AccueilLa UNEDerrière les bénéfices des banques tunisiennes, que de risques imminents en embuscade!

Derrière les bénéfices des banques tunisiennes, que de risques imminents en embuscade!

L’amélioration de la rentabilité des banques tunisiennes au premier semestre 2021 dissimule plusieurs risques imminents, selon Fitch Ratings. La reprise du secteur pourrait être menacée par la situation politique fragile de la Tunisie, l’expiration des mesures d’allègement de la dette et la transition vers la comptabilité IFRS 9.

Dans une analyse livrée en date du 7 octobre, l’agence de rating relève que produit net bancaire des 10 plus grandes banques a augmenté de 37 % en glissement annuel au 1er semestre 2021 et le rendement moyen des capitaux propres s’est amélioré pour atteindre 11 % (2020 : 10,1 % ; 2019 : 16,8 %). La marge nette d’intérêt moyenne s’est maintenue à 3,8 % (2020 : 3,8 %), la baisse des coûts de financement ayant atténué l’impact des fortes baisses de taux d’intérêt depuis mars 2020. Cependant, les charges de dépréciation des prêts ont encore consommé 38% du bénéfice d’exploitation avant dépréciation et il est peu probable que la rentabilité globale retrouve les niveaux pré-pandémiques tant que les conditions de crédit faibles persistent.

Fitch qualifie de négative  la perspective qu’elle attribue au score de l’environnement opérationnel des banques tunisiennes, ce qui reflète, explique-t-elle, les risques liés aux faiblesses macroéconomiques de la Tunisie (B-/Négatif). Les risques budgétaires et de liquidité externe sont exacerbés par les risques politiques et les retards dans l’accord sur un nouveau programme du FMI. Fitch prévoit que le PIB de la Tunisie ne croîtra que de 3,4% en 2021 après une forte contraction de 9,3% en 2020.

L’agence de notation prévoit que les mesures de la qualité des actifs des banques tunisiennes s’affaibliront en raison de l’expiration du programme de report des prêts le 30 septembre et d’autres mesures de soutien aux emprunteurs d’ici fin 2021. Le ratio des prêts non performants pour les 10 plus grandes banques était de 11,0% à la fin du 1er semestre 21 (fin 2020 : 10,7%). La couverture des créances douteuses par les réserves était adéquate à 72 %, mais les volants de fonds propres pourraient s’avérer insuffisants dans un scénario de stress sévère, ce qui ne peut être exclu.

Le passage à la norme IFRS 9 à partir de la fin de l’exercice 2021 est susceptible de peser sur les mesures de la qualité des actifs et de nécessiter un provisionnement supplémentaire étant donné l’utilisation de données prospectives dans les modèles. Toutefois, Fitch  assure s’attendre à une mise en œuvre progressive, ce qui aidera les banques à s’adapter.

Quasiment de conserve avec S&P

Cette analyse de Fitch rejoint à plus d’un égard celle faite auparavant par l’agence de notation Standard & Poor’s  qui constatait que les prochaines étapes de l’état d’exception décrété le 25 juillet ne sont pas claires et pourraient accentuer les  pressions sur les banques nationales, de même qu’elles sont susceptibles d’affecter  leur environnement opérationnel.

Cette incertitude vient s’ajouter à un environnement opérationnel déjà tendu pour les banques en raison des retombées du COVID-19, qui ont été exacerbées ces dernières semaines suite à une augmentation du nombre de nouveaux cas qui a compromis la saison touristique.

Les déficits budgétaires élevés ont poussé la dette publique sur une voie insoutenable de dépendance à l’égard des institutions de prêt multilatérales. Cependant, l’instabilité politique actuelle pourrait compromettre la conclusion d’un accord avec le FMI et poser d’importants défis financiers au pays, souligne S&P, ajoutant que les banques tunisiennes sont confrontées à un environnement macroéconomique et opérationnel plus difficile, avec des profils financiers et de risque déjà faibles. L’agence S&P  prévoit une détérioration de la rentabilité des banques dans un environnement opérationnel hautement concurrentiel et fragmenté, des perspectives économiques faibles et des pertes de crédit en hausse. La structure actuelle du système bancaire encourage la concurrence sur les prix, car les banques ne se disputent que quelques clients solvables de premier ordre. Ces facteurs érodent davantage les réserves de capital déjà insuffisantes des banques tunisiennes, en particulier pour les plus petites entités. Les banques maintiendront probablement des provisions pour pertes sur prêts élevées, étant donné leur forte exposition au commerce de détail, au tourisme, à l’immobilier et à certaines exportations, ce qui pèsera finalement sur leur rentabilité et leur capitalisation, explique l’agence  de rating.

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