AccueilLa UNEGafsa : La CPG survivra-t-elle à cette crise?

Gafsa : La CPG survivra-t-elle à cette crise?

L’accord annoncé, à l’issue de la séance de travail tenue, lundi 13 avril à la Kasbah, sous l’égide du chef du gouvernement Habib Essid et à laquelle étaient associés les députés de Gafsa, a donné une lueur d’espoir. La région devrait retrouver son calme et le travail devrait reprendre dans les brefs délais.

L’accord portant sur plusieurs mesures, n’a pas donné une réponse précise aux revendications des contestataires, mais a indiqué une démarche à suivre pour trouver les solutions attendues.

Les autorités affirment qu’elles sont disposées à continuer, de concert avec les élus de la région, à étudier les problématiques de développement. Une délégation gouvernementale va effectuer des visites sur le terrain, au cours du mois d’avril, pour s’informer sur la situation et déterminer ces problématiques de développement. Les visites et concertations serviront de canevas pour le conseil ministériel qui sera consacré à la région au mois de mai prochain.

Au sujet du fonctionnement de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), il a été décidé d’effectuer un audit relatif à la gestion de la CPG et à ses filières, pour instaurer les règles de la bonne gouvernance. Le PDG sera chargé de la production et s’installera au siège de la compagnie à Gafsa et un second PDG va être désigné pour se consacrer à la commercialisation du produit à l’échelle mondiale.

L’harmonie affichée au cours de la séance de travail de la Kasbah qui a vu tous les députés de la région ( Ennahdha, Nidaa Tounès, Al Moubadara , le Front Populaire(FP) et un député indépendant) réunis autour des mêmes thèmes , a laissé la place à des divergences évidentes sur les plateaux de télévision. Le ton des intervenants n’est plus le même. Ammar Amroussia du FP et Adnène Hajji , indépendant mais se réclamant de l’extrême gauche, tiennent un discours bien différent.

Au moment où les autres députés cherchaient à mettre en avant les éléments qui suscitaient l’optimisme, les observateurs décelaient dans le discours des représentants de l’extrême gauche un souci de ne voir que ce qui peut bloquer la situation. Leur réponse à la disposition des autorités à étudier avec les élus du peuple les problématiques du développement de la région n’était pas claire, et ils ne paraissaient pas pressés pour appeler les ouvriers à revenir au travail ni à convaincre les jeunes chômeurs à desserrer l’étau qui bloque, depuis des semaines, la machine de production de la CPG.

Leur stratégie semble centrée sur trois points : d’abord, maintenir la pression le plus longtemps possible, ensuite se positionner comme « uniques représentants de la région » et enfin, faire intervenir l’UGTT et la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) pour un éventuel arbitrage.

Le maintien de la pression ne peut se faire qu’en prolongeant l’arrêt de travail et en convainquant les jeunes contestataires qu’ils sont en train de mener l’ultime bataille qui doit les conduire droit à la réalisation de leur objectif : trouver du travail. Ammar Amroussia ne cesse de répéter que rien ne sera comme avant, et que cette fois, on ne lâchera pas prise et on aura gain de cause.

Revendiquer le statut de représenter une région en pleine ébullition impose une vision claire des forces en présence, de la mobilisation des troupes et de l’agenda du combat.

Qu’est ce qu’on remarque au tableau de bord de ce combat ? Une grève qui s’éternise et fragilise la CPG qui doit en théorie dispenser à la région développement et bien-être. Et une jeunesse mobilisée qui commence vraiment à croire qu’elle va avoir le travail à l’issue de cette bataille. Or, sans un prompt retour au travail et sans un débat serein sur les pistes à explorer pour procurer aux jeunes l’emploi qu’ils attendent, rien ne peut se faire et le cercle vicieux durera encore longtemps. L’arrêt de travail à la CPG, qui semble être l’atout principal que les deux députés s’emploient à valoriser, ne fera qu’affaiblir encore plus la Compagnie dont on attend le remède miracle et réduira drastiquement les chances à la jeunesse d’avoir un travail.

Il est évident que la lutte contre le chômage dans la région passe par convaincre les autorités de consacrer une enveloppe conséquente pour promouvoir l’investissement dans la région et créer un tissu économique dense et diversifié. Or, les jeunes chômeurs ou même ceux qui ont un travail préfèrent travailler dans le secteur public, boudant le secteur privé et se détournant de l’initiative privée, même si l’occasion de monter leur propre projet se présente. Et la région de Gafsa a vécu après la révolution l’amère expérience lorsque les jeunes de Metlaoui et Oum Laarayes ont obligé Yazaki à fermer ses deux unités de production dans les deux villes. Seule l’usine de Gafsa est restée opérationnelle, et les investissements prévus dans la région ont été engagés ailleurs.

Ce grand problème de la mentalité des jeunes de la région (et du pays), vis-à-vis du travail dans le privé et vis-à-vis de l’initiative privée ne semble pas être pris en compte dans le discours des deux députés, tout comme l’absentéisme au sein de la CPG et dans les autres institutions du public. Or ce sont ces députés, qui revendiquent le leadership régional, qui vont être confrontés, dans les semaines à venir, à cette mentalité dès que les choses se calment et que les derniers postes d’emplois seront distribués. Ils vont être pris pour cible parce qu’ils ne peuvent pas répondre aux attentes des jeunes qu’ils ont mobilisés ces dernières semaines. Et il sera trop tard de les convaincre d’attendre ou de se convertir au privé.

Cette bataille qui viendra pratiquement à bout d’une société publique (la CPG) déjà en grande difficulté, ne répond même pas aux normes conventionnelles du combat. On promet aux troupes des résultats impossibles à réaliser, on fait perdre à la société l’argent qu’elle doit, en théorie, prodiguer pour promouvoir la région, et, en pleine confusion, on fait appel à des instances qui n’ont pas voix au chapitre, la première (l’UGTT) étant marginalisée à l’échelle régionale depuis 2008 et la seconde (la LTDH) avec une présence symbolique n’aura aucun moyen pour changer le cours des choses dans la région.

Aboussaoud Hmidi

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