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Le « Grand débat », rien ou si peu d’un Grand oral !

De toute évidence, le sort de l’élection présidentielle ne se jouait pas lors du Grand débat télévisé du 7 septembre. Loin s’en faut, dès lors qu’il s’agissait pour la première fournée de candidats en lice de se prêter au jeu des questions/réponses d’autant plus aseptisé qu’il excluait la moindre confrontation entre les 8 protagonistes. L’absence de journalistes pugnaces a fait le reste.

Du coup, on s’est retrouvé         condamné à suivre une sorte de remake d’un concours où il était demandé aux postulants de répondre à des questions convenues et préparées à l’avance, le plus souvent par des laïus faits de lieux communs, de généralités confinant à de futiles platitudes, sans aucun intérêt pour la pertinence de la cause ni pour la compréhension du citoyen. Il est vrai aussi que les deux modérateurs de service, ligotés par le format choisi, on fait sentir à tout bout de champ et aussi rudement qu’ils le pouvaient la dictature du chronomètre. Les candidats, réduits au rôle de récitateurs de poncifs appris presque par cœur, ne se sont pas fait faute de faire de ce « Grand débat » un exercice fastidieux, languissant et inexpressif. En tout cas, il lui manquait cruellement cette force de conviction inhérente à la confrontation, aux passes d’armes et aux échanges d’arguments.

Mais en faisant le choix d’organiser cette série de trois débats, ses promoteurs pensaient certainement à bon droit que de semblables plateaux sont indispensables pour procurer au citoyen l’opportunité de juger les propositions de ses futurs représentants, et surtout de pouvoir juger du fond à la lumière de clés et d’une grille de lecture qui permettent d’estimer la pertinence et la cohérence des programmes. On ne pourra que déplorer que ce ne fût pas le cas, même si on peut avoir la faiblesse de penser que les protagonistes du 2ème et du 3ème grand débat, ce dimanche et lundi, tenteront de faire oublier les contreperformances du premier peloton.

Au demeurant, si ce premier débat a fini en eau de boudin, c’est aussi que parce que les candidats n’étaient pas appelés à répondre aux mêmes questions, ce qui aurait permis de souligner bien des clivages et de mettre en relief la variété des approches des uns et des autres et donné en fin de compte au citoyen la latitude de se reconnaître dans celles qui répondent le mieux à ses attentes. Dans tous les cas de figure, ce débat était davantage de nature à conforter l’idée que l’on se faisait de tel ou tel plutôt que de les départager. Ce sera indubitablement au second tour de l’élection présidentielle lorsque les deux ultimes concurrents entreront dans le vif du sujet et joueront leur dernière carte.

L’économie, grand absent !

Ce grand débat a manifestement péché par une variété de tares, mais la plus déterminante a été le champ des sujets abordés et des questions s’y rapportant. Ils n’étaient nullement en prise directe sur les préoccupations du Tunisien, ses soucis quotidiens et de toujours qui ressortissent en tout premier lieu au volet économique de son existence. Entendons par là l’inflation, le chômage, la précarité, entre autres, qui sont des tourments de tous les jours et auxquels les gouvernements successifs et plus encore les présidents de la République depuis 2011 n’ont jamais réussi à apporter des réponses. Les passer ainsi sous silence, c’est passer littéralement à côté de la plaque, et administrer la preuve irréfragable que la hiérarchie des priorités de ceux sollicitent les suffrages des Tunisiens n’a aucune mesure avec celle de la Nation.

Etait-ce réellement nécessaire de gloser sur les prérogatives régaliennes du prochain président de la République et sur d’autres attributions de divers ordres, toutes de presque nul effet sur le quotidien du citoyen ? N’aurait-il pas été préférable que les auteurs des questions aient été plus avisés d’interpeller les candidats à la charge présidentielle sur ce qui touche au vécu du citoyen ? D’autant que le taux de chômage s’établit à 15,3 %, en hausse par rapport à 2010, l’année précédant la révolution tunisienne, et que, chaque mois, le coût de la vie augmente alors que la monnaie, le dinar tunisien, peine à suivre le rythme.

« La plupart des promesses [des candidats] sont assez vagues « , a déclaré Sarah Yerkes, membre du programme Carnegie Middle East, au site National. « Beaucoup de partis semblent proposer une sorte de plate-forme générique pour améliorer l’économie et atteindre les jeunes, mais peu ont des idées claires sur la façon de le faire », ajoute-t-elle dans des déclarations au National qui a fait judicieusement remarquer que , au cours d’un débat auquel ont participé Abdelfattah Mourou, candidat du parti islamiste modéré Ennahdha et l’ancien président Moncef Marzouki, tous deux septuagénaires, il est apparu que le nouveau format allait probablement fonctionner plus favorablement pour les candidats les plus jeunes et les plus avisés.

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