Une nécessité économique pour certains, un violon d’Ingres pour d’autres, la « fripe » est devenue un élément incontournable du secteur de textile en Tunisie. Selon des données officielles, il emploie directement entre 8 et 10 mille personnes en Tunisie, mais au total entre 300 et 400 mille Tunisiens travaillent dans ce secteur.
La friperie, ce sont ces vêtements, chaussures, sacs ou encore linge de maison de seconde main qui sont vendus dans d’énormes marchés dédiés à travers tout le pays, à prix censés être bas, voire raisonnables.
Avec la crise économique et la baisse de plus en plus importante du pouvoir d’achat des Tunisiens, les boutiques conventionnelles de vêtements neufs ont été désertées par les clients au profit des friperies.
Cependant, le secteur de la friperie traverse une mauvaise passe. Les commerçants cherchent, par tous les moyens, à trouver un équilibre entre la rentabilité de leurs projets et la fidélisation de leur clientèle.
Secteur de la friperie : Arrêt des activités de 20 sociétés
Le secteur de la friperie fait face à de nombreux problèmes, notamment l’arrêt des activités de 20 sociétés pour diverses raisons, dont les procès-verbaux douaniers « coûteux » et les incendies ayant touché certaines usines, ainsi que la fermeture d’autres, en raison de difficultés financières, a fait savoir Sahbi Maâlaoui, président de la Chambre syndicale nationale des commerçants de friperie, sur les ondes de Mosaïque fm.
Il a, aussi, indiqué que ce secteur a enregistré un recul notable de la production et de la demande, tant du côté des propriétaires d’usines et des commerçants de détail et de gros que des citoyens eux-mêmes, qui ont commencé à éviter la fripe, en raison de la hausse des prix et de la baisse de la qualité.
Il a expliqué que cette baisse est liée à la crise économique que traverse l’Europe, tandis que la diminution de la demande est imputée au pouvoir d’achat des citoyens tunisiens, affirmant dans ce sens que « c’est une chaîne connectée et toute atteinte à un maillon affecte directement les autres ».
Il a souligné que la demande pour les vêtements d’hiver d’occasion a diminué de 50%, en raison des changements climatiques, tandis qu’il a été observé une augmentation de la demande pour les vêtements en coton.
Et de dire que les marchés liés à ce secteur sont principalement européens, avec dans une moindre mesure le Canada et les États-Unis.
Sahbi Maâlaoui a, par ailleurs, précisé que cinq ministères supervisent le secteur de la friperie, dont celui des Affaires sociales, étant donné qu’il s’agit principalement d’un secteur à caractère social.
Ila insisté sur la nécessité de trouver des solutions législatives pour sauver la friperie de la marginalisation, en raison de son importance dans l’activité économique.
Les ventes du secteur accusent une baisse de 15%
Le président de la chambre nationale syndicale des commerçants grossistes de friperie, Sahbi Maâlaoui, a récemment révélé que plus que 94% des Tunisiens achètent des vêtements issus des friperies qui proposent des habits de diverses qualités avec des prix abordables.
Et d’assurer que le secteur de la friperie a connu, durant cette période, une baisse des ventes estimée à 15%. « Cette baisse est due à la conjoncture actuelle, caractérisée par la rentrée scolaire qui pèse lourdement sur les familles tunisiennes, la dégringolade du pouvoir d’achat ainsi que la succession d’évènements festifs qui ont épuisé la situation financière des familles tunisiennes », affirme-t-il.
Sur un autre volet, il a déclaré que les prix de la friperie, soumis à la règle de l’offre et de la demande, n’ont pas augmenté cette année en dépit de l’augmentation des taxes de 20% instaurée par la loi de finances de 2023.
« La friperie est un secteur économique de grande importance, exportateur vers le marché africain et employant directement et indirectement 200 mille personnes dont 8000 titulaires de diplômes supérieurs », selon ses dires.
Par ailleurs, il a tenu à saluer les efforts du ministère de l’Environnement qui a permis la transformation des déchets de la friperie en énergie renouvelable exploités par les usines de ciment.
A ce propos, il a réclamé un changement urgent de la législation régissant ce secteur, celle-ci étant devenue dépassée par le temps, selon lui, en citant l’exemple de l’interdiction des ventes entre les gouvernorats pour les grossistes qu’il estime « insensée ».