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« L’Europe n’est pas la solution aux problèmes de la Tunisie », selon Yves Bertrand

Yves Bertrand, expert économique international évalue la conjoncture par laquelle passe la Tunisie un an depuis le soulèvement populaire et propose le marché africain comme solution pour sortir le pays de son crise. Interview

Comment analysez-vous la situation actuelle en Tunisie un an après la Révolution ?

Le premier critère est de nourrir la population et de la loger. Le deuxième critère concerne l’éducation. Le troisième critère est la volonté individuelle. Il faut que tous ces jeunes qui manifestent justement  aient  du travail.

A mon avis, je pense qu’il faut le provoquer et le chercher. En fait, le travail ne vient pas à vous. Donc, il y a un besoin de décentralisation, certainement, en Tunisie puisqu’il y a des régions où il n’y avait pas d’activité économique en Tunisie qui permet d’absorber le problème de chômage.

Si on veut  limiter l’affluence des jeunes à Tunis, il faudra  arriver à développer  et décentraliser l’industrie tunisienne en suivant des critères d’évaluation basés sur l’opportunité et la responsabilité sociale.

Quel modèle approprié pourrait aider la Tunisie à traverser  cette étape critique ?

Il faut responsabiliser et donner les moyens aux responsables des régions. Le système administratif tunisien est basé sur des gouverneurs et des maires. Donc, il faut soutenir ces personnes-là qui peuvent être des facilitateurs pour l’implantation de l’industrie en Tunisie

Mais les sit-inneurs demandent aujourd’hui des actions pratiques et non plus des promesses ?

Ce n’est pas l’administration ou les ministres qui donnent du travail. Je n’ai jamais vu des choses pareilles dans les autres pays. En revanche, le travail vient des individus et des entrepreneurs. C’est à eux de demander des mesures concrètes. Ce n’est pas le rôle du ministre de proposer des mesures ou des solutions.

Il faut que les gens lancent plus d’initiatives parce que n’importe quel gouvernement et n’importe quel parti et n’importe quel ministère ne peuvent pas créer des emplois. Il ne peut qu’être un facilitateur  et accompagnateur des gens qui sont en place dans les différentes régions et leur pays.

Dans ce climat fragile de sit-in et de grèves,  quelle  faut-il avoir pour encourager les jeunes entrepreneurs afin de lancer  leurs propres projets ?

Les entrepreneurs n’ont pas besoin d’être encouragés. Ils doivent être aidés pour réaliser les projets qu’eux proposent à leur gouvernement. Tout le monde peut proposer des projets à une administration. Autrement, vous êtes dans un système d’Etat avec des sociétés d’Etat qui sont en faillite. Vous pouvez regarder l’Union soviétique où son système a fait une faillite. Vous regardez la Chine où elle a permis ses entrepreneurs de développer leurs propres projets. Ces sont les individus qui ont relancé la chaîne économique. C’est la mobilité des individus. C’est pour cette raison que  je disais que la cellule économique en Chine est due à la famille où tout le monde est responsable des uns et des autres.

Donc, je pense qu’il s’agit d’un choix d’une société responsable avant d’être un choix économique. C’est le temps de prendre des mesures réelles qui vont  avoir un impact immédiat. Il faut dire aux gens la réalité. Il faut que ce soit un effort collectif surtout au niveau du contrôle des responsables.

Alors comment vous voyez la Tunisie dans la période à venir ?

Je pense que la Tunisie a les atouts surtout avec un système très ouvert et un positionnement géographique important. Donc, il faut profiter des relations de voisinage avec la Libye en étape de reconstruction et ayant un besoin de connaissances tunisiennes.
Il y a aussi la possibilité de développer des partenariats avec l’ensemble des pays de l’Afrique. Il s’agit d’accorder une attention particulière aux marchés africains, à travers le renforcement de la présence de la Tunisie sur ces marchés, d’encourager les entreprises exportatrices à s’y implanter et d’exploiter les potentialités et les perspectives de partenariat et d’exportation des services vers les pays africains.

Et pour les relations avec l’Europe ?

Actuellement, l’Europe en crise, tente de  se battre pour vivre. Ce n’est pas l’Europe la solution idoine pour la Tunisie. Je pense que l’Afrique est la meilleure solution pour remédier à cette situation. Vous êtes un trait d’union entre les pays développés et les autres pays. Il faut mettre en évidence cet atout.

Wiem Thebti

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