AccueilLa UNEEconomie: La ruée vers les abysses

Economie: La ruée vers les abysses

Peut-on craindre pire issue pour la Tunisie alors même qu’elle n’aurait pas de quoi payer ses fonctionnaires ni, déjà et depuis un bail, financer ses projets de développement. Il est aisé d’incriminer la pandémie de Covid-19 et ses effets extrêmement nocifs et désastreux, mais il y a des faits que l’on doit se reprocher, et à bon droit, car ils émanent des Tunisiens eux-mêmes, singulièrement de leurs élites politiques, pour ne pas avoir, plus d’une décennie durant, fixer un cap dans lequel se reconnaîtrait toute la communauté nationale, ni gérer la chose publique comme le ferait un bon père de famille.

Des lustres de corruption, de clientélisme et l’absence de toute forme de planification stratégique ne sont pas les seuls symptômes de la crise économique chronique dont a hérité la Tunisie post-révolution. Certains phénomènes ont été aggravés. D’autres sont nés avec la révolte.

Bien que facilement disponibles, les Tunisiens ne semblent pas attacher  l’importance qui est due aux chiffres réels concernant les finances et la dette extérieure de leur pays, alors que les données officielles  montrent que le pays  compte environ 700 000 fonctionnaires et employés publics, engloutissant une masse salariale, s’élevant en 2020,  à environ 5,6 milliards de dollars, absorbant ainsi près de 70 % des ressources annuelles de l’État. S’y ajoutent les milliers de grèves et de sit-in observés chaque année depuis 2011.

Ajoutés à l’instabilité politique et aux incidents sécuritaires, principalement depuis 2014, la production et l’exportation ont atteint les taux les plus bas jamais enregistrés. La dévaluation de la monnaie tunisienne a entraîné une hausse des prix et un taux d’inflation sans précédent estimé à 6,2 % aujourd’hui. Et alors  que le taux de chômage en Tunisie a atteint 17,8 % en mars, 600 000 Tunisiens supplémentaires sont tombés sous le seuil de pauvreté après deux années de pandémie de COVID-19.

Une énorme dette extérieure

Les querelles idéologiques et les arrangements politiques ont empêché tous les gouvernements, parlements et présidents élus depuis 2011 de s’attaquer aux véritables sources de la crise. La dette extérieure totale de la Tunisie dépasse aujourd’hui 40 milliards de dollars.

À court terme, le gouvernement nouvellement nommé doit faire face à un trou budgétaire de plus de 3 milliards de dollars pour la période restante de 2021, a déclaré Georges Joseph Ghorra, de la Société financière internationale (SFI), cité par Al-Jazeera.

Directeur national de la SFI pour la Tunisie, il a averti que ce trou budgétaire « pourrait s’aggraver » en raison de la chute du dinar et de la hausse des prix du pétrole et du blé sur les marchés internationaux. Pour combler ce trou, il faut une loi de finance  complémentaire et un parlement pour en débattre et la voter, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui en Tunisie. Jusqu’à la fin de l’année en cours, la Tunisie doit emprunter 15 milliards de dinars  pour les salaires et le remboursement de la dette.

Ridha Chkoundali, expert financier et professeur d’université, lie la crise financière à « la situation économique post-révolution ». « Le secteur public a supporté la plus grande partie de l’agitation sociale tandis que le secteur privé s’est rétréci en raison des craintes des investisseurs face à l’instabilité politique et sécuritaire », a-t-il déclaré, cité par la même source.

Alors que les discussions avec le Fonds monétaire international au sujet d’un troisième prêt ont été suspendues,  la récente dégradation de la note de crédit de la Tunisie par Moody’s à « C » a mis en lumière les répercussions actuelles et futures de l’état d’exception proclamé le e 25 juillet dernier.

« Cette dégradation ne m’a pas surpris et elle signifie que la Tunisie a besoin d’urgence de réformes profondes et structurelles », a expliqué un banquier de la place, ajoutant que « sans ces réformes économiques, la Tunisie va entrer dans une crise sans précédent et sera bientôt incapable d’obtenir de nouveaux prêts, sauf à des conditions très dures. »

Une feuille de route claire

L’économiste Chkoundali a noté que les agences de notation internationales, telles que Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch Ratings – suivent de près les développements politiques en Tunisie.

« [Elles] prennent en considération l’aspect politique et utilisent des données scientifiques pour évaluer et classer les pays », a-t-il dit.

« Les propos du président Kais Saied sur la nécessité de changer l’approche des agences de notation internationales en matière de notation souveraine ne reposent sur aucun principe scientifique. Saied doit fixer un délai pour les mesures exceptionnelles et divulguer une feuille de route claire pour la période à venir. »

Au niveau économique et financier, Chkoundali a exhorté le gouvernement den la, nouvelle cheffe du gouvernement  Najla Bouden à « faire de son mieux pour convaincre le Fonds monétaire international de relancer les négociations avec la Tunisie » sur de nouvelles tranches.

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