La Tunisie fait-elle assez pour sa diaspora surtout en Europe et dans les pays du Golfe afin de les amener à investir à bon escient et à l’abri de toutes les complications administratives ambiantes ? Une interrogation à la quelle on trouve =un début de réponse dans une étude de l’Observatoire National de la Migration (ONM) sur « La mobilisation des compétences tunisiennes dans le développement de la Tunisie et la réinsertion des Tunisiens de retour » où il est recommandé au gouvernement de collaborer étroitement avec les institutions financières pour simplifier et faciliter les démarches administratives pour les Tunisiens vivant à l’étranger et voulant retourner dans leur pays et y investir.
Publiée sur le site officiel de l’ONM, cette étude thématique élaborée dans le cadre de la phase d’exploitation des résultats de l’enquête Tunisia-Hims pilotée par l’ONM a aussi recommandé la mise en place de programmes de transfert spécifiquement destinés aux migrants de retour souhaitant investir en Tunisie.
L’étude souligne également la nécessité de simplifier les démarches pour l’ouverture de comptes bancaires ou postaux pour les Tunisiens à l’étranger et de réduire les papiers administratifs, ainsi que de diminuer le coût des transferts financiers vers la Tunisie, qui demeure, selon l’étude, élevé par rapport à la moyenne mondiale.
Pour des services financiers efficaces
Elle insiste aussi sur l’importance de mettre en place des services financiers efficaces destinés aux Tunisiens à l’étranger afin de promouvoir l’investissement dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’entrepreneuriat.
Financée par l’Union européenne, l’étude a signalé que le nombre de Tunisiens à l’étranger, selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’Étranger, s’élève à 1,4 million, et que les transferts des Tunisiens à l’étranger ont augmenté de 29,4 % entre 2017 et 2021, atteignant 8618 millions de dinars en 2021 contre 5035 millions de dinars en 2018.
L’étude ajoute que la période 2015-2020 a vu le départ à l’étranger de 39 mille ingénieurs et de 3 300 médecins. Le nombre de migrants de retour est estimé à 211 mille, dont 47 % de femmes qui sont retournées pour des raisons familiales, contre 28 % d’hommes pour les mêmes raisons.
Les migrants de retour investissent principalement dans l’agriculture à hauteur de 30,61 %, dans la construction à 29 % et dans le commerce à 22,7 %, tandis que les migrants actuels investissent dans la construction à 44,61 %, dans l’immobilier à 30 % et dans l’agriculture à 15 %.
En ce qui concerne les profils des migrants, l’étude fournit des statistiques sur les modes d’intégration à l’étranger. Le nombre de migrants dans le cadre de la coopération technique a atteint 22 846 en 2022.
A noter que l’étude s’appuie sur les données de l’enquête Tunisia-Hims (2020-2021) afin d’analyser l’impact de l’émigration de retour des compétences sur le développement de la Tunisie à la faveur de leur contribution au transfert du savoir -faire et à travers une réinsertion économique réussie.
Cette étude vise à élaborer un état des lieux des compétences tunisiennes à l’étranger et de retour en mettant l’accent sur les secteurs de la santé et des TIC.
Des entraves aux projets d’investissement
On n’insistera pas assez sur l’écueil majeur que représentent les entraves administratives auxquelles ne manquent pas de faire face les expatriés tunisiens. Le commissaire général et président du Haut Conseil des Tunisiens à l’étranger, a déclaré que les TRE sont confrontés à des difficultés et à des obstacles administratifs qui entravent leurs projets d’investissement en Tunisie, critiquant ce qu’il a décrit comme un manque « d’écoute » pour surmonter ces difficultés.
Il a ainsi indiqué que de nombreux membres de la communauté tunisienne à l’étranger disposent de comptes dans les banques et souhaitent les investir pour créer des emplois en Tunisie, et qu’ils attendent de bénéficier de facilités pour utiliser leurs investissements dans des conditions favorables.
Il a, dans ce sens, indiqué l’importance de la contribution des Tunisiens à l’étranger à l’économie nationale, « dont apport constant traduit la valeur de leurs énormes transferts de fonds annuels », a-t-il dit.