Combien de touristes et de visiteurs étrangers sont-ils venus s’imprégner de la beauté majestueuse des dunes de sable du grand Erg oriental du Sahara, à Douz, au Sud de la Tunisie.
Des centaines de milliers, sans doute. Mais, combien parmi eux ont-ils eu l’occasion de savoir qu’à deux pas de là, dans l’oasis de Zâafrabe, des savants allemands du début du 20ème siècle avaient situé la fameuse Cité de l’Atlantide dont les habitants, « des hommes divins d’une beauté de corps exceptionnelle et doués de créativité incomparable », selon les anciens auteurs grecs, avaient, des milliers d’années avant notre ère, soumis sous leur empire toute la région méditerranéenne.
Très peu sûrement !
La lacune, qui peut être quantifiée comme étant un manque à gagner pour la promotion intelligente du tourisme tunisien, est à mettre sur le compte des guides de routes et de voyages ou encore guides touristiques vendus ou distribués, qui continuent de ressasser des généralités transposables à tous les lieux sans distinction, ignorant ce qui fait la spécificité réelle de chaque site, aux plans géographique, historique et culturel.
« Conçus pour guider et éclairer le voyageur comme leur nom l’indique, ces guides devraient être inspirants et se renouveler pour livrer des pistes d’exploration hors des sentiers battus, a noté, avec raison, un analyste.
Les tertres de Nefzaoua, dans cette même région saharienne du Sud tunisien, en constitue une piste de choix.
Il s’agit des restes d’anciennes petites palmeraies aménagées jadis autour de monticules de forme conique creusés au centre par une source artésienne d’eau douce. Aujourd’hui, ces sources sont taries suite à la prolifération des forages mécaniques tandis que les tertres qui les supportaient autrefois, ont été abandonnés à leur propre sort.
L’universitaire Atef Raddadi qui les a étudiés avec deux autres collègues, en a compté près de 160 s’étalant sur toute la rive sud de Chott el Jérid. Il les a qualifiés « de patrimoine géomorphologique unique au monde », outre leur valeur historique et culturelle.
L’historien grec Hérodote, au cinquième siècle avant notre ère, les a longuement évoqués et décrits.
Atef Raddadi a insisté sur la nécessité de mettre sous protection ces tertres « considérés comme le premier maillon de l’histoire de l’occupation de cet espace oasien par les hommes», ajoutant que « ce paysage présente indéniablement une attractivité, et une esthétique exceptionnelles, avec ces formes végétalisées à leur base, émergeant dans l’uniformité plate des chotts ».
Jeune mariée et anciens bains maures
Aussi ancienne et pittoresque, la capitale Tunis, à six cent kilomètres, au nord, recèle, à l’instar des autres villes et localités tunisiennes, et comme partout ailleurs dans le monde, des mystères enchanteurs, enfouis ici et là, qui n’attendent que d’être explorés pour charmer généreusement leur visiteur.
Mais, c’est encore hors des sentiers battus des circuits officiels et figés des Tours Opérateurs que le visiteur pourra découvrir ces merveilles, au sens propre des termes, comme on dit « contes merveilleux ».Ils sont, aussi, localisés, pour la plupart, dans la vielle Médina.
Ce qui est regrettable, c’est que les autorités ne font rien pour les préserver et les promouvoir, a souligné un citoyen qui a mentionné, à ce sujet, la rue d’El Aroussa (rue de la mariée), dans le quartier de la Kasbah, donnant sur la rue du Pacha devenu un pôle touristique en extension constante. Le mystère de cette rue est que les femmes tunisoises de tout temps évitaient de s’y aventurer et de l’emprunter parce qu’une jeune mariée y avait, autrefois, mystérieusement disparu. La rue, sombre par son architecture spéciale, donne réellement la chair de poule.
Des histoires analogues sont racontées à propos des anciens bains maures de Tunis, comme le bain maure dit « le bain de l’or »(hammam edhahab), dans la rue de Sidi Mahrez, un souk très fréquenté de la Médina de Tunis, de sorte que ce bain est fréquenté seulement par les hommes.
Ces anciens bains maures sont de véritables monuments historiques.
Selon son gérant, l’ancien bain maure de la rue de Sidi Mahrez est le deuxième bain maure construit dans la ville de Tunis, au 13ème siècle, après le bain maure de la rue de Hammam Rémimi (bain de Rémimi) bâti en 1250, il y a près de 770 ans, comme l’indique une plaque commémorative en marbre.
Le Saint Sidi Mahrez, patron protecteur de la ville de Tunis, vécut au 10ème et 11ème siècle, au début à l’Ariana, dans la banlieue, avant d’habiter Tunis, à la rue portant encore son nom et où se trouvent son mausolée et une mosquée qui lui est dédiée.
L’ancienne communauté juive de la ville de Tunis qui vivait dans le quartier situé au prolongement de la rue de Sidi Mehrez, vouait à ce saint de l’Islam un respect spécial, car il facilita l’installation des juifs en plein cœur de la ville de Tunis, après avoir été, longtemps, contraints à s’installer à l’extérieur des remparts de la ville, aux dires des historiens. Leur quartier s’appelait el hara (mot arabe qui signifie quartier, soit exactement le quart, ou quatre).
S.B.H