AccueilLa UNEL'autonomie fourragère, clé de la sécurité alimentaire

L’autonomie fourragère, clé de la sécurité alimentaire

Dans un rapport de presse en date de 2013, on lit en substance : « la Tunisie n’a pas les moyens de nourrir ses troupeaux comme dans les années 70 à 90, avec des céréales et des protéagineux importés (soja et maïs essentiellement).Or, ceux-ci représentent aujourd’hui 60% de la ration alimentaire animale en Tunisie ».

 Dix ans  après, en ce mois de décembre 2022, au seuil de l’année 2023, la situation est la même : une crise asphyxiante de la filière laitière, la menaçant d’un effondrement total, et  une dépendance accrue des protéagineux importés, le soja et le maïs, pour fabriquer des aliments composés pour le cheptel. Sauf qu’un contexte international extrêmement surchauffé et une trésorerie nationale en grandes difficultés ont rendu, de nos jours, l’accès aux protéagineux devenus très chers,  plus difficile encore.

Le pire est qu’entre 2013 et 2022, le tableau est allé se détériorant. Plusieurs crises se sont produites, pour les mêmes raisons, et dans un environnement national et international se compliquant  sans cesse.

 Aussi, est-ce à raison que le membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Mnaouer Sghiri, pointait-il, en août dernier,  l’absence de stratégie nationale de développement des ressources fourragères comme étant à l’origine de la crise laitière sans précédent que la Tunisie connaît en ce moment. Une carence d’autant plus grave, estiment des études sérieuses, que le mal et son remède étaient connus depuis longtemps, y compris la sècheresse rampante consécutive au changement climatique qui a dénudé les parcours et les pâturages naturels.

Inadaptation

Signe que les autorités sont conscientes, mais impuissantes tant les dégâts sont grands, la recherche incessante de substituts et de solutions.

Ainsi, le recours au son de blé subventionné par l’Etat , sédari, un aliment déséquilibré, ne peut pas , en réalité, sauvegarder le cheptel en cas de sécheresse.

Il y a aussi l’orge fourragère subventionnée, mais sa disponibilité et celle du sédari sur le marché  ne sont pas toujours garanties, tandis que les autres aliments,  les bouchons de luzerne déshydratée importés, les aliments concentrés pour vache laitière et les aliments concentrés d’engraissement (libres à la vente), sont chers quand ils se trouvent. Le prix du kg de concentré pour vache laitière atteint près  de 1 dinar 200.

Les éleveurs ont ainsi vu, au fil des ans, leurs coûts de production augmenter sans pouvoir s’y adapter, et n’ont pas cessé de réclamer la répercussion de cette hausse des coûts sur les prix de vente de leur lait. D’autant qu’ils sont, pour leur grande majorité, de petits éleveurs isolés dans leurs zones rurales. Beaucoup ont abandonné et bradé leurs vaches, comme ils l’ont affirmé dans les nombreux reportages de presse consacrés à leur cas.

Il en va de même pour le secteur des volailles en proie à la même crise et pour les mêmes raisons, à savoir la hausse des coûts de production en raison de la hausse des prix des aliments concentrés pour volailles fabriqués à partir de matières premières importées et devenues chères.

A l’image de celles de la filière laitière, les crises de la filière des volailles sont anciennes et se renouvellent constamment.

Le cercle paraît vicieux  de sorte que le syndicat indépendant des agriculteurs, SYNAGRI, a appelé à la réalisation de l’autonomie alimentaire animale parallèlement à l’autosuffisance alimentaire humaine, affirmant avec raison que l’autonomie fourragère est la clé de la sécurité alimentaire humaine.

Solutions innovantes

Accroître l’autonomie fourragère autant à l’échelle nationale qu’à l’échelle des exploitations est aujourd’hui une des préoccupations nationales  en Tunisie, au point que les projets de recherche scientifique et d’innovation y ont trouvé une source d’inspiration, en menant des travaux sur la valorisation des sous-produits en aliments pour bétail (sous produit de l’olivier, sous produit du palmier dattier, déchets et résidus des industries agroalimentaires).

Deux ingénieurs chercheurs de l’Ecole des ingénieurs de Sfax ont proposé, dans un travail intéressant, l’utilisation des écarts de triage des dattes par séchage sous forme de poudre comme alimentation pour bétail , c’est-à-dire les dattes non comestibles pour les humains et triés.

Une startup tuniso-française NextProtein a pensé depuis 2015 à créer des ingrédients pour l’alimentation animale dérivée de larves d’insectes.

Une autre étude scientifique tunisienne a suggéré la production à grande échelle d’un foin traditionnel utilisé dans le Sud est tunisien sous le nom de « khortane » ,  comme alimentation pour bétail, à partir de la fauche et du séchage d’espèces végétales non cultivées au cours des années pluvieuses, puis le foin est stocké comme réserves pour nourrir le troupeau en cas de besoin et de manque de pluies.

Toutefois, dans cette perspective, l’initiative d’un groupe de vétérinaires tunisiens mérite une mention spéciale. Elle tend à introduire en Tunisie des technologies d’alimentation animale et agroalimentaires innovantes sur la base des bonnes pratiques italiennes, dans le cadre d’un projet appelé « Model Farm de lait en Tunisie », avec le soutien  de partenaires italiens.

S.B.H

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