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Le mastère co-construit, une solution pour réduire le taux de chômage des diplômés

Le chômage est un phénomène social qui ne cesse de prendre de l’ampleur d’une année à une autre touchant quasiment tous les pays du monde sans exception.

En Tunisie et selon les derniers chiffres de l’institut national de la statistique (INS), la population active est estimée à 4141,6 mille au cours du troisième trimestre 2021, contre 4153,3 mille au deuxième trimestre, soit une baisse de 11,7 mille actifs. Le taux d’activité a lui aussi baissé pour atteindre 46,5% au troisième trimestre 2021 ; soit 0,5 point de moins qu’au deuxième trimestre de 2021. Cette population se répartit en 2854,6 mille hommes et 1287,0 mille femmes. Le taux d’activité est estimé à 65,8% chez les hommes et 28,2% chez les femmes.

Un problème multifactoriel

Le problème est assurément multifactoriel, mais l’orientation universitaire vers des filières sans avenir figure parmi les principales raisons de « la production des chômeurs », surtout quand il s’agit des facultés localisées dans les régions de l’intérieur.

Dans une interview à Africanmanager,  la  Doyenne de la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et de Gestion de Jendouba, Boutheina Regaieg,  a affirmé qu’au niveau de l’enseignement supérieur et de l’offre pédagogique de formation, les licences fondamentales sont unifiées et sont les mêmes dans toutes les facultés que ce soit à l’IHEC, l’ISG, FSEG Manar ou FSEG Jendouba.

« Néanmoins, dans les faits, les étudiants qui appartiennent à des facultés dans les régions de l’intérieur n’ont pas les mêmes chances que  ceux des facultés du Grand Tunis qui ont plus de formations, de clubs mais beaucoup plus de chances aussi de rencontrer des hommes d’affaires à Tunis… Donc, on s’est rendu compte qu’on est en train de produire une usine à production de chômeurs  », a-t-elle dit.

C’est la raison pour laquelle la création des filières doit être en adéquation avec les spécificités régionales.

« Prenons l’exemple de la faculté des sciences  juridiques de Jendouba, qui se situe dans une région à la base agricole connue par un certain type de tourisme, donc pourquoi ne pas jouer sur ses spécificités au niveau des formations et spécialement au niveau des masters ? », s’est-elle demandée.

Aujourd’hui, on parle d’employabilité, donc le but, c’est que ces jeunes formés dans les facultés finissent par trouver du boulot.

Actuellement, avec la conjoncture économique difficile qui règne dans le monde entier et non seulement en  Tunisie, notamment à la suite de la crise pandémique du Covid-19 qui coïncide avec la période postrévolutionnaire, le taux de chômage ne cesse d’augmenter et on ne voit aucun signe d’une éventuelle amélioration surtout avec les restrictions budgétaires  émanant du  FMI et de la Banque mondiale ;  par conséquent il n’y aura pas de recrutement au niveau de la fonction publique à l’horizon de 2024.

« Donc, la question qui se pose,  c’est  de savoir ce qu’on va faire de nos jeunes diplômés  », s’est-elle interrogée.

Des mastères co-construits

Selon Regaieg, il faut promouvoir la culture entrepreneuriale chez les étudiants afin de leur permettre de développer leurs propres projets, d’où l’idée de développement de nouveaux mastères qu’on appelle des mastères co-construits.

« Ces masters comprennent bien évidemment des cours théoriques, mais aussi ils font une jonction entre l’université et le monde socioprofessionnel, où on trouve des cadres professionnels qui donnent des cours, côte à côte avec les enseignants universitaires », a-t-elle expliqué.

Dans le même contexte, la FSEG de Jendouba a lancé en 2021, un nouveau mastère co-construit en management et entrepreneuriat des projets agricoles et agroalimentaires. « On a établi des partenariats avec l’Apii, l’Apia et le pôle de compétitivité de Bizerte afin de garantir la réussite de cette expérience », a-t-elle souligné.

« Le but c’est qu’au final, ces étudiants seront capables de monter leurs propres projets en agriculture ou en agroalimentaire,  parce que c’est ce qui manque dans la région et ce qui est paradoxal,  c’est que la région de Jendouba est essentiellement une région agricole tandis qu’elle n’héberge aucune industrie agroalimentaire », a-t-elle ajouté.

D’autres projets sont, selon les dires de la Doyenne, en cours comme la mise en place des pépinières d’incubateurs en collaboration avec la Banque mondiale. Ces incubateurs sont des cellules qui permettent la rencontre et la mise en relation, à travers le réseautage des professionnels.

C’est un lieu de rencontre où on peut créer des salons d’entrepreneuriats où ces jeunes peuvent développer leurs idées et les concrétiser en commençant par l’élaboration d’un business plan et en leur apprenant à trouver des marchés.

« Tout tourne autour de l’entrepreneuriat, car je suis convaincue qu’un simple diplôme classique ne suffit pas et qu’il faudrait avoir un diplôme qui a un accès direct sur le marché du travail, et qui s’y adapte, surtout », a-t-elle dit.

Un mastère en tourisme écologique

Un autre projet d’un nouveau mastère a été soumis aux commissions sectorielles. Ce projet concerne la mise en place un nouveau master qui s’appelle écotourisme et développement territorial.

« C’est du marketing territorial, c’est comment ‘vendre la région’ », a-t-elle avancé.

Selon  Boutheina Regaieg, le tourisme balnéaire est devenu usé par rapport à l’écotourisme qui représente maintenant une échappatoire avec la diversité des produits de terroir, les plantes médicinales selon la spécificité de chaque région et qui sont souvent des richesses naturelles mal exploitées.

« Je ne pense pas que la région de Jendouba ait un apport compétitif par rapport à Sousse ou Hammamet avec ses richesses naturelles comme la forêt, les plantes aromatiques et médicinales, c’est tout un monde à explorer… », dit-elle.

Aujourd’hui, il ‘y a un nouveau type de tourisme en Tunisie, on parle désormais de tourisme écologique qui tourne autour des maisons d’hôtes et qui regroupe tout ce qui est authentique et non sophistiqué surtout chez les jeunes qui sont très portés sur les randonnées et les camping…

  « Alors pourquoi ne pas explorer ces régions comme Beni Mtir, Ain Drahem et Fajja… Alors pourquoi ne pas les explorer dans le cadre de ce nouveau mastère co-construit… », a-t-elle conclu.

Il est à noter que la FSJEGJ compte 1026 étudiants inscrits en Mastère et 3069 étudiants inscrits en Licence et offre des diplômes nationaux en Informatique de Gestion, en Gestion, en Economie et en Droit  répartis sur 13 Licences, 7 mastères de recherches, 8 mastères professionnels et 1 mastère co-construit, avec un taux de réussite aux alentours de 70 % pour les licences et de 80 % pour les mastères.

Rappelons, également que les mastères co-construits sont entrain se multiplier dans de nombreux domaines comme celui  de la technologie, comme l’avait  souligné  dernièrement le ministre des TIC à African Manager.

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