AccueilLa UNEGouvernement : Fakhfakh lâche du lest, Ennahdha rafle la mise !

Gouvernement : Fakhfakh lâche du lest, Ennahdha rafle la mise !

Au vu des incessantes navettes entre le palais de Carthage et la résidence Dar Dhiafa, ponctuées d’un détour au domicile du chef du mouvement Ennahdha, on arriverait presque à se faire une représentation des soubresauts et autres remous qui sont en train d’agiter l’échiquier politique et les états-majors des partis alors que l’on est passé aux choses sérieuses-pas si sérieuses que cela, en fait- tenant à la répartition des portefeuilles ministériels. Exit donc les programmes politiques lesquels, en vérité, ne seraient que des vues de l’esprit glanées çà et là pour garnir des approches dont il faut disposer pour figurer dans le casting gouvernemental.

Toutes les formations politiques cherchant à avoir voix au chapitre dans la formation du prochain attelage ministériel n’ont pas lésiné sur les moyens ni pris beaucoup de temps pour inonder le chef du gouvernement désigné, Elyès Fakhfakh, et son staff de noms de candidats en exponentiel surnombre pour un gouvernement que l’on veut « restreint » et « ramassé ». Sans parler des portefeuilles de souveraineté qui sont, en principe, destinés aux indépendants et à la discrétion des deux têtes de l’Exécutif.

Un rapport de force qui change tout

Mais, en fait, tout semble devoir se décider à l’aune d’un rapport de force qui est en train de s’ordonner et de prendre place avec une remarquable entrée en lice du mouvement Ennahdha qui a finalement réussi à placer Elyès Fakhfakh face à un dilemme : soit il abandonne le « sentier de la révolution » qu’il a été sommé de suivre pour obtenir le quitus du Parlement pour son gouvernement, soit il essuie un fiasco qui mènerait tout droit aux tant redoutées élections anticipées. Cet épisode sentait déjà la poudre avec le choix par le président de la République de l’ancien ministre Elyès Fakhfakh, qui l’a mis en conflit direct avec le président de l’ARP, Rached Ghannouchi lequel, en tant que chef du mouvement Ennahdha, s’efforce de « contrecarrer l’objectif déclaré de Kais Saied de jouer un plus grand rôle politique qui pourrait lui faire de l’ombre voire l’éclipser ».

C’est en tout cas ce que pensent de nombreux observateurs tunisiens et étrangers, dont ceux cités par « The Arab Weekly » qui souligne que Fakhfakh avait exclu de son projet de gouvernement Qalb Tounes, le deuxième parti le plus important des 217 membres du parlement après Ennahdha et le Parti Destourien Libre , en misant , dans le même temps, sur les formations « pro-révolutionnaires » au Parlement, y compris le mouvement Ennahdha, pour obtenir la confiance pour son gouvernement.

Ennahdha figurait parmi ces partis car il avait voté pour Kais Saied, et ses dirigeants avaient auparavant exclu toute alliance avec Qalb Tounes. Seulement, Ghannouchi et Ennahdha, invoquant « l’intérêt national » et « l’inclusion politique », ont soudainement changé de cap. Ils s’en sont pris à l’approche de Fakhfakh et ont appelé à l’inclusion de Qalb Tounes dans le gouvernement.

« A l’instar de Kais Saied, qui est le président de tous les Tunisiens, Fakhfakh doit être le chef du gouvernement de tous les Tunisiens, un gouvernement qui inclut tous les Tunisiens », a déclaré Ghannouchi. « S’il continue dans la voie de l’exclusion de Qalb Tounes ou d’un autre parti, nous ne lui accorderons pas notre confiance au parlement », avait-il martelé.

« Cette position n’est pas une manœuvre politique mais elle découle d’une évaluation de l’intérêt national », a déclaré Ghannouchi, qui a fait valoir que « la Tunisie est en guerre contre la pauvreté et pour le développement ». D’ailleurs, Fakhfakh a rencontré le ¨président de Qalb Tounes, Nabil Karoui, le 6 février, et l’a associé aux consultations sur la formation du gouvernement le lendemain.

Fakhfakh, otage d’Ennahdha ?

Les manœuvres ont transformé l’image de Fakhfakh, qui est passé de chef du « gouvernement du président » à « otage de Ghannouchi et Ennahdha », selon les analystes cités par « Arab Weekly ». D’anciens alliés ont menacé de l’abandonner.

Il n’était pas clair si Fakhfakh serait assuré d’obtenir une majorité parlementaire pour son gouvernement avant la date limite du 21 février. A défaut, cela pourrait signifier des élections anticipées qui pourraient déboucher sur un parlement plus conflictuel dans un contexte de crises économiques et sociales sans précédent.

En cédant aux islamistes, Fakhfakh a fait de Ghannouchi, qui était à la tête d’un parti isolé, le principal intermédiaire du pouvoir, d’après la même analyse. Ghannouchi est  également en meilleure position pour régler ses comptes avec ses rivaux à l’intérieur du parti. Les dirigeants d’Ennahdha, qui ont salué la nomination de Fakhfakh comme « ami d’Ennahda » et ont épousé sa « voie révolutionnaire », se sont tus lorsque Ghannouchi lui a décoché des flèches.

Les analystes font remarquer que Fakhfakh s’est enfermé dans un « sentier de la révolution » étroit en excluant les groupes politiques, ce qui a permis à Ghannouchi d’être considéré comme un conciliateur.

« Ennahda a lancé une offensive impitoyable avec des attaques visant à la fois le chef du gouvernement désigné et le président qui l’a investi de cette charge avec le coup de grâce final de Ghannouchi poussant Fakhfakh à revoir fondamentalement son approche, mais le coup a également semé le doute sur la capacité du Kais Saied à faire de bons choix politiques », selon un analyste local.

« Cette réconciliation avec Qalb Tounes imposée à Fakhfakh par Ennahdha affaiblit la position du Kais Saied et discrédite Fakhfakh, qui n’a cessé de se vanter de la voie révolutionnaire qu’il suit », ajoute-t-il.

Enfin et surtout, les experts ont mis en garde contre de nouvelles élections, citant la faible croissance économique, l’inflation élevée, le chômage massif et l’aggravation des déficits et des dettes.

Traduction&synthèse : AM

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