AccueilLa UNELe phosphate, une «ressource gaspillée» en charges et en salaires

Le phosphate, une «ressource gaspillée» en charges et en salaires

La situation de la Compagnie des phosphates de Gafsa s’est considérablement détériorée au cours des douze dernières années, induisant un coût  énormes et à bien des égards insupportable pour l’économie nationale.

Le chiffre d’affaires du secteur avant 2010 s’élevait à environ 4 milliards de dinars, mais ce chiffre est tombé à moins de la moitié, ce qui a directement aggravé le  déficit budgétaire de l’État . La production de phosphate qui était de 8 millions de tonnes  en 2010 a chuté à environ 3,4 millions de tonnes par an entre 2011 et 2021, avec un pic de 3,8 millions de tonnes en 2017..

Bien que la Compagnie des Phosphates de Gafsa ait réalisé, au cours du premier trimestre 2022, une production d’environ 1 130 mille tonnes de phosphate commercial, soit une augmentation de pas moins de 750 mille tonnes par rapport à la production de la même période en 2021, la production et l’exportation du minerai n’ont pas retrouvé leur rythme d’antan.

Selon les données obtenues par African Manager auprès de l’Institut de Gouvernance des Ressources Naturelles en Tunisie, les pertes financières de l’entreprise ont été estimées en 2019 à 480 millions de dinars, alors que le coût de production  est passé du simple au quintuple en dix ans.

La plaie des sociétés environnementales

Quant aux charges des 7 sociétés environnementales liées à l’extraction et à la transformation des phosphates (Metlaoui, Moularès, Redeyef, Mdila, Gafsa, Gabès et Sfax) qui emploient 12 200 personnes, elles se sont élevées  à 85 millions de dinars pour la CPG, à 82 millions de dinars pour le Groupe Chimique,  et environ 29 millions de dinars pour la Société tunisienne des activités pétrolières de la Société de l’environnement à Tataouine au cours de l’année 2019.

Les mêmes sources affirment que les entreprises nationales des industries extractives ont financé l’opération fantôme à hauteur d’environ 200 millions de dinars en 2019.

Dans le même contexte, le chiffre d’affaires du Groupe Chimique au cours de l’année 2010 a été estimé à près de 2 milliards de dinars,  passant à 511 millions de dinars en 2016 puis à 456 en 2017, marqué par  le retour  à une légère augmentation en 2020, soit 797 millions de dinars.

Quant au résultat net du secteur, il s’est élevé à 451 millions de dinars en 2016  pour dégringoler à 72 millions de dinars en 2017 et 172 millions de dinars en 2020, tandis que le volume des investissements est passé de 56 millions de dinars en 2016 à 38 millions de dinars en 2020. En revanche, le nombre  des postes d’emploi a enregistré une évolution importante passant de 4 435 en 2016 à 6 863 emplois en 2020.

D’après les mêmes sources, la baisse de la production de phosphate est due à plusieurs facteurs  internes et externes liés à l’environnement de l’ entreprise, notamment la gouvernance, l’obsolescence des équipements, les recrutements inutiles, et la flotte limitée de la SNCFT, ainsi que les conditions de développement dans la région et la détérioration de la situation sociale, notamment celle  liée aux services de base tels que le manque d’eau potable. Les mouvements de protestations et les  sit-in ont fait le reste.

L’Institut de Gouvernance des Ressources Naturelles a formulé des propositions pour une gouvernance plus efficace du secteur, notamment l’élaboration d’une vision globale indépendante pour le développement du secteur des phosphates et de ses dérivés, la préparation d’une nouvelle restructuration accordant une plus grande importance aux centres de production, en se concentrant sur les tâches de base. Il s’agit aussi de développer le contrôle interne et externe, et le respect des règles de gouvernance et de transparence.

Il a également appelé à la publication des données et des contrats liés au secteur minier dans le souci d’un surcroît de transparence et pour améliorer l’indice de gouvernance des ressources naturelles.

Une nouvelle conception du développement

L’institut estime que la crise actuelle dicte l’élaboration d’une nouvelle  vision du développement  englobant les trois dimensions, environnementale, économique et sociale selon un calendrier à multiples étapes  2025-2030-2050 qui tient compte des attentes des citoyens.

Il suggère également d’allouer aux zones minières un plan global avec l’adduction de l’eau à partir de l’usine de dessalement de l’eau de mer, le déplacement des laveries hors des zones urbaines, la multiplication des espaces verts, et la création d’ une nouvelle ville moderne  en exploitant les opportunités de développement des industries de la construction dans la région.

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