AccueilLa UNEDéfaut de plan B pour un probable défaut de paiement !

Défaut de plan B pour un probable défaut de paiement !

Le spread de l’indice des obligations souveraines de la Tunisie s’est maintenu à 3 000 points de base parmi les crédits les plus en difficulté, la jauge des actions frontières étant restée stable en mai, alors que le  bilan politique et économique  du pays est entaché de ravages incontrôlés, fait observer le cabinet de consultants spécialisé dans les marchés émergents Kleiman International, dans une analyse publiée, ce lundi 10 juillet, sur le site bne IntelliNews.

Une situation qui coïncide avec un exode massif des Tunisiens vers l’Europe en empruntant les dangereuses traversées de la Méditerranée, qui se terminent souvent de manière tragique. En mai, quelque 50 000 arrivants (principalement en Italie) étaient à moitié tunisiens, ce qui a incité une délégation de l’UE à rencontrer d’urgence le président de la République tunisienne, Kais Saied, pour l’exhorter à accepter une aide du FMI afin de remédier à la situation catastrophique de 90 % de la dette par rapport au PIB.

Un accord de 1,9 milliard de dollars conclu par les services du FMI il y a plus de neuf mois prévoyait des réductions des subventions à l’alimentation et aux carburants et des entreprises publiques afin de réduire le déficit budgétaire chronique de 5 % du PIB, 90 % des dépenses étant consacrées aux salaires de l’État et au service de la dette. La ministre des Finances et le gouverneur de la Banque  centrale ont participé aux réunions de printemps du FMI pour tenter de négocier un compromis, tandis que Kais  Saied les a découragés en s’engageant contre le « diktat étranger » et en élaborant sa propre alternative originale axée sur la taxation des riches et la relance des exportations de phosphate, entre autres caractéristiques ad hoc.

Au-delà des grandes lignes, aucun plan B détaillé n’a émergé, et le temps presse avec un paiement d’euro-obligations de 500 millions de dollars en octobre, alors que les réserves de change sont dans la zone dangereuse, à environ 8 milliards de dollars, ne couvrant que trois mois d’importations. La note de crédit souveraine a encore été abaissée au niveau CCC, proche du défaut de paiement, en l’absence de financement parallèle concret et d’initiatives de réforme, alors que le président improvise un filet de sécurité avec la même vision que celle de son projet politique. Il a déclaré sa candidature à l’adhésion aux BRICS, comme si l’admission pouvait déclencher un fonds de sauvetage distinct, qui reste sur la planche à dessin du club. Les alliés du Golfe, pour leur part, ont indiqué qu’ils étaient prêts à apporter leur contribution, mais seulement après la mise en place d’un Fonds, rappelle le cabinet de consultants.

Selon Fitch Ratings, les besoins de financement du gouvernement, qui s’élèvent à 15 % du PIB, soit 7,5 milliards de dollars, cette année et l’année prochaine, dépassent ceux des autres pays, la proportion ayant doublé au cours des cinq dernières années en raison du déficit budgétaire et de l’augmentation des échéances de la dette intérieure et extérieure. En 2024, 850 millions de dollars supplémentaires en euro-obligations sont dus, ce qui représente plus de 10 % des réserves internationales, la pente la plus raide parmi les marchés frontières, souligne Moody’s. Au demeurant, la Tunisie est redevable au FMI  de plus de 1,5 milliard de dollars jusqu’en 2027 au titre d’accords antérieurs, les membres de l’UE, menés par  la France, étant les suivants dans la file d’attente.

Un scénario désormais peu probable

Le plan initial de Tunis de l’année dernière prévoyait des entrées extérieures de 5 milliards de dollars, mais ce scénario est désormais peu probable, même en cas de retournement de situation au second semestre grâce à un accord avec le Fonds. Le consensus prévoit un déficit d’au moins 1 milliard de dollars, avec un refinancement intérieur supérieur de 25 % à celui des trois dernières années, soit environ 4 milliards de dollars, tous placés auprès de la banque centrale et des banques commerciales déficitaires déjà surexposées aux titres d’État.

Le compte courant égalera le trou budgétaire à 5 % du PIB, soit 3 milliards de dollars, en 2023, et les investissements directs étrangers sont restés stables à 700 millions de dollars en moyenne au cours des cinq dernières années. Sans le Fonds et ses partenaires, au moins 2,5 milliards de dollars doivent être levés, et la dette à court terme représente 150 % des réserves. L’Algérie a proposé un dépôt de 800 millions de dollars à la banque centrale en échange d’un réalignement diplomatique. La relation transfrontalière s’est également resserrée avec les redevances du gazoduc Sonatrach de la société d’État vers l’Europe, en remplacement de la Russie sanctionnée après la guerre. L’Afreximank, basée en Égypte, accordera séparément un prêt de 500 millions de dollars à un taux d’intérêt élevé de 10 %.

La croissance s’est maintenue dans une fourchette de 2 % au cours de la dernière demi-décennie et l’inflation a atteint 10 % en mai, dans un contexte de pénurie généralisée de produits de base  qui dépendent d’importations onéreuses ou qui ont été dévastés par la sécheresse, entraînant un rationnement de l’eau. Le taux d’intérêt de la banque centrale est de 8 % et l’indépendance de sa politique monétaire nominale est maintenant menacée par une proposition de loi qui inviterait à l’ingérence politique.

Un équilibre en dehors d’un défaut de paiement immédiat

  L’annulation ou la résolution future de la dette sera inextricablement liée à des progrès substantiels et non cosmétiques, ainsi qu’à des changements concurrentiels et monétaires tardifs promis au cours des dernières décennies d’engagement des donateurs. L’Égypte voisine a un homme fort à la barre, un taux de change timidement flexible et un désengagement de l’État, pour offrir un précédent dans le cadre de son propre accord modeste avec le FMI, souligne Kleiman International.

Cependant, la Tunisie doit d’abord trouver un équilibre politique et économique prévisible en dehors d’un défaut de paiement immédiat de la dette souveraine et des menaces que fait peser son régime politique. Une rampe de sortie pourrait être une connexion avec le FMI sans suivi de crédit de la part des experts plutôt qu’une connexion à part entière, qui catalyserait des lignes de partenariat suffisantes pour se débrouiller à court terme, recommande le cabinet de consultants internationaux

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