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Le gaz de schiste garantira à la Tunisie une autosuffisance énergétique de 80 ans, dixit Yassine Mestiri

Yassine Mestiri, directeur central de la production à l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP), affirme, dans une interview à Africanmanager, que le gaz du schiste est une part de la solution pour la diminution des importations d’hydrocarbures par la Tunisie. Il a, cependant, a écarté le projet d’extraire le gaz de schiste dans un proche avenir. Interview

Vous avez annoncé récemment que la Tunisie dispose d’un stock considérable de gaz de schiste. Pouvez-nous donner des éclaircissements ?

Selon une étude internationale menée par les Etats Unis, la Tunisie dispose de réserves estimées à 500 milliards de mètres cubes. Cette richesse se trouve au Sud tunisien, au Sahel et à Kairouan. Cela signifie une autonomie de consommation estimée à 80 années. Donc, c’est un créneau qu’il faut regarder et développer.

Il est important de rappeler que la révolution aux Etats-Unis est due au gaz de schiste. De même, nos voisins algériens ont mis au point un programme et ont commencé à torcher leur gaz de schiste.

En Tunisie, hormis cette étude menée par les Etats- Unis et disséminée partout dans le monde, nous n’avons pas une étude tunisienne pour pouvoir confirmer l’existence de ce genre de gaz. Pour confirmer cette probabilité, il faudra faire de la prospection.

Actuellement, nous n’avons fait aucune prospection ni aucune étude, puisque nous n’avons pas cette autorisation. Ceci est expliqué par la réticence relative à l’impact qui pourrait être négatif sur le gaz de schiste et son exploitation sachant que le gaz de schiste a les mêmes spécificités que celles du gaz naturel, étant donné qu’il provient de la même roche mère à l’intérieur des couches profondes da la terre. Cette source va alimenter le réservoir de la production conventionnelle classique que nous avons maintenant.

En cas de l’exploration de gaz de schiste, quelle en serait la valeur ajoutée ?

Enormément de plus, étant donné que nous sommes en train de parler du mix énergétique. Vu les réserves qui n’arrivent pas à combler nos besoins, cette partie additionnelle de gaz de schiste nous permettrait d’avoir une autosuffisance totale de la Tunisie pendant 80 années.

Mais, plusieurs experts et associations à l’instar du collectif « Ahna nebniouha » mettent l’accent sur la gravité des impacts environnementaux assez néfastes des techniques utilisées pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste ainsi que les conséquences désastreuses sur les ressources en eau déjà précieuses, sur la santé et la biodiversité des êtres vivants, sur la qualité de l’air, de l’eau et du sol, sur la disponibilité des terres pour l’agriculture et sur la stabilité sismique. En tant qu’expert, comment vous évaluez ces impacts dangereux ?

Je préfère me réserver sur le concept dangereux. Pour « néfaste », je préfère le modérer. Vous savez que, dans le domaine agricole, nous sommes en train d’utiliser des produits chimiques. Encore, dans le secteur touristique, nous sommes en train d’utiliser une grande quantité d’eau. Irriguer un green du golf nécessite une grande quantité d’eau. Je ne veux pas aller dans un schéma complètement blanc, mais on peut lui reprocher beaucoup de choses.

Par exemple !

On lui reproche tout d’abord sa qualité en tant que gaz. Je confirme qu’il s’agit du même gaz, mais on lui reproche aussi le fait d’utiliser l’eau pour les besoins de cette fracturation dans la roche mère. Il faut dire que la technologie est certes évoluée, mais on peut utiliser l’eau saumâtre, on peut réutiliser aussi la même eau ou on peut utiliser l’eau de la mer qui sera par la suite traitée.

On lui reproche aussi cette sismicité qui peut être créée. Et là, il faut mettre les géophones à tout moment pour pouvoir écouter. Il ya lieu de signaler quand même que des centaines des milliers des puits sont fracturés aux Etats-Unis.

On lui reproche également l’utilisation des produits chimiques. Utile dans ce sens de regarder de près quels sont les produits chimiques et quel est l’impact de cette fracture qu’on va faire dans la roche mère qu’il faut maîtriser.

Autre chose, le problème est que nous sommes en train de travailler à 3 et 4 milles mètres de profondeur. Nous avons au moins 3 kilomètre de différence entre nous. Ceci n’empêchera pas de mettre les dispositifs nécessaires pour la production, l’environnement et le bien-être.

Un autre point qui devrait être mis sur la table, celui de l’utilisation du terrain. On va faire des milliers de forages, c’est vrai. Mais, il est important de noter qu’à partir d’un seul point, on pourra faire plus de 30 forages.

Alors, vous encouragez l’exploration du gaz de schiste ?

Je ne suis ni pour ni contre, mais je suis un développeur d’une entreprise tunisienne d’activités pétrolières. Mais, je pense que le gaz du schiste est une part de la solution pour la diminution des importations d’hydrocarbures par la Tunisie.

Regardons d’abord si nous possédons ou non ce gaz. Pour cela, nous n’avons besoin ni de l’eau ni des produits chimiques. Nous avons seulement besoin de forages classiques comme on en fait maintenant et les analyser.

Maintenant, alors que l’Algérie est convaincue de l’importance du gaz du schiste, il est important de mettre tout sur la table et savoir comment gérer cette affaire vu l’impact global de cette ressource. Je pense, à ce niveau, qu’aucune panne n’interviendra, sachant qu’en Tunisie, il y a une loi claire exigeant pour chaque nouveau projet industriel, une étude d’impact environnemental. Si cette étude n’est pas approuvée par le PNUD, le projet ne sera pas réalisé.

Pouvez-vous nous confirmer ou nier l’octroi d’un permis à la compagnie Shell suite à un accord conclu entre elle et le ministère de l’Industrie ?

C’est vrai qu’il y a des demandes, mais aucun contrat a été signé actuellement que ce soit de l’oil de schiste ou du gaz de schiste et je confirme d’ailleurs les propos de Nidhal Ouerfelli dans ce processus.

Je ne vous cache pas qu’on voudrait bien signer avec eux vu qu’ils vont prendre la totalité des risques financiers et les risques de trouver les réserves. La Tunisie ne va pas rien payer dans cette étape.

Wiem Thebti

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