La pandémie de Covid-19 a bouleversé le tissu économique en Tunisie comme quasiment partout dans le monde, touchant à tous les secteurs. Celui du tourisme est le plus affecté, et est en quête d’une relance d’autant plus impérieuse qu’il lui devra exclusivement son salut. En effet, cette reprise ne peut être réalisée qu’en misant sur le tourisme interne regardé, à juste titre d’ailleurs, comme la bouée de sauvetage pour le secteur touristique en Tunisie.
C’est dans ce cadre qu’un forum national sur le tourisme interne a été organisé aujourd’hui 9 mars 2022 à Tunis en présence du ministre de Tourisme Mohamed Moez Belhassine ainsi que des différents acteurs dans ce secteur, à savoir le ministère des Affaires culturelles, l’UGTT, l’Organisation de défense du consommateur, la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, la Fédération tunisienne des agences de voyages, la Fédération tunisienne des restaurants touristiques, la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien, l’Union nationale de l’industrie hôtelière, la Fédération tunisienne des guides touristiques et la Chambre syndicale nationale du transport terrestre.
Le ministre de Tourisme a affirmé, d’emblée, que pour cette année 2022, une stratégie de travail a été élaborée à laquelle a été assigné l’objectif d’accomplir entre 50 à 60% de ce qui a été réalisé en 2019 année pendant laquelle la Tunisie avait accueilli 9.4 millions touristes avec 30 millions de nuitées hôtelières pour une recette de 5.6 milliards dinars, et ce pour pouvoir regagner le même niveau de la période pré-covid avec l’arrivée de l’année 2023…
Concernant les marchés visés, le ministre a précisé qu’il s’agit surtout des pays voisins, à savoir l’Algérie et la Libye ainsi que les marchés classiques tels que ceux de l’Europe de l’Ouest, de l’Europe centrale et de l’Est tout autant que les marchés africains, le Moyen Orient… En fait, il a assuré que tous les marchés sans exception sont visés et ce afin de réaliser l’objectif de la relance du secteur touristique…
Le primat du touriste tunisien
« Ce forum est organisé afin de mettre en place des actions concrètes sur lesquelles on va travailler dans l’immédiat et dans le court terme…Le but c’est d’encourager le citoyen à aller vers les établissements touristiques et de bénéficier de leurs services», a-t-il affirmé dans une déclaration à African Manger.
« Il faut considérer le Tunisien comme étant un touriste ! », a-t-il souligné, pour sa part, le président de l’organisation de défense de consommateur, Dhiya Ammar en réponse aux requêtes et critiques des citoyens qui estiment que le touriste étranger est paré de tous les privilèges.
La présidente de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, Dora Miled, elle, a affirmé que la fédération a réalisé une étude locale afin de connaître les besoins du ‘touriste’ tunisien, en insistant sur le fait que les hôtels en Tunisie fournissent des efforts pour satisfaire les besoins des Tunisien malgré les difficultés liées à la crise du Covid-19.
Parlant de l’insertion des jeunes dans ce secteur, Miled a souligné l’apport du partenariat public privé ‘PPP’ dans la création des postes d’emploi.
Encourager le ‘touriste’ tunisien
Selon le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages ‘FTAV’, Jabeur Ben Attouch, l’agence de voyage représente l’entité la plus proche du citoyen et touriste tunisien. En fait, le tourisme local est très important pour créer un équilibre entre l’offre et la demande dans le secteur, selon ses dires.
« On peut ajouter au slogan « La Tunisie est à toi ou Tounes Lik », « Connais ton pays ou aaref biledek », car le citoyen tunisien ne connaît pas la Tunisie », a-t-il affirmé.
La Tunisie compte plus de 2 millions élèves et étudiants qui peuvent être la cible du tourisme interne. Donc, c’est au ministère de l’Education de faire un effort pour encourager le tourisme interne, ce qui créera une dynamique en dehors des vacances, selon lui.
« Il faut aussi revoir le calendrier des vacances scolaires pour diminuer l’encombrement au cours de ces périodes de pointe », a-t-il expliqué, suggérant d’appliquer des remises allant jusqu’à 20% pour les Tunisiens et ce en les exonérant des taxes et de la TVA.
Pour sa part, le représentant de la Fédération tunisienne des restaurants touristiques a décrit le tourisme interne par ‘une soupape de sécurité’ surtout au moment des crises, comme c’est dans le cas de la pandémie.
« Le tourisme interne a la même importance que le tourisme externe voire même plus », a-t-il ajouté.
Pour ce qui est des points faibles, ils sont selon lui surtout le manque de médiatisation visuelle et la communication autour du tourisme local. Pour la participation des restaurants touristiques dans le secteur, il a estimé qu’ils représentent la solution la plus facile pour dynamiser le tourisme local malgré les difficultés rencontrées.
Comme tous les intervenants, la présidente de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien a estimé que le tourisme local est une composante importante dans le secteur touristique où il représente entre 20 à 25%…
« Il faut instaurer la culture du tourisme local comme dans les pays européens où plus de la moitié des touristes sont des nationaux», a-t-elle affirmé.
Pour ce qui est des propositions, figurent celles soulignant la nécessité de varier les produits et les services de bien-être, soutenir les festivals locaux, ce qui créera une dynamique importante dans les régions comme le festival de Douz par exemple, promouvoir le tourisme archéologique, développer les guides, encourager les agences de voyages en tant que conseiller pour le citoyen tunisien, encourager les startups, lutter contre les pratiques illicites de quelques agences de voyages, intégrer les maisons des jeunes dans le circuit touristique, toucher aux produits de terroirs et aux rituels de chaque région, laquelle doit être une destination touristique à part entière…