Il existe une causalité intime et jumelle entre la stabilité politique et la mobilisation de l’investissement direct étranger. Ce sont deux termes d’une équation viscéralement liés l’un à l’autre. Et de toutes les façons, les investisseurs ne vont jamais injecter leurs capitaux là où les crises, les révoltes, les grèves et sit-in, les contestations anticipées et posthumes d’élections sont chose courante.
Au demeurant, un bon investisseur est celui qui investit sur le long terme, et cette démarche, pour s’attribuer la longévité nécessaire et requise, doit s’insérer dans un environnement politique et social exempt de turbulences quelles qu’en soient les origines.
La Tunisie peut-elle être interpellée sous cet angle ? Assurément oui si l’on se référait uniquement à l’arithmétique des départs et des intentions d’implantations recensés depuis le 14 janvier 2011.Sous l’effet d’une effusion de débrayages, de sit-in et d’une fièvre revendicative qui, faut-il le relever, a tendance à s’estomper, maintes entreprises étrangères ont préféré tourner le dos à la Tunisie pour délocaliser sous d’autres latitudes plus amènes à leurs affaires.
Mais celles qui ont fait le pari de rester sont indiscutablement en droit d’attendre un autre retour sur investissement, car, le pays où elles ont choisi d’investir est dans les starting-blocks d’une économie où la gouvernance sera l’axe autour duquel s’ordonnera toute l’activité économique qu’il s’agisse de libertés publiques, de paix sociale et d’absence de turbulences, de transparence , de qualité de la réglementation , d’Etat de droit et de lutte contre la corruption.
Il ne s’agit pas de vœux pieux, mais d’orientations qui participent de toutes les expériences démocratiques menées jusqu’ici dans les pays de l’Europe de l’Est, d’Amérique latine ou d’Asie du Sud-est. Les uns et les autres sont en train d’en récolter les meilleurs dividendes sous bien des rapports, et au premier chef, l’attrait vis-à-vis des investisseurs étrangers, et dans une plus large mesure en termes de croissance économique et de bien-être social, avec en prime un chômage absolument moins lancinant .
Le premier indice, si ténu soit-il, que l’on peut relever dans ce sens est que nonobstant les troubles qui ont secoué le pays, les entreprises étrangères n’ont pas perdu confiance dans le site Tunisie, d’autant moins que l’on recense l’entrée en production de 33 nouvelles entreprises étrangères après la révolution du 14 janvier et l’extension d’unités déjà en place (65 sociétés).
A ce bilan dressé par le directeur général de l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (FIPA), il faut ajouter une soixantaine de missions d’investisseurs étrangers venant de plusieurs pays (USA, Grande Bretagne….) et 15 entreprises internationales actives dans l’outsourcing qui ont visité la Tunisie pour s’informer du nouveau climat d’affaires. Un climat d’affaires sain qui mettra fin aux obstacles auxquels ils se heurtaient auparavant », a-t-il affirmé, indiquant que tous les indicateurs augurent de bonnes perspectives pour les IDE en Tunisie.
On pourrait être tenté de voir dans de semblables propos un message lénifiant lancé à la veille de l’ouverture du « Forum de Tunisie sur l’Investissement 2011», mais avec un millier de participants dont 320 étrangers représentant 26 pays, on finirait par se persuader qu’il s’agit d’un « signe révélateur de la confiance dont jouit la Tunisie auprès des investisseurs internationaux ».
On ne peut pas demander davantage à ceux-ci au moment même où ils sont instamment sollicités par bien des sites d’investissement, leur offrant, de surcroît, moult incitations défiant par endroits toute concurrence. Ceci doit signifier que les Tunisiens devront trouver la ressource et surtout la lucidité de saisir et comprendre ce qui se passe dans le monde pour rompre toutes affaires cessantes avec ces pratiques nocives des grèves et des blocages de routes, pour n’en citer que celles-là, et s’inscrire dans le giron de la Révolution telle qu’elle est sainement conçue et patriotiquement mise en œuvre.