AccueilLa UNEKais Saied de moins en moins en odeur de sainteté à Washington

Kais Saied de moins en moins en odeur de sainteté à Washington

Les pressions de l’Administration américaine sur la Tunisie, jusqu’ici circonspectes  et circonstancielles, semblent aller crescendo, associant  presqu’en chœur le sommet de la hiérarchie du Département d’Etat. Antony Blinken s’était procuré l’opportunité d’en exercer une au Sénat. Il a été rejoint vingt-quatre heures plus tard la secrétaire d’État adjointe américaine Barbara Leaf, venue en Tunisie dans le cadre d’une tournée africaine. Elle s’y trouvait pour dire leur fait aux responsables tunisiens, dans une discrétion que ces derniers veulent totale en ce sens qu’aucune information n’a émané de source officielle tunisienne sur la rencontre que Leaf a eue avec  le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar.

Une tâche dont s’est chargée l’ambassade des USA à Tunis qui a révélé que Barbara Leaf dont elle n’a pas précisé la date de son arrivée ni la duré de sa visite, a « mis en exergue le partenariat à long terme entre les Etats-Unis et la Tunisie et souligné l’importance de faciliter le travail des diplomates en Tunisie et à Washington ». Surtout, elle a «  insisté sur la mise en œuvre rapide du plan de réforme économique élaboré par le gouvernement du président  de la République Kais Saied , qui a reçu le soutien du Fonds monétaire international et des pays donateurs », a-t-elle ajouté.

Ces propos ont été tenus alors que le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a averti, lors d’une audition de la commission des affaires étrangères du Sénat, que « l’économie tunisienne se dirige vers l’inconnu », déclarant que « la chose la plus importante à faire en Tunisie d’un point de vue économique est de parvenir à un accord avec le FMI ».

La Tunisie a demandé à entrer avec le Fonds monétaire international dans un programme de réformes économiques accompagné d’un prêt financier qui a été initialement approuvé en octobre 2022, mais il n’est pas entré en vigueur, car une grave crise économique continue dans le pays exacerbée par les répercussions du coronavirus et la hausse des prix de l’énergie et des matériaux de base à la suite de la crise russo-ukrainienne.

L’équilibre entre les pouvoirs altéré

Selon le communiqué de l’ambassade, Barbara Leaf a, en outre,  transmis aux autorités tunisiennes « le point de vue des Etats-Unis sur l’importance de garantir un système d’équilibre des pouvoirs indispensable à tous les régimes démocratiques ».

la secrétaire d’État adjointe américaine était entrée dans le vif du sujet à la veille de son arrivée en Tunisie, dans une interview à Reuters, relayée par l’International Business Times, où elle faisait état  « d’énormes inquiétudes » suscitées par le président tunisien quant à la direction que prend la Tunisie à travers des mesures qui ont sapé le système de l’équilibre des pouvoirs en Tunisie.

Après des années d’efforts pour construire une démocratie, « ce que nous avons vu depuis un an et demi, c’est que le gouvernement emmène la Tunisie dans une direction très différente », a déclaré  Leaf , exprimant la critique la plus claire de Washington à l’égard de  Saied à ce jour.

« Au cours de l’année écoulée, le président a pris un certain nombre de mesures qui ont franchement affaibli les principes fondamentaux de l’équilibre des pouvoirs », a-t-elle déclaré.

Leaf a indiqué que les récentes déclarations de Saied, selon lesquelles tout magistrat qui relâcherait des suspects serait considéré comme leur complice, étaient « exactement le type de commentaire qui  a suscité parmi nous une énorme inquiétude quant à la direction que prend la Tunisie, guidée par ce président ».

Elle a déclaré que de nombreux Tunisiens étaient mécontents des années qui ont suivi la révolution de 2011 qui a apporté la démocratie, mais elle a ajouté que « pour corriger ces déficiences, il ne faut pas dépouiller les institutions de leur pouvoir ».

« Je ne vois pas d’institution plus importante qu’un système judiciaire indépendant », a-t-elle ajouté.

Saied a été critiqué, en outre,  pour avoir déclaré le mois dernier qu’il existait une conjuration criminelle  visant à modifier la démographie de la Tunisie par le biais de l’immigration clandestine, alors qu’il annonçait des mesures de répression à l’encontre des migrants sans papiers.

« Ces  déclarations  ont créé un terrible climat de peur, mais elles  ont surtout été suivies  d’attaques contre ces personnes très vulnérables, des attaques et un raz-de-marée de rhétorique raciste », a déclaré Leaf.

Interrogée sur les mesures prises par la Tunisie pour rassurer sur les droits des migrants, notamment l’allongement de la durée des visas et le rappel à la police des lois antiracistes, mais pas sur la rétractation des commentaires de Saied sur la démographie, elle a déclaré qu' »il y a encore du travail à faire ».

Saied a rejeté les critiques précédentes en les qualifiant d’ingérence étrangère. « Les amis parlent à leurs amis en toute honnêteté… Nous critiquerons lorsque la critique est méritée. Ce n’est pas de l’ingérence », a répondu Barbara Leaf.

« Le sort du prêt du FMI entre les mains de Saied »

L’autre dossier épineux qui agite les chancelleries présentes en Tunisie est celui du sort des efforts du pays  pour obtenir un prêt du FMI de 1,9 milliard de dollars afin de soutenir les réformes visant à éviter un effondrement de l’économie qui, a-t-elle dit, « est entre les mains du gouvernement ».

« Il s’agit d’un ensemble de mesures qu’il (le gouvernement tunisien) a négocié, qu’il a proposé, et pour une raison ou une autre, il n’a toujours pas signé l’ensemble de mesures qu’il a négocié », a-t-elle ajouté.

« La communauté internationale est prête à soutenir la Tunisie lorsque ses dirigeants prendront des décisions fondamentales quant à son orientation », a-t-elle déclaré, ajoutant que tant que le gouvernement n’aura pas décidé de signer son propre programme de réformes, « nous aurons les mains liées ».

La décision de la Tunisie de mettre en œuvre les réformes qu’elle a suggérées au FMI est « une décision souveraine … et si elle décide de ne pas le faire, nous sommes impatients de savoir quel est le plan B ou le plan C », a-t-elle conclu.

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