AccueilChiffreL’initiative Kais Saied ira-t-elle à vau-l’eau ?

L’initiative Kais Saied ira-t-elle à vau-l’eau ?

La réconciliation judiciaire avec 460 hommes d’affaires interdits de voyage proposé par le professeur de droit constitutionnel, Kais Saied, continue de provoquer des réactions par endroits mitigées dans les différents milieux. Ladite proposition a été examinée lors d’une réunion entre le chef du gouvernement, Ali Laarayedh et la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui.

L’organisation patronale ne semble pas devoir approuver cette proposition. L’opinion qui prévaut parmi des membres du bureau exécutif de l’organisation patronale est de refuser le principe que l’investissement se transforme en sanction, car, estiment-ils, le règlement de la situation des hommes d’affaires concernés tel que proposé par le juriste, a vocation à dénaturer le principe même de l’investissement dans les régions défavorisées, dans la mesure où il est associé au concept de la punition et non à la volonté de réaliser le développement.

Kais Saied, avait proposé, dans le cadre de son projet de réconciliation, d’imposer aux hommes d’affaires concernés le financement de projets de développement dans les régions défavorisées. Ces projets doivent être supervisés par des services de lutte contre la corruption économique et administrative.

La réconciliation certes importante, mais elle n’a pas de valeur

Sami Tahri, porte-parole de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), relève l’ambiguïté de cette question et estime que la liste des hommes d’affaires frappés par une telle mesure est un mauvais signal quant au manque de confiance dans l’économie tunisienne. D’après lui, l’interdiction de voyage de 400 hommes d’affaires est désormais une décision aléatoire qui pèsera lourd sur le climat des affaires et ipso facto sur le rythme des investissements.

Dans une déclaration à Africanmanager, Sami Tahri considère que l’initiative de Kais Saied est certes importante, mais elle n’a pas de valeur aujourd’hui, surtout en regard du rétrécissement du nombre des hommes d’affaires concernés qui est passé de 400 à 40. « L’initiative n’est pas mauvaise, mais elle doit obéir à certaines normes » ajoute Sami Tahri.

Pour dépasser le cap, Tahri exige que la lutte contre la corruption soit menée sur la base d’une imputabilité claire. Dans ce cadre, il suggère la création d’une haute instance indépendante composée de juges, experts et avocats qui auront pour mission de traiter les dossiers des hommes d’affaires corrompus. Pour lui, « il faut punir les coupables et disculper les innocents parmi eux pour qu’ils reprennent leur activité ».

La réconciliation avec les hommes d’affaires est une priorité nationale

Mohsen hassen, expert en économie, note que le dossier des hommes d’affaires interdits de voyage figure parmi les préoccupations auxquelles le gouvernement devrait trouver une solution dans les meilleurs délais. « On ne peut parler ni d’investissement, ni d’emploi dans pareille situation » prévient-il. Et d’ajouter « Ni le pays ni les citoyens ne peuvent attendre ». Rien ne justifie ce retard dans le traitement de ce dossier, surtout dans ce climat particulier où la situation politique et sociale n’est pas près de se stabiliser.

D’après lui, la situation économique reste tributaire de la relance de l’investissement, affirmant que « le projet de la réconciliation judiciaire permettra à l’Etat tunisien et aux Tunisiens de façon générale de récupérer une partie des fonds pillés par ces hommes d’affaires, de les libérer pour qu’ils puissent jouer leur rôle en tant que créateurs de richesses. Ceci aboutira aussi à réaliser le développement régional et de retrouver le chemin de la croissance et de l’investissement ».

Cette initiative, selon l’économiste, devrait être appuyée par les composantes de la société civile ainsi que le gouvernement qui devrait agir.

Les solutions, enchaîne-t-il, existent. Il s’agit d’arrêter la liste définitive des hommes d’affaires concernés en mettant en place une structure nationale qui aura pour mission de créer des antennes régionales dont le rôle essentiel serait de coordonner entre les différentes parties intervenantes (investisseur, autorités et régions déshéritées. Mohsen Hassen propose un plan d’investissement pour les régions. « Une fois le plan approuvé, la structure pourrait donner son avis final vis-à-vis de l’investisseur déjà impliqué ».

L’important est de restituer l’argent pillé

Pour Mongi Rahoui, rapporteur de la commission financière à l’ANC, l’important aujourd’hui est de réviser l’étendue de la richesse de ces hommes d’affaires, conformément aux dispositions judiciaires. « On a besoin actuellement de mesures importantes qui auront pour objectif de lutter contre la corruption et surtout restituer l’argent pillé impunément, durant des décennies en les intégrant dans le nouveau programme du développement régional », explique t-il.

Wiem Thebti

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