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On n’ira pas à Paris, mais à Washington, et on n’augmentera pas les impôts. Enfin …Oui

C’est dans un hôtel, fatigué de la sinistrose du tourisme à Kantaoui (Sousse), qui a perdu beaucoup de sa splendeur, et presque déserté par les touristes, que s’étaient réunies les 900 personnes invitées à la 35ème édition des Journées de l’entreprise de Sousse (JES). Heureusement qu’ils avaient tous montré patte blanche à une organisation de l’Image qui avaient exigé le pass sanitaire Covid pour tous.

On devait assister à un débat, franc et constructif, entre entrepreneurs et responsables de premier plan, dans une édition des JES, faussement placée sous le thème de « l’entreprise & la république, une reconstitution commune ».

Force était malheureusement de constater que la nouvelle République et ses représentants présents aux JES, travaillaient toujours en solitaires et n’avaient que très peu la volonté de dire, d’une manière transparente, quoi que ce soit sur le premier budget de la République « made-in Kais Saïed « . L’échange et la transparence avaient quitté les JES de 2021, tout comme le nouvel Etat que tente de mettre en place depuis le 25 juillet dernier Kais Saïed.

Session, dite spéciale car tenue de nuit, le 1er panel qui était placé sous le titre de « financement du stress budgétaire et ses effets collatéraux » mettait déjà les pieds dans le plat d’une conjoncture économique nationale où le gouvernement en place ne savait toujours pas comment financer, ni la LFR (loi de finance rectificative) 2021, ni la LF (loi de finance) 2022. Or, durant les deux heures que durera ce panel terminé presqu’à minuit, ni le gouverneur de la BCT, ni la ministre des Finances, n’ont rien révélé à ce propos.

  • On ira tous au FMI, pas au Club de Paris

Notons d’abord ces quelques petites assertions du Gouverneur de la BCT Marouane El Abassi immodérément optimiste, sans savoir à qui il les destinait. « S’il n’y a pas de stabilité politique, on ne pourra rien faire », disait-il. Et d’ajouter que « la non-prise de décision politique coûte ce que nous sommes en train d’endurer », avant d’affirmer que « on est en train d’essayer de conclure un accord avec le FMI, et qui devrait intervenir dans les semaines à venir, et qui devra être acceptable par toutes les parties ».

Plus tard dans la soirée du jeudi du 9 décembre 2021, le Gouverneur de la BCT s’attardera à répondre aux cassandres qui prévoyaient que la Tunisie ira au Club de Paris. « J’ai 120 jours d’importation en devises (Ndlr : 119 au jour du 10 décembre), et j’espère que ça va augmenter. On a payé notre dette, sans la monétiser. La Tunisie n’est pas en défaut de paiement, il n’y aura donc pas de Club de Paris et on fera accord avec le FMI avant la fin du 1er trimestre 2022 », martelait Marouane El Abassi. Ce dernier a d’ailleurs été suivi par la ministre Sihem Nemsia, pour une certification à deux que la Tunisie n’ira pas au Club, mais au Fonds à Washington.

  • « On n’augmentera pas les impôts, enfin … oui !

La ministre des Finances a dit peu ou prou sur la LF de 2022, sauf que le ministère y travaille et qu’elle sera promulguée par décret présidentiel. Elle a cependant refusé de parler du budget de la même année, son volume ou le montant des besoins financiers qu’il nécessitera « On est en train de travailler sur la LF, Inchallah. Les anciens délais n’ont pas été dépassés car nous travaillons dans le cadre des mesures exceptionnelles, mais le  projet est presque finalisé, et nous y avons écouté tout le monde, et pris en compte certaines de leurs propositions ».

Dans cette prochaine LF, dont elle ne savait toujours pas comment la financer, ou ne voulait pas le dire, la ministre Nemsia a, au début, annoncé qu’elle n’augmentera pas les impôts, avant de se rattraper pour dire que les impôts indirects y seront augmentés. Elle s’est ensuite ravisée et nié l’avoir dit, et assurer que « ce ne sera, ni la TVA, ni les droits de consommation, mais d’autres pistes » sans vouloir préciser ces « pistes » sur lesquelles le ministère des Finances compte pour mobiliser les ressources nécessaires à la LF 2022. Du budget, qui devrait préciser à quelle fin seraient dépensées ces ressources à mobilier, elle n’a point parlé.

  • Le discours « mauve », pour une « nouvelle ère » de Nejla Bouden

Le clou du spectacle des JES de Sousse, aura finalement été d’entendre la voix de Nejla Bouden et le discours de la cheffe du gouvernement tunisien, dans sa toute première sortie publique. Frêle et de noir vêtue, Nejla Bouden était entrée dans la salle des JES « sous une salve d’applaudissement silencieux ». Elle lit ensuite un discours dans un arabe qu’elle ne maîtrisait manifestement que peu bien qu’écrit, qu’un ancien journaliste reconverti avait assimilé à un « discours mauve pour une nouvelle ère », en référence à l’ère Ben Ali dont la couleur de prédilection était le mauve et dont les discours étaient toujours sans relief, avec plein de bonnes intentions et d’orientations socioéconomiques générales sans mesures détaillées. « Un discours à la 7 novembre », nous dira à la fin un autre ancien journaliste reconverti.

Il faut dire que la cheffe Bouden n’y était pas allée de main morte pour noyer le poisson de ce qu’elle était attendue de dire de sa politique économique et des mesures qu’elle compterait prendre pour assurer la relance de l’économie. Et elle l’avait tellement noyé qu’elle fera le lapsus révélateur de parler de « créer la révolution » (خلق الثورة) en lieu et place de « créer de la valeur » (خلق الثروة), et finit par un « le miracle tunisien est en marche ».

Manifestement consciente du peu d’effet de ce discours, très timidement applaudi, elle décide de parler en langue française, pour assurer un « retour rapide de la croissance », que « tous les freins seront levés », ajoutant que « nous avons actionné la guillotine administrative ».

Au final, la cheffe du gouvernement du chef de tout l’Etat, a raté l’occasion d’expliquer son programme économique aux premiers concernés par la relance économique, et n’a rien dit qui  rassure les hommes d’affaires, par rapport au discours belliqueux de Kais Saïed à leur égard.  

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