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Quelle destinée pour le cinéma à l’ère des plateformes ? Un forum aux JCC s’y attelle

Dans le cadre de la 32ème des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), un forum sur les plateformes a été organisé, lundi le 1er novembre, à la cité de la Culture Chedli Klibi. Les intervenants dans ce débat étaient le producteur et distributeur de films et de séries télévisées, le libanais Sadek Sabbah, Yahia Mgarrech, co-fondateur de la plateforme de streaming tunisienne Artify, le distributeur et exploitant de salles de cinéma, le tunisien Lassaad Goubantini, le professeur émérite à la Sorbonne et fondateur du Centre d’études sur l’image et le son médiatique, François Jost. Le forum a été modéré par Hammadi Bouabid, universitaire et réalisateur.

L’organisation de ce forum intervient dans un contexte où les supports audiovisuels gagnent de plus en plus du terrain. Ceci fait craindre la disparition des salles obscures.

Les problématiques posées par le forum tournaient autour de l’état des lieux des plateformes dans le monde et leur rôle dans la vulgarisation de l’accès au cinéma à un large public. Les intervenants se sont interrogés sur l’apport de ces supports pour favoriser, ou au contraire mettre en péril, l’industrie cinématographique mais aussi pour renforcer les échanges Nord/Sud.

Dans la conjoncture tunisienne, les questions qui se sont posées concernaient la place de l’industrie cinématographique avec l’arrivée de ces plateformes. Sachant qu’en Tunisie, Artify est la seule plateforme nationale dans le marché international SVOD. D’autant plus qu’il reste encore à façonner le cadre juridique et financier de ces supports.

François Jost a présenté l’évolution du cinéma jusqu’à l’apparition des plateformes. Selon lui, ce n’est pas la première fois que le cinéma a été mis en concurrence avec d’autres supports. Le parallèle entre cinéma et télévision s’apparente à celui entre cinéma et plateformes. Il a décrit un monde audiovisuel submergé par le streaming, le podcast, le replay, et autres VOD. Ces plateformes, ont permis, selon l’expert français, de contourner la rigidité des canaux de financement et de distribution classiques en faisant émerger d’autres possibilités pour les jeunes créateurs, contribuant ainsi à la démocratisation de la narration. La télévision demeure toutefois la véritable concurrente des salles de cinéma.

Les plateformes pourraient constituer un complément de financement pour la production de films, a noté Sadek Sabbah. Elles permettraient également une meilleure diffusion des films issus de la région arabe face au faible nombre des salles de cinéma, a souligné le directeur du festival de Luxor, Sayed Fouad.

Pour Hammadi Bouabid, les salles de cinéma et les plateformes ont des publics différents. Ces supports n’ont pas véritablement dévié la fréquentation des salles de cinéma vers le numérique. Les plateformes ne menaceraient pas le cinéma si elles payent les droits d’auteurs et sont légales, a renchéri Lassaad Goubantini. Les véritables menaces sont les sites illégaux. Il relève toutefois l’absence d’un cadre légal concernant ces plateformes. Il a déploré également l’absence d’une chronologie des médias. Celle-ci suppose que le film soit diffusé dans les salles de cinéma, la télévision puis les plateformes streaming.

De son côté, le co-fondateur de Artify a présenté le modèle économique de son site en citant quelques chiffres sur sa fréquentation. Ainsi le film « Regarde-moi » de Néjib Belkadhi a atteint 9 mille visionnages suivi par le film « Dachra » de Abdelhamid Bouchenak avec 7 mille vues. Il a indiqué par ailleurs que 10% seulement de son contenu est monétisé. Yahia Mgarrech a fait savoir, enfin, que sa plateforme brassera large bientôt en couvrant toute la région maghrébine.

Le directeur artistique des JCC, Kamel Ben Ouanes, a conclu en soulignant que la priorité reste d’abord la possibilité de faire des films. La problématique de leur diffusion est ultérieure. D’après lui, la spécificité du cinéma du Sud (cinéma d’auteurs, ayant un ancrage social et en quête d’une nouvelle esthétique) fait que sa vocation n’est pas commerciale.

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