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Législatives : L’Armée fait son entrée en politique… sur la pointe des pieds !

L’une des singularités majeures des élections législatives de 2019 tient à ce qui peut être compris comme l’entrée en scène des militaires en politique. Un tournant copernicien dans l’histoire de l’Armée tunisienne, née avec l’Indépendance du pays, et qui avait l’habitude et la vocation de répondre à l’identique à tout ce qu’englobe la locution « grande muette ». C’est qu’un groupe de commandants à la retraite et d’officiers des forces armées tunisiennes ont annoncé début juillet la création officielle d’un parti politique, Halommou li Tunis (Agissons pour la Tunisie). C’était dans une déclaration sur Facebook où il était annoncé qu’ils ont déposé des listes candidates dans 17 circonscriptions électorales à travers 17 gouvernorats lors des élections législatives prévues pour le 6 octobre.

Mustapha Saheb Ettabaâ, président du parti et ancien officier militaire de haut rang, a précisé au site Al-Monitor que « nous avons obtenu le visa et nous sommes déterminés et sérieux dans nos préparatifs pour nous présenter aux élections législatives dans les 24 gouvernorats de la Tunisie ». Il a pris soin de souligner que l’idée de créer un parti visait spécifiquement à « mettre fin à la tradition consistant à tenir les militaires à l’écart de la politique, comme c’était le cas depuis l’indépendance, en 1956…. que le parti est ouvert à tous et l’entrée d’anciens commandants militaires dans l’arène politique et partisane ne signifie pas que l’armée en tant qu’institution s’est écartée de sa neutralité historique ».

Plus net et catégorique encore, il a soutenu que « nous nous efforcerons de nous attacher aux valeurs nationales et au sentiment d’appartenance, à l’enseigne duquel nous avons été élevés dans l’armée », expliquant également que le bureau politique de son parti, composé de trois officiers retraités, travaille actuellement sur une stratégie électorale visant à garantir que le parti soit représenté partout dans le pays.

Un mouvement civil centriste

Il convient de rappeler que la loi électorale adoptée en janvier 2017 a reconnu aux militaires en service actif et aux membres des forces de sécurité le droit de voter aux élections municipales mais continue de leur interdire de voter aux élections présidentielles et législatives. Les dirigeants du nouveau parti espèrent pouvoir construire une base populaire autour des familles des militaires, qui ont le droit de vote aux élections législatives et présidentielles, soulignant qu’ils se réclament d’un «  mouvement civil centriste dans le cadre d’un projet communautaire impliquant des choix éclairés et des plans pratiques et rationnels ».

Kamal al-Akrout, conseiller à la sécurité nationale du regretté président Beji Caïd Essebsi, a fait remarquer à Al-Monitor que les militaires à la retraite sont « des citoyens qui jouissent de tous les droits civils. Ils ont le droit de se livrer à des activités politiques et partisanes et de voter à condition de ne pas s’exprimer au nom de l’armée en tant qu’institution ou de ne pas servir dans une capacité militaire ». Il a souligné que « après la révolution, les partis ont toujours vassalisé l’institution militaire qui n’a pas dévié de la même approche adoptée depuis sa création, à savoir la neutralité et l’allégeance au pays uniquement. » Il a indiqué que les militaires continueront d’être neutres, à l’abri des tiraillements politiques et à égale distance de tous les partis ».

L’opinion « mitigée » d’Ennahda

Mohamed Ben Salem, dirigeant au mouvement Ennahdha, a, pour sa part, fait remarquer à Al-Monitor que « les officiers militaires à la retraite ont le droit de créer des partis politiques comme le prévoit la loi une fois à la retraite, et que leurs droits civils et constitutionnels sont alors rétablis. Néanmoins, il s’est dit préoccupé par le fait que « d’anciens officiers entreraient en politique en capitalisant sur le sentiment d’appartenance à l’armée et en faisant des sacrifices pour que le pays obtienne l’appui des électeurs, au lieu de se fier aux programmes politiques mis en place pendant les campagnes électorales ».

Synthèse par LM

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