AccueilLa UNELes banques tunisiennes ont-elles réellement refusé de financer le Trésor?

Les banques tunisiennes ont-elles réellement refusé de financer le Trésor?

Pour les besoins de son financement, le Trésor public tunisien avait lancé deux appels d’offres pour des BTA. Il  avait ainsi publié un premier avis, le lundi 13 septembre, où il déclarait  infructueuse l’adjudication des Bons du Trésor à Court Terme (BTCT) du 9 septembre courant pour 150 MD. Il déclarait aussi l’ouverture d’une adjudication de Bons de Trésor Assimilables (BTA) pour un montant de 120 MD. Par ailleurs, cette même adjudication n’a pas été retenue le 3 août dernier, contre la souscription des banques à des BTCT pour 406 MD au taux de 6,52%.

Allant vite en besogne, une partie de la presse tunisienne y avait vu un refus des banques de prêter à l’Etat sur le long terme et ce, pour manque de visibilité, politique en lien avec la crise politique des suites des dernières décisions du chef de l’Etat Kais Saïed  au titre de l’état d’exception. Mais aussi pour manque de visibilité économique et financière, avec un mois d’octobre qui approche sans qu’on n’entende parler de loi de finance corrective 2021, ni de projet de loi de finance 2022.

  • Refus des banques tunisiennes de financer l’Etat ? Non, nous disent-elles

Au ministère des Finances, on nous répond que « c’est un marché où il y a offre et demande. Et lorsque les conditions de l’offre ne correspondent pas aux vœux du Trésor, il peut la refuser et déclarer l’appel d’offres infructueux ». Les deux derniers appels d’offres ont été ainsi déclarés infructueux par le Trésor tunisien. « Il a en effet été jugé qu’au vu du montant offert, qui était de 50 MDT pour le Trésor qui en demandait entre 100 et 150 MDT, était trop cher », nous explique une source du ministère tunisien des Finances. A l’APTBEF, on comprend les deux parties. « Il y a bien sûr les taux, mis aussi la qualité du risque du Souverain, qui pèse sur la rémunération  et poserait question auprès des analystes internationaux ». 

Et on apprend à ce sujet que, dans son offre,  le Trésor fixe juste le taux facial, qui est ensuite corrigé par les prix offerts par les banques et les SVT (Spécialistes en Valeurs du Trésor). « Nous avions reçu une offre, qui n’était pas très importante et qui ne remplissait pas notre demande. Nous avions refusé cette offre après étude des courbes de taux, ce qui signifie au moins que notre besoin d’argent n’était pas du type à nous pousser à accepter n’importe quoi », et les deux adjudications ont ainsi été refusées, confirme notre source.

En réponse, nous précise-t-on, d’expérience, on sait que le mois d’août n’est généralement pas considéré comme la meilleure période de sortie sur le marché financier local.

La place financière était-elle réticente à cause du manque de visibilité, politique et financière ? On nous répond alors que c’est là une politisation d’une question purement financière, et on rappelle que le Trésor avait déjà récolté presque 500 MDT à travers la 2ème tranche de l’emprunt national encaissé le 23 août 2021, et que l’un des premiers actes de la nouvelle chargée du ministère des Finances, a été la signature d’une importante adjudication de BTA.

A l’APTEBEF, l’association professionnelle des banques, Hichem Rebai affirme à Africanmanager que, « refuser non. Il y a en effet un certain assèchement de la liquidité et  la mobilisation des ressources par les banques de la place marque un peu le pas », confirmant ainsi l’analyse de notre source du ministère des Finances.

  • Après deux appels d’offres infructueux, le ministère accepte 60 MDT

Cette dernière fait savoir  qu’un 3ème appel d’offre avait été dernièrement lancé pour un montant de 120 MDT, et que « on va finalement accepter une offre de 60 MDT, avec des conditions meilleures que les deux derniers appels d’offres, et cela devrait suffire aux besoins du Trésor ».Le  vice-président de l’APTEBEF nous a indiqué que « des banques ont, au contraire, pris part au 3ème appel d’offres, et cela fait suite à leur participation à l’emprunt national », ajoutant pour expliquer peut-être le petit montant offert par le fait « qu’il fallait faire des arbitrages, chacun selon ses disponibilités ». Pour les deux derniers appels d’offres, comme nous l’a d’ailleurs confirmé Hichem Rebaï, le marché n’était pas assez liquide malgré les chiffres de la liquidité de la BCT qui pourraient suggérer  le contraire. Rappelons aussi que les banques avaient également fait don de 160 MDT, dont 50 MDT pour faire réussir la rentrée scolaire après avoir déjà acheté beaucoup de BTA, prêté à l’Etat en devises, et participé à l’emprunt national en juillet ; cela sans compter les engagements des banques avec les entreprises publiques.

Et c’est peut-être, c’est en tout cas comme cela qu’on nous le présente, ce manque de liquidité chez les banques, par ailleurs confirmé par le représentant de l’APTEBEF, qui explique l’importance des taux d’intérêt qu’elles ont demandés au Trésor public. Et c’est peut-être aussi que le refus par le Trésor de l’offre des banques, permettrait d’éviter l’effet d’éviction. « Il y a des limites à tout. Il y a pour les banques, des ratios à respecter, mais il y en a qui n’ont pas de grain (Ndlr : de la marge), ou préfèrent les laisser pour accompagner leurs clients », conclut Hichem Rebaï.

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