AccueilLa UNEKais Saied rétif aux pressions extérieures, selon l’ex ambassadeur US Gordon Gray

Kais Saied rétif aux pressions extérieures, selon l’ex ambassadeur US Gordon Gray

Observateur attentif et attentif et averti pour y avoir été ambassadeur des Etats-Unis  de 2009 à 2012, et témoin de choix du « Printemps arabe », Gordon Gray, qui a entamé, depuis, une carrière académique en tant que professeur  à Penn State’s School of International Affairs, vient de livrer sur les colonnes de Newsweek une analyse de la situation politique  dont il tire la conclusion que voici : la stabilité économique est essentielle pour une transition réussie vers la démocratie.

Les Tunisiens ont besoin de notre soutien, a-t-il dit. Avec des taux d’inflation et de chômage en hausse, le pays ne peut pas payer ses importations et les pénuries de produits alimentaires de base sont devenues la norme. Le président Saied ne montre aucun signe de compréhension de la gravité des défis économiques de son pays, ce qui rend l’aide internationale à son gouvernement douteuse.

Alors que le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) prévoyait de discuter en décembre dernier d’un prêt de 1,9 milliard de dollars dont la Tunisie avait un besoin urgent, il a brusquement retiré le dossier de son ordre du jour très peu de temps  avant la réunion. Faisant sienne l’explication telle que rapportée par Reuters, il a souligné que  « Saied n’a pas publiquement accepté un accord ni ne s’est engagé à en signer un s’il est approuvé, ce qui fait craindre aux donateurs qu’il rejette le prêt, qu’il revienne sur les réformes après l’arrivée de l’argent ou qu’il les rende responsables de toute souffrance économique qui en résulterait ».

En outre, répliquant à ses détracteurs, il leur a prouvé qu’ils avaient tort en jouant la carte de la race, tristement populaire dans le jeu des autocrates. Il a affirmé que les migrants d’Afrique subsaharienne apportaient avec eux « la violence, la criminalité et des pratiques inacceptables » et qu’ils faisaient partie d’un complot visant à modifier la démographie de la Tunisie.

L’aide américaine dans les limbes

A l’instar du FMI, le reste de la communauté internationale n’a pas tardé à réagir à cette reculade, fait observer Gordon Gray, rappelant que le président de la Banque mondiale a annoncé le report indéfini d’une réunion du conseil d’administration visant à réexaminer l’engagement stratégique avec la Tunisie. L’administration Biden a réduit son soutien financier à la Tunisie, manifestant ainsi son « inquiétude permanente face à l’affaiblissement des institutions démocratiques ».

Un programme d’aide américain encore plus important – le contrat de 498 millions de dollars de la Millennium Challenge Corporation pour la Tunisie – reste également dans les limbes en raison du régime de plus en plus autoritaire de Saied, a-t-il souligné. Pour la même raison, la Tunisie n’a pas reçu d’invitation au sommet 2021 pour la démocratie et a été exclue de la liste des invités pour la deuxième réunion qui aura lieu plus tard ce mois-ci. Jusqu’à présent, Saied s’est montré imperméable aux reproches financiers ou symboliques adressés à son régime autoritaire, et il n’y a aucune raison de croire que les pressions extérieures affecteront ses politiques à l’avenir.

Puisque c’est au peuple tunisien de décider de son avenir, les États-Unis et les autres amis du pays devraient concentrer leurs efforts sur le soutien aux groupes de la société civile plutôt qu’au gouvernement. La visite de la secrétaire d’État adjointe Barbara Leaf en Tunisie, destinée à « réaffirmer le soutien des États-Unis au peuple tunisien et à ses aspirations à une gouvernance démocratique et responsable », est un pas dans la bonne direction. Les États-Unis devraient maintenant profiter du prochain Sommet pour la démocratie pour mobiliser le soutien international en faveur de la société civile tunisienne.

S’exprimant à Varsovie il y a un an, peu après l’invasion russe de l’Ukraine, le président Joe Biden a décrit une « grande bataille pour la liberté : une bataille entre la démocratie et l’autocratie ». Si le monde libre veut l’emporter dans cette lutte, les États-Unis devront élaborer une stratégie durable pour soutenir les pays en transition vers la démocratie. La dure vérité est qu’une économie saine augmente les chances d’une transition politique réussie, ce qui devrait être la base d’une telle stratégie. Imaginez où nous en serions aujourd’hui si les États-Unis avaient investi une fraction des sommes qu’ils ont consacrées à l’Irak au cours des deux dernières décennies pour soutenir les sociétés en transition vers la démocratie, telles que la Tunisie, s’est interrogé l’ex diplomate.

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