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L’agriculture doit  moins servir à faire du business qu’ à nourrir la population

« Nous sommes à un moment où il va falloir urgemment et inévitablement repenser les priorités », estime le géographe et chercheur, Habib Ayeb, au motif, explique-t-il, que  l’agriculture ne doit pas servir à faire du business, mais à nourrir la population en quantité et en qualité suffisantes.

Dans une interview accordée à l’agence TAP, Ayeb, qui est également spécialiste en agroécologie, dénonce « l’impact désastreux des choix agricoles retenus par les décideurs sur la population, la nature, les ressources naturelles du pays et son avenir ‘’.

En effet, à travers ses recherches et documentaires, il plaide toujours pour l’agroécologie, soulignant, à cet effet, que malheureusement, il n’y a pas de politiques agricoles aujourd’hui en Tunisie, mais plutôt des politiques du business qui tolèrent tout pour que quelques-uns gagnent le maximum d’argent.

L’accroissement des besoins de la population en termes de nourriture est l’argument souvent avancé pour justifier le recours à l’agriculture intensive. Toutefois, il ne faut pas oublier que ‘’nous n’arriverons jamais à maîtriser la nature, outre le fait que nous en faisons partie et que tout ce qui la touche, nous touche directement. La détruire équivaut à une opération de suicide collective, consciente ou inconsciente.’’ A-t-il déclaré.

« Récemment, dans un marché à Djerba, j’ai trouvé des fraises produites en Tunisie. Une production qui est visiblement destinée à l’exportation, mais dont les quantités qui ne sont pas exportées se vendent sur les marchés locaux. Dans un pays menacé de sécheresse, irriguer intensivement et réserver de vastes terres agricoles à des productions destinées à l’export, doit être strictement interdit », a-t-il ajouté.

Idem pour l’huile d’olive. Selon lui, dans un pays qui figure parmi les principaux producteurs mondiaux, on exporte une huile d’olive de qualité extraordinaire et on vend aux Tunisiens le litre à 28 dinars dans certaines régions. « A ce prix, rares sont les Tunisiens qui peuvent se permettre d’en acheter. C’est absurde, car l’eau et les terres agricoles doivent servir à nourrir la population et non pas à gonfler les comptes bancaires d’une minorité », a-t-il martelé, soulignant qu’« on est enfin en train de violer les droits de la population à une alimentation saine et équilibrée, voire à une hygiène correcte vu les quantités énormes d’eau gaspillées, et de détruire la nature et la biodiversité. »

Pour une réforme agricole et agraire « radicale »

Selon ses dires, il faut procéder à une réforme agricole et agraire radicale. De ce fait, plus personne n’aura le droit de faire de l’agriculture un business. « L’irrigation destinée à l’exportation doit strictement être interdite, tous genres de produits confondus, sauf les oasis anciennes et non pas les palmeraies. Les palmeraies, il faut par contre les interdire », a-t-il indiqué.

Ayeb pense qu’il faut encourager les paysans à produire et à multiplier les semences locales, notamment les semences céréalières, en interdisant les produits chimiques, sur une période qu’il faut déterminer avec des experts en la matière, mais surtout, interdire toute forme d’élevage intensif.

Selon l’expert,  une réforme agraire radicale doit également être mise en place à travers la fixation d’une taille minimale et d’un plafond des propriétés agricoles en fonction de la qualité des sols, de la pluviométrie moyenne locale et de la disponibilité d’eaux souterraines mobilisables (un plafond maximum de 100 hectares et un minimum de 5 hectares), tout en veillant à interdire la fragmentation des terres agricoles que ce soit par héritage, par vente ou transmission.

Le bien-être du citoyen avant les caisses de l’Etat !

En outre,  pour alimenter les caisses de l’Etat, Ayeb suggère de ne plus continuer d’exporter des dattes, des agrumes ou autres éternellement, juste par besoin de renflouer les caisses de l’Etat. La priorité ne doit pas être donnée aux caisses de l’Etat, mais plutôt à la santé et au bien-être du citoyen et au respect de ses droits à une alimentation équilibrée, à une eau suffisante, à un environnement sain et à la biodiversité.

D’autre part, il  estime que dix ans serait une période convenable pour tout réviser et réformer. Car, selon ses dires, personne n’est capable de tout changer en quelques mois, voire même en quelques années, soulignant qu’on demande trop au citoyen, alors que ses droits, les plus fondamentaux même (boire et se nourrir correctement) ne sont pas respectés.

« Personnellement, à part consommer responsable, éviter de consommer les produits hors-saisons, ne pas polluer et ne pas gaspiller l’eau, je ne demanderais pas plus au citoyen qui assume déjà la lourde responsabilité de subvenir aux besoins de sa famille dans les conditions actuelles de cherté, de pénurie et d’absence de choix de qualité en matière de consommation », a-t-il indiqué.

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