AccueilLa UNELe Saïed qui tire des plans sur la comète Saïed

Le Saïed qui tire des plans sur la comète Saïed

Portant le même homonyme que le chef de tout l’Etat, il compte certainement parmi les ministres qui auront vu le plus de gouverneurs dans leurs vies. Du mieux affublé de cravate à peine engoncé dans des épaules de boxeur, au plus moustachu des anciens syndicalistes reconvertis en politique, en passant par l’unique femme de ce corps de représentants régionaux de l’Etat dans toute sa déconfiture, ou au plus photographiquement célèbre des chômeurs soudainement devenu gouverneur, presque tous y sont passés devant Saïed … le ministre.

Samir Saïed est certainement aussi le ministre qui a serré le plus de mains de toutes les régions du pays. Heureusement que la Covid est passée. Avec son bâton de pèlerin, virtuel car tout se faisant dans l’amphithéâtre de la Cité de la culture à Tunis, l’ancien centralien devenu banquier et qui a baladé ses compétence d’Oman, au Qatar en passant par Tunis, planche laborieusement depuis plus d’un mois sur la préparation des plans de développement régionaux pour tous les gouvernorats de Tunisie, chacun à part. Des plans auxquels il faudra trouver de l’argent dans un budget qui crève la dalle.

  • Les régions sous la plume d’un ancien ministre désormais chef de parti

Sérieux et attentif, sans piper mot pendant tout le marathon de préparation des plans de développements régionaux qui a démarré le 4 août 2022 et sous l’œil bienveillant de son directeur de la communication, Samir Saïed a tellement écouté de doléances, réelles car articulées par les premiers couteaux de toutes les régions qu’il en deviendrait presqu’une encyclopédie vivante de tout ce qui constitue ou pourrait constituer problématique et blocage au développement des régions.

On ne sait pas si c’est juste pour l’anecdote, mais l’ancien ministre Néji Jalloul écrivait dernièrement sur son mur fb, que « pour rompre avec l’ancien schéma de développement et le populisme de la discrimination positive, le pays doit être structuré autour d’un petit groupe de régions, chacune disposant d’un port, d’un aéroport, d’une université, d’une zone touristique en front de mer et d’une zone de libre-échange, avec un pourcentage de la fiscalité et de la richesse du pays à investir dans les régions, et dans les domaines de l’éducation, de la santé et des transports publics. Ces régions s’articuleront autour d’une nouvelle capitale administrative (Carthage) moderne et intelligente qui utilise des énergies alternatives ».

Il le savait, ou pas, mais Jalloul résumerait ainsi presque les attentes de chaque région de la Tunisie. Des régions, qui s’étaient déjà disputée et le font encore en sourdine, le port d’Enfidha, l’aéroport de Tunis-Carthage qui devrait être délocalisé, les universités à édifier un peu partout dans le pays, et même proposé du temps d’un ancien président de diviser le petit pays de moins de 164 mille km² qu’est la Tunisie, en quatre districts, chacun vivant de façon autonome de ses propres richesses.

Et s’il s’avère que cet ancien ministre de l’Education sous Youssef Chahed et Habib Essid, et ancien DG de l’ITES sous Caïed Essebssi, croit ce qu’il dit, on pourrait penser que son parti (le 226ème du pays, ou un parti pour chaque 53 mille habitants) le PACoNaT (Parti de la coalition nationale tunisienne) flirterait avec le chef de tout l’Etat qui défendrait presque sans le dire le même schéma de développement !

  • Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots !

Pour l’instant, le ministre Saïed ne donne aucun signe sur l’orientation qu’il voudrait imprimer aux plans des régions qu’il prépare, où quel investissement compte-t-il encourager dans quelle région. Sur les 21 communiqués de presse que nous avons pu parcourir sur la page fb du ministère, et où ceux des réunions avec Ben Arous, Kasserine, Bizerte, Kairouan, Zaghouan, Kébilli, Mahdia ont été les plus brefs, nous n’avons pu déceler aucune parole transcrite des interventions du ministre pendant tout le marathon des régions.

On sait seulement, comme édité dans le tout premier communiqué de lancement du marathon, que « ces sessions se concentreront sur l’étude des grandes tendances et politiques qui garantissent un changement qualitatif dans la réalité du développement aux niveaux national et régional, à court et moyen terme, en suivant les changements et les défis existants, et qui construise un nouveau schéma de développement basé sur l’optimisation des disponibilité et des caractéristiques concurrentielles, qui contribue à créer un dynamisme économique, une croissance nouvelle, inclusive et durable, dans le cadre de la vision stratégique pour la Tunisie 2035, et ses orientations particulières au niveau du développement humain et de la promotion de l’économie verte et circulaire et l’économie du savoir et la promotion de l’investissement et de l’initiative privée pour créer de plus grandes opportunités d’emploi en plus d’établir un développement régional juste et inclusif ». Et on croirait presque entendre Dalida qui chantait à Delon, « encore des mots, toujours des mots … les mêmes mots, rien que des mots. Des mots faciles, des mots fragiles, rien que des mots » ! Cela, d’autant que personne en Tunisie ne connaît quoi que ce soit du budget 2023 que la ministre des Finances cache comme le plus secret des documents pour des raisons qu’on pourrait comprendre sans partager, et que jusqu’à fin juin 2022, l’investissement n’avait représenté que 7,8 % de toutes les ressources budgétaires et 8% de toutes les dépenses du budget pour les 6 premiers mois de l’exercice 2022

  • « L’absence des mots, l’anecdote de la photo », dirait un « Tunis-Match »

Juste pour le commentaire anecdotique, lors de la signature d’un accord avec des Japonais pendant la TICADE dans le salon de la Cité de la culture à Tunis où il avait tenu ses réunions pour le Plan, le ministre de l’Economie et du plan, s’était laissé photographier sous le portrait d’un Bey Husseinite.

Mauvais casting certainement, qui aurait échappé à la vigilance des services de presse du ministère pourrait-on dire, puisque ledit portrait est celui d’Ahmed Bey, dont un ministre des Finances a été Mustapha Khaznadar, comparé, à un « voleur des deniers publics » par son patron. L’autre Saïed avait fini par renvoyer un ancien ministre de l’Economie, des finances et de l’investissement qui lui rappelait alors un peu trop un Khaznadar, qu’il confondait avec Mahmoud Ben Ayed.

Réputé généralement réformateur (c’est peut-être ce qui explique en fait la présence de ce tableau à la Cité de la culture), Ahmed Bey ou Ahmed 1er, avait confié ses réformes à un Khaznadar qui « n’avait pas une idée exacte des ressources économiques à utiliser pour mener à bien ses réformes, de sorte que la plupart des initiatives beylicales aboutissent à des échecs coûteux », disent les historiens. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existé, n’est et ne saurait être que fortuite.

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