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L’économie, portion congrue de l’état d’exception!

Visiblement, la chose économique n’est pas la tasse de thé de Kais Saied. Il n’y consacre que peu d’énergie, un rien de temps et n’en parle pratiquement jamais sauf au titre de la spéculation, du monopole et des prix. Pourtant, l’économie, telle qu’elle dysfonctionne dans le pays, est la grande hantise des Tunisiens et leur point d’intérêt focal.  L’institut de sondage Arab Barometer a demandé aux citoyens de 12 pays arabes de mentionner les principales caractéristiques de la démocratie. Les Tunisiens ont cité l’économie plus que tout autre groupe. Cinquante-cinq pour cent ont déclaré que le gouvernement démocratique était un gouvernement qui « garantissait des opportunités d’emploi pour tout le monde. » Seuls 10% ont cité les élections libres et équitables.

Un peu d’esprit de suite donnerait à penser  que la transition démocratique, mise en place après la révolution de 2011, n’a pas été en mesure de créer des emplois. Et effectivement, la croissance est inférieure à 3 % depuis 2012. L’année dernière, en raison au covid-19, l’économie s’est contractée de 8 %. Le taux de chômage est officiellement de 18%. La faiblesse du dinar contribue à une forte inflation, elle se situe au taux de 6,2 % actuellement.

L’influent journal «The Economiste» estime que Le problème le plus pressant pour Kais Saeed est la tourmente financière en Tunisie : la dette publique est passée de 39% du PIB à 88%, le  dinar a perdu la moitié de sa valeur. Le pays semble pris dans le  piège de la dette, avec un déficit budgétaire total de 9%. les salaires du secteur public ont atteint 18% du PIB. La quasi-totalité des recettes publiques est consacrée au paiement des fonctionnaitres, ce qui laisse peu de place aux investissements et aux dépenses sociales.

En échange d’un crédit de 4 milliards de dollars (10 % du PIB), le Fonds monétaire international a préconisé que soient rabotés les salaires publics et supprimées  progressivement les subventions aux produits alimentaires et aux carburants. Il voulait conclure l’accord avant l’émission d’obligations prévue en octobre. Au lieu de cela,  affirme The Economiste, Saied a suspendu les négociations. Le prix des obligations tunisiennes s’est effondré. Certains se demandent si la Tunisie ne va pas faire défaut et prendre le chemin du Liban, où l’économie s’est effondrée, ajoute-t-il.

Les partis logés à la même enseigne économique

Le gouvernement précédent n’a accordé que peu d’attention à ces questions. Depuis la révolution, la politique a été déterminée par la lutte idéologique entre les islamistes et les laïcs. En économie, il y avait peu de distinction entre les partis. Les mesures et  demi-mesures ne fonctionneront pas. La libéralisation du taux de change et les nouvelles impositions fiscales ont suffi à heurter  les citoyens, mais elles n’ont pas pu réparer une économie en panne.

Deux mois après  le 25 ,juillet,  Saied a fait peu d’annonces sur la manière de réaliser les programmes économiques, à l’exception des plans de lutte contre la corruption et de l’utilisation des recettes pour financer le développement, fait remarquer le journal. Sa stratégie pour réduire l’inflation consiste à demander aux entreprises d’offrir des baisses. L’économie n’est pas son point fort et il a été peu aidé. Le 29 septembre, après un délai de deux mois, il a nommé la cheffe du gouvernement Najla Bouden Romdhane. Elle est la première femme à occuper ce poste, mais c’est aussi une professeure universitaire de géophysique peu connue. On ignore quel sera son pouvoir.

Pour être sûr, les plans de Saied ne sont pas très clairs, affirme la même source. Il a déjà parlé de sa vision de la démocratie, où les électeurs choisissent des candidats non partisans pour le conseil local et organisent des élections indirectes pour les hauts fonctionnaires. Cela conduirait à un parlement qui ne soit pas élu  en vertu de  l’affiliation à un parti. Mais dans les pays confrontés à une crise imminente, les changements de système peuvent être un processus long et controversé. Après la proclamation du président de la République, Kais Saied, ce qui existe aujourd’hui est un régime hautement centralisé dirigé par des  personnes qui n’ont aucune expertise ou tendance à résoudre les problèmes économiques de la Tunisie.  Même les plus petites choses nécessitent l’approbation de la  présidence de la République.  D’aucuns aiment souligner que la Tunisie a donné naissance à 10 gouvernements en 10 ans, dont aucun n’est efficace. C’est assez vrai, mais il faut se souvenir de ce qui s’était passé auparavant, à savoir que le règne d’une seule personne pendant 23 ans a été presque sans succès, conclut The Economist.

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