AccueilCe que je croisL'ancien gouverneur de la BCT Mohamed Ali Daouas parle des banques tunisiennes 

L’ancien gouverneur de la BCT Mohamed Ali Daouas parle des banques tunisiennes 

Après 12 ans d’instabilité politique, ne ferions-nous pas mieux de nous montrer suffisamment courageux, de tourner définitivement la page du passé et de regarder plutôt vers le futur ?

Depuis 2011, nous n’avons pas arrêté, à tort ou à raison, de diaboliser les destouriens puis tous les politiciens qui n’étaient pas au pouvoir, et plus récemment les syndicats, l’opposition, les mairies, la CTAV, la Banque Centrale, les banques publiques, les entrepreneurs et même les boulangers et les éleveurs de poulets … et tant d’autres.

Entre temps, est ce que la qualité de vie des tunisiens s’est améliorée ? Le coût de la vie est-il devenu moins cher ? la qualité de nos diplômes s’est-elle améliorée ? L’investissement a-t-il repris ? le chômage a-t-il baissé ? Le taux de pauvreté a-t-il diminué ? La richesse nationale est-elle mieux répartie qu’auparavant ? L’émigration clandestine a-t-elle diminué ? Malheureusement, la réponse est non à toutes ces questions.

Ce qui est malheureux encore, c’est que nous ne sommes pas conscients du coût de préserver dans cette même voie. A force de courir derrière les 13 milliards de dinars, considérés comme étant de l’argent public spolié au temps de Ben Ali, afin de renflouer les caisses du Trésor de l’Etat, ce dernier risque de rater nettement plus. Le coût est déjà énorme et risque de l’être encore.

La crème de nos ressources humaines est en train d’émigrer et la relève dans certains secteurs risque de ne plus être assurée. Les entrepreneurs font profil bas et n’investissent plus puisqu’ils ne cessent d’être accusés d’enrichissement illicite.

Les banques publiques sont accusées de malversations parce qu’elles ont accordé des crédits sans garantie. Les non banquiers ignorent qu’Il n’existe pas de loi qui impose aux banques d’exiger des garanties à chaque octroi de crédit et les circulaires de la banque centrale ne le prévoient pas non plus. Toutefois, l’autorité de supervision bancaire impose à toute banque de provisionner tout crédit accordé devenu plus tard en souffrance, si les garanties prises s’avèrent insuffisantes. Et c’est la même pratique dans le monde entier. Le métier d’une banque est de prendre des risques et c’est grâce aux divers financements accordés depuis l’indépendance par les banques de la place (surtout publiques : STB, BDET, …) et souvent sans garanties (les tunisiens n’étaient pas encore fortunés), qu’une bonne partie de notre tissu industriel et hôtelier s’est constituée. Et c’est grâce à la BNA qu’une bonne partie de l’agriculture est financée, souvent sans garanties, que le pays s’assure annuellement une certaine autosuffisance au niveau de certains produits alimentaires.

Au fait, la meilleure garantie pour une banque est le projet qu’elle s’apprête à financer. Ce sont les revenus que le projet va générer qui vont garantir la récupération des financements accordés. Historiquement, des milliards de dinars ont été prêtées par les banques avec des garanties et dont la valeur dépassait souvent le montant des financements accordés, mais ces crédits n’ont jamais été récupérés. Les garanties prise n’ont pu être réalisées (garanties dans l’indivision, lenteur des procédures judiciaires, malversations, …), et les crédits sont devenus totalement carbonisés.

Par ailleurs, en finançant un projet, la banque prélève une rémunération qui est fonction du coût de l’argent et du risque pris. Plus le coût des ressources est élevé plus la rémunération de la banque l’est aussi. Il en va de même pour le risque pris. Par conséquent, si la banque charge un taux d’intérêt élevé, c’est parce que le coût des ressources (en grande partie le TMM) et/ou le risque est élevé. Et le niveau du TMM est une affaire de la banque centrale.

*Mohamed Ali Daouas

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -