la colère des professionnels du secteur qui ont, à maintes reprises, revendiqué des mesures pour protéger leurs entreprises contre cette hémorragie.
Les professionnels du textile et du cuir et chaussures ont, à ce propos, observé, lundi, un sit-in devant le palais du gouvernement à la Kasbah, pour protester contre l’amplification du phénomène de la contrebande et la dégradation de leur activité. Depuis le 30 mars 2015, déjà, ils ont menacé de désobéissance fiscale et de fermer leurs entreprises, au cas où les structures de l’Etat n’assument pas leurs responsabilités dans la lutte contre ce phénomène.
Commentant ce mouvement de protestation, l’économiste et le président de l’association des intermédiaires en bourse, Adel Grar a affirmé que « Les professionnels du textile et du cuir et chaussures ont raison de protester et d’observer ce sit-in. L’augmentation de la contrebande a fortement nui aux nombreuses entreprises qui se trouvent, parfois, incapables de payer leurs employés et de gérer leurs affaires ».
L’expert Adel Grar souligne qu’il s’agit d’une concurrence déloyale, qui met les producteurs nationaux dans une équation déséquilibrée face aux contrebandiers et aux revendeurs des produits de contrebande. Ces produits se vendent à des prix très bas, au moment où le produit national a un coût qu’il doit récupérer. Et ainsi, il se trouve désavantagé dans cette course. A cela s’ajoute un élément de taille, à savoir le coté hygiène et santé. Car ces produits sont très dangereux pour le consommateur, et ne répondent pas aux normes internationales la santé. Le consommateur doit être plus vigilant et plus conscient car les produits de contrebande ne sont pas de bonne qualité, soutient-il.
Et d’ajouter « En 2010, la contrebande a été aux alentours de 40% et actuellement elle devrait atteindre à priori les 65%. Je plaide pour un renforcement du contrôle sur les marchés et au niveau des frontières avec la Libye et l’Algérie ».
Sur un autre volet, l’expert Adel Grar a précisé que « les gouvernements qui se sont succédés n’ont pas pris de décisions concrètes pour mettre fin à ce phénomène. Ils ont tout simplement annoncé des mesures sous forme de « promesses » sans les concrétiser.
Il affirmet que la priorité donnée au volet sécuritaire est de nature à retarder le traitement de ce dossier épineux, « mais je suis certain, dit-il, que le dossier de la contrebande trouvera sa place dans la grille des priorités de l’équipe gouvernementale , car il est sans doute en forte relation avec le terrorisme. Et j’insiste encore pour dire que le citoyen tunisien est appelé à se méfier de produits de contrebande qui constituent un danger réel ».
80% des produits de contrebande passent par les passages frontaliers officiels de la Tunisie
Mohamed Anouar Adhar, député à l’ARP d’Afek Tounes et membre de la fédération des confectionneurs de chaussures et leurs composantes a déclaré que 54% du marché s’alimente du circuit parallèle et que plusieurs dépôts à Sfax contiennent de la marchandise de contrebande.
Selon Adhar, aucune mesure ni décision n’ont été prises par le gouvernement à ce sujet et que les investisseurs tunisiens ne peuvent plus payer les impôts dans une telle situation qui voit leurs conditions commerciales se détériorer.
Il a également souligné que 80% des produits de contrebande passent par les passages frontaliers officiels du pays, relevant qu’il s’agit là d’un chiffre alarmant qui nécessite plus que jamais une meilleure prise de conscience de ce danger pour pouvoir l’éradiquer et lutter contre la mobilisation des gros bonnets de la contrebande.
Nadia Ben Tamansourt
