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Lettre ouverte et leçon d’unité, à Noureddine Taboubi et BCE, qui ne la liront pas

Le 20 mars 2019 à Carthage, le chef de l’Etat avait bien commencé un discours en parlant longuement de l’unité nationale qui caractérisait la Tunisie de l’après indépendance interne. Le vieux leader ne tiendra cependant pas longtemps dans cette voie, sa discorde avec le chef du gouvernement, qui restera par ailleurs de marbre devant toutes les piques du chef de l’Etat, lui restant manifestement encore au travers de la gorge. Il conclut en tout cas ce premier chapitre de son long discours de plus d’une heure, en disant «فبحيث [Ndlr : Traduisez «Enfin de compte»] ce que je veux dire, pour tirer les conclusions que nous devons, c’est que la Tunisie a toujours su engager ces épopées, dans une unité nationale indestructible et y a toujours réussi», sans oublier de mettre l’accent sur le rôle joué, dans cette unité, par les deux organisations, ouvrière et patronale.

Cette lettre aurait pu aussi s’adresser au chef de l’Etat, pour lui dire d’arrêter de diviser le pays pour une dispute, partisane et même familiale, et à propos d’un pouvoir qui n’a plus aucun poids, tant l’autorité de l’Etat a été liquéfiée par un peuple qui a décidé de prendre ce qu’il croit être son droit, par la force et la désobéissance à celle de l’Etat.

Force, tout de même, est de constater que l’UGTT a été l’une des première à réagir à ces propos. On ne saura pas si son SG le pensait vraiment ou s’il faisait cela juste pour se dédouaner, mais le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a déclaré, mercredi 20 mars 2019, que l’UGTT «soutient l’unité nationale, fondée sur les constantes ayant pour objectif de sauver l’économie nationale et d’améliorer les conditions des citoyens».

  • Taboubi et l’unité (pas monétaire), mais Nationale et non par genre professionnel

Il est ainsi important de rappeler à Noureddine Taboubi que son syndicat est presque derrière tous les malheurs financiers de la Tunisie. C’est en effet le syndicat ouvrier qui a, dès l’Assemblée constituante, empêché de baliser le sacro-saint droit de grève, par une constitutionnalisation du droit du travail. Il donnait ainsi le droit aux grévistes d’empêcher de travailler ceux qui ne voudraient pas faire grève. C’est en effet toujours les syndicats régionaux qui ont été derrière tous les mouvements sociaux, même lorsqu’il n’y avait pas ordre de grève. C’est toujours aussi l’UGTT qui a à plusieurs reprises carrément arrêté la machine de la production nationale, par des grèves générales et nationales, et toujours pour des revendications salariales qui n’ont jamais tenu compte des capacités financières d’un pays où les principaux secteurs comme l’énergie ont été mis à genoux par des protestations adoubés par les syndicats, où le tourisme a été frappé par le terrorisme. Le vrai sens de l’unité nationale aurait été de défendre toute l’économie et non les intérêts d’une partie de la population, comme la fonction publique qui ne représente que 0,1 % dans la chaîne de création de valeurs, ou les entreprises publiques, toutes déficitaires et structurellement mal gérées.

  • L’Unité oublie, au moins pour un temps, les différences sociales et non les exacerbe

Inutile aussi de rappeler à Noureddine Taboubi que ce sont les incessantes demandes d’augmentations salariales, dont il ne cesse de se faire l’unique porte-parole, qui ont amené le trésor public au recours à l’endettement, la masse gonflée des salaires étant presque toujours dépensée pour les hausses salariales. Nous lui rappelons qu’il est, lui aussi, agent d’une entreprise publique, mis à disposition et qu’il serait presque passible de l’article 96 du code pénal, en ce sens qu’il est aussi bénéficiaire des augmentations pour lesquelles il fait faire grève. Le vrai sens de l’Unité nationale était de comprendre qu’il s’agissait d’abord de créer la valeur ajoutée, par le travail, avant de penser à la partager, aux dépens des milliers de chômeurs qui n’ont même pas de salaires pour en demander l’augmentation. L’Unité est Nationale, dans le sens aussi où elle tient compte des intérêts de tout le monde et non seulement de celle d’une frange de la population aux dépens et sur le dos du reste. L’Unité Nationale est dans le meilleur comme dans le pire, et l’économie tunisienne est actuellement dans le pire. L’unité nationale c’est comme un couple, il se soutient et se serre les coudes et ne s’alourdit pas le dos, l’un de l’autre, par des demandes insoutenables, l’un au seul profit de l’autre. L’unité nationale serait, pour la faire courte, d’arrêter de faire grèves et mouvements sociaux. De donner à l’économie de tout le pays le temps de souffler et de se remettre sur pied, avant de lui demander toujours plus de salaires et autres avantages.

  • L’unité se met au-dessus des guerres partisanes, et non les nourrit

C’est aussi et enfin d’arrêter de déstabiliser un gouvernement qui n’en peut plus de donner sans recevoir en contrepartie de production et de productivité. La situation n’est plus tenable, à cause de lui, pour tout le monde. BCE chez qui il s’en va chaque fois se plaindre du gouvernement vient d’ailleurs de se rendre à l’évidence : «J’ai voulu trouver des solutions [aux graves difficultés économiques qu’il citera dans le détail], mais je l’avoue, je n’ai pas pu», a-t-il ainsi dit, le 20 mars, quelques minutes après avoir dit qu’il n’en est pas responsable, vu que l’Etat est dirigé par une seule partie de l’Exécutif, comme il s’en lamentera en mettant en exergue une sienne lecture de la Constitution. Comme l’a aussi dit le chef de l’Etat, la solution réside dans l’unité nationale. Mais pas pour le seul intérêt des employés de l’Etat, mais autour des intérêts de tout l’Etat tunisien. A bon entendeur, et c’est loin d’être sûr, salut.

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