Alors que l’ONU marquait samedi 22 mars la journée mondiale de l’eau, près de la moitié des habitants de la planète sont confrontés à des pénuries d’eau au moins un mois dans l’année. En cause, une demande toujours plus forte et une eau toujours moins disponible, à cause du dérèglement climatique provoqué par les activités humaines. Face à cela, de plus en plus de pays se tournent vers le dessalement pour produire de l’eau potable en retirant le sel de l’eau de mer, comme l’Espagne, les pays du Golfe et surtout l’Algérie, qui vient d’inaugurer quatre usines de dessalement de l’eau.
Dans le monde, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Israël ou encore l’Espagne font partie des leaders du dessalement d’eau. Au Maghreb, le Maroc, touché par une sécheresse historique, a pour sa part annoncé fin octobre qu’il va construire la plus grande usine de dessalement d’Afrique.
C’est pourtant loin d’être une solution miracle : même si des progrès ont été faits, le dessalement consomme beaucoup d’énergie, en écrasante majorité du pétrole et du gaz, ce qui contribue donc à aggraver le réchauffement climatique. Enfin, les usines rejettent de l’eau très salée, parfois chargée en produits chimiques, ce qui affecte la biodiversité marine.
Repenser les politiques hydriques
En dépit de ces aléas, le dessalement se confirme comme une voie incontournable. La Tunis a pris le parti de s’y engager en plus de prospecter d’autres biais pour surmonter la crise hydrique actuelle. Celle-ci nécessite, impérativement, de repenser les politiques adoptées depuis des décennies qui se sont révélées incapables de garantir le droit de chacun à une eau potable et salubre, préconise le Forum pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES).
Il estime que les réformes doivent commencer par la révision du code des eaux, en veillant à ne pas reléguer l’eau au statut de «marchandise».
«Il est nécessaire de renforcer le rôle social de l’eau et de la préserver du gaspillage, et ce, en mettant en place des lois contraignantes et strictes qui s’appliquent à tous, sans exception et sur un même pied d’égalité », a insisté l’organisation.
Elle a, en outre, mis l’accent sur l’impératif de mettre en place des stratégies « plus efficientes » afin de surmonter les problèmes structurels de gestion des ressources en eau et d’adopter une nouvelle approche qui puisse garantir la justice hydrique, tout en étant en adéquation avec le principe de rationalisation de la consommation de l’eau.
Le Forum a, également, jugé indispensable de construire une vision sociale, économique et environnementale des ressources en eau. « L’autorité de tutelle est appelée aujourd’hui à prendre des mesures urgentes et d’anticipation pour faire face à la pénurie d’eau et ses effets socio-économiques en Tunisie », a-t-il conclu.
L’eau, principale revendication écologique
En 2024, le droit d’accès à l’eau a été la principale revendication environnementale. Les mouvements revendiquant le droit à l’eau ont représenté 59% de l’ensemble des mouvements environnementaux en 2024, s’établissant à 252 mouvements.
Durant la même année, les réserves d’eau dans les barrages n’ont pas dépassé les 35%, malgré l’augmentation de la moyenne des précipitations, ce qui peut s’expliquer, selon le FTDES, par la vétusté des ouvrages hydraulique devenus peu efficaces en matière de stockage des apports en eaux.