L’UGTT a décrété une grève générale dans le secteur public et la fonction publique. Son bureau exécutif devrait en définir ultérieurement la date et les modalités.
La décision est intervenue aujourd’hui, lundi, à Hammamet, en application des recommandations des groupements du secteur public et de la fonction publique, qui appellent à décréter une grève générale pour « défendre les droits économiques et sociaux des travailleurs. »
La commission administrative du Syndicat des travailleurs a renouvelé son appel au gouvernement pour qu’il mette en œuvre ses engagements de retrait de la circulaire n° 20, de mise en œuvre des accords sectoriels, d’augmentation du salaire minimum garanti et d’ouverture de négociations sociales pour réviser les salaires dans la fonction publique et le secteur public.
La centrale syndicale a également appelé l’UTICA à mettre en œuvre ce qui a été signé dans l’accord de janvier 2022 concernant l’augmentation des salaires des travailleurs du secteur privé et d’accélérer la signature des avenants restants à publier au Journal officiel.
Une rencontre finie en eau de boudin !
Clairement, l’entrevue qui a réuni, hier dimanche, le secrétaire général de l’UGTT et le président de la République, Kais Saied , à la demande de ce dernier, n’a pas été concluante. Un résultat à l’image de la plupart des rencontres entre les deux hommes, allant décroissant depuis le 25 juillet auquel l’Organisation avait, pourtant, donné sa bénédiction, pour se raviser ensuite au prorata des décisions que le chef de l’Etat prenait en cavalier seul.
Un comportement qui lui a valu d’être décrié aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger comme un président attaché à l’exercice autocratique du pouvoir à coups de décrets présidentiels, sans la moindre concertation avec ceux qui ont rang de parties prenantes dans la Res publica, et d’abord les parties politiques qu’il a voués aux gémonies , et ultérieurement les organisations professionnelles et la société civile avec des relations qui évoluent en dents de scie.
L’Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat, par exemple, s’est est offusqué pas plus tard que ce lundi en estimant que le Haut comité national consultatif pour la nouvelle République, est une simple instance consultative dont les travaux n’engagent en rien le président de la République qui peut les rejeter, ce qui est de nature à limiter fortement l’efficacité de sa composition.
Il pense aussi que le recours aux doyens des facultés de droit au sein de la commission juridique « n’est pas rassurant car ils ne sont pas tous experts en droit constitution, en plus de leurs engagements en cette période d’examens de fin d’année ». Recourir aux avocats pour une sortie de crise, n’est pas la solution, estime la même source qui ajoute que le pays regorge, pourtant, de hautes compétences dans les domaines économique, social et financier qui peuvent mettre à contribution leur expertise.
Le président de la République a nommé le doyen Sadok Belaïd au poste de président coordinateur du Haut comité national consultatif pour la nouvelle République et Brahim Bouderbala, à la tête comité consultatif des affaires économiques et sociales.
Quel attelage pour quelle République ?
Cet attelage a-t-il le pedigree requis pour mener à bien les tâches que lui a confiées le président de la République alors même que s’en trouvent exclus les forces politiques et sociales sans lesquelles les échéances électorales et référendaires seraient un exercice inconséquent, car organisées à l’enseigne d’une outrecuidance et d’un rien de désinvolture inexplicables ?
Et puis et surtout, la Tunisie a-t-elle besoin de s’offrir une nouvelle République moins d’une décennie après l’avènement de la deuxième ? Tout juste faudrait-il en changer mutatis mutandis quelques dispositions constitutionnelles, voire à la toute rigueur, remanier les attributions de l’Exécutif et de le Législatif pour les besoins d’un équilibre qui mettrait de l’ordre dans les relations entre l’un et l’autre.
Surtout, il sera de la toute première importance voire vital pour le pays que le système électoral- inconsidérément ou pernicieusement – choisi par les constituants soit vite démantelé pour laisser la place à un autre moins obsolète, moins biscornu, et résolument tourné vers une architecture politique et constitutionnelle indemne de tout ce qui est de nature à rééditer ce cirque parlementaire dont les Tunisiens ont été les témoins éplorés et attristés à leur corps défendant, pendant de longues années.