AccueilLa UNELa Tunisie face au pavé turc dans la mare libyenne

La Tunisie face au pavé turc dans la mare libyenne

La visite du président turc Recep Tayyip Erdogan en Tunisie continue de faire des vagues en dépit des dénégations et mises au point faites de part et d’autre alors que des voix politiques tunisiennes s’élèvent pour accuser Erdogan de chercher à impliquer la Tunisie dans l’intervention dans les affaires libyennes. Les affirmations d’Erdogan, après avoir conclu sa visite concernant une acceptation par la Tunisie de soutenir l’ingérence militaire de la Turquie en Libye ont été immédiatement réfutées par la présidence de la République tunisienne.

Le gouvernement de Sarraj a demandé jeudi une intervention militaire turque fournissant un soutien aérien, terrestre et maritime aux milices à Tripoli contre les tentatives de l’Armée nationale libyenne (LNA) du maréchal Haftar de s’emparer de la capitale tripoli et d’en chasser les milices. Erdogan a déclaré que des troupes seront envoyées en Libye à la demande du gouvernement e de Tripoli et que le parlement devrait adopter un texte y afférent le 8 janvier.

Rejet presqu’unanime

L’accord entre la Turquie et le gouvernement de Sarraj a été rejeté par de nombreux pays européens et arabes, dont l’Egypte, l’Italie, la Grèce et Chypre, ainsi que par le parlement et l’armée nationale libyens. Plus particulièrement, l’Égypte a précédemment condamné la signature des deux mémorandums d’accord sur la sécurité et les juridictions maritimes entre Ankara et le Gouvernement d’entente nationale dirigé par Sarraj.

En Tunisie, des spécialistes de la question libyenne ont estimé que l’accélération des évènements dans ce pays, aura, sans doute, des répercussions sur la Tunisie. Ils ont appelé à poursuivre les efforts politiques sur la base de la neutralité sans se laisser entraîner dans la politique des axes. Dans des déclarations, vendredi, à la TAP, ils ont insisté sur l’importance pour la Tunisie de rester à équidistance des différentes factions libyennes, préconisant une position unifiée bannissant toute ingérence militaire étrangère.

L’impératif de vigilance

Le politologue Jemii Guesmi a qualifié de graves les développements en Libye. Selon lui, des changements sont prévisibles sur le terrain et atteindront la ville de Misrata. Ce qui signifie que le danger est imminent et que la Tunisie soit de préparer à cette éventualité au double pan sécuritaire et diplomatique. L’expert n’a pas caché la crainte de voir la situation en Libye évoluer vers un conflit touchant toute la région méditerranéenne, au regard du nombre croissant des interventions étrangères dans ce dossier. Il considère que la position turque de ce dossier est de nature à creuser davantage la crise dont les incidences seront, selon lui, considérables sur les pays du voisinage dont particulièrement la Tunisie au niveau économique, social, sécuritaire et militaire.

Et d’ajouter que ces craintes légitimes ont poussé la diplomatie tunisienne à agir à travers les rencontres du président de la République avec plusieurs acteurs libyens dans la perspective de rétablir le rôle naturel de la Tunisie. La position de la Tunisie, exprimée la veille par le président de la République Kais Saied, est judicieuse. Mais, il faut la soutenir par des actions sur le terrain tout en insistant sur l’impératif de parvenir à une solution pacifique loin de toute intervention étrangère en Libye. Jemii Guesmi a mis l’accent sur le besoin de coordination avec les pays du voisinage: l’Algérie et l’Egypte, pour relancer l’initiative tripartite de la Tunisie (celle proposée par feu Béji Caïd Essebsi), pour parvenir à une solution réunissant toutes les parties libyennes. Il a rappelé, dans le même ordre d’idées, que l’initiative de l’ancien président de la République, feu Caïd Essebsi, a permis de franchir d’importants pas et a eu un large écho au niveau arabe et africain. Kais Saied a affirmé, jeudi, que la Tunisie n’appartiendra à aucune alliance dans le conflit en Libye et refuse, fermement, de s’aligner sur la politique des axes.

Les scénarios possibles

De son côté, Rafaa Tabib, expert en géopolitique, a indiqué que l’accélération des évènements en Libye pourrait conduire à deux éventualités : soit une intervention directe des forces régionales en Libye, soit un nouvel équilibre des forces et une redistribution des cartes. Selon lui, la conférence de Berlin sera décisive quant à la situation future de la Libye. Il a appelé à la nécessité de garder le dossier libyen loin des tiraillements partisans et à ne pas se laisser entrainer par les divisions en Libye. D’après lui, le président de la République devrait appeler à un accord entre toutes les parties libyennes et défendre le principe de la non-ingérence, même militaire, en Libye. La Tunisie doit se tenir à égale distance de toutes les parties, a-t-il estimé.

Pour Rafaa Tabib, la Tunisie doit impérativement œuvrer, concrètement, à une solution pacifique à la crise en Libye. Elle doit adopter une position unifiée face à toute intervention étrangère en Libye, a-t-il dit, insistant sur l’impératif d’un cessez-le-feu pour éloigner toute idée d’intervention étrangère.

AM &TAP

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