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Sami Zaoui s’explique sur l’affaire des 63 de TT et ne nie pas les menaces du syndicat.

L’affaire des 63 renvoyés de TT (Tunisie Télécom) continue d’évoluer et le climat social de l’entreprise ne semble pas près de s’assainir avec des sit-in qui continuent devant le siège de TT au Lac, hier matin, gardé par les militaires. Entre syndicat, direction générale (DG) de TT, ministère de l’Industrie et des TIC et les représentants des renvoyés, il y a même une sorte de cohue communicative, des malentendus, des prises de position, supposées ou réelles et des contre-prises de décision, des articles de presse enflammés et, de toutes les façons, une entreprise en ébullition et en arrêt d’activités.

Le nœud gordien de toute cette affaire est indiscutablement l’article 10 du PV signé entre ministère et UGTT, et qui signale la ferme volonté de réviser les statuts de 63 hauts cadres parmi le Top-management de TT, à cause notamment de la disparité salariale. Un article interprété par ces derniers comme une fin de non-recevoir opposée à la continuité de leur emploi chez TT. Un sentiment exacerbé par les menaces reçues par ces hauts cadres, le refus de les laisser entrer dans leurs bureaux respectifs jusqu’à changer les serrures de ces bureaux pour les en empêcher et l’initiative de certains syndiqués de TT de lancer des contacts d’embauche pour les remplacer.

Et même si le ministère campe  sur sa position de non dénonciation du PV, son secrétaire d’Etat semble plutôt compréhensif vis à vis de la position des 63. «Ces compétences ont été recrutées par TT, car elle en avait besoin, mais dans des circonstances où le cadre juridique ne permettait pas de le faire, ce qui explique le recours au cadre contractuel. Il fallait créer un statut particulier qui a maintenant trop duré et qu’il faut maintenant réviser en créant l’harmonisation d’une façon urgente », explique Sami Zaoui. Il ajoute cependant que «celui qui ne veut pas savoir que TT est dans un secteur concurrentiel et qu’il fallait mettre fin à l’hémorragie des départs de ses cadres, n’a rien compris. Le seul moyen de les retenir se fait par le salaire et publier leur grille de salaires sans faire la comparaison avec les salaires de leurs semblables chez la concurrence, est un non-sens », et de finir par dire que «s’il s’avérait qu’il y a abus par rapport à la concurrence, cela sera sanctionné au niveau de TT. Mais  s’ils sont en conformité avec la concurrence, je n’ai aucun souci à ce propos».

Le syndicat rompt la négociation dont il veut éliminer la direction générale.

Une séance de négociation avait réuni, samedi dernier, Sami Zaoui, secrétaire d’Etat aux TIC avec le syndicat. «Dans notre logique, [nous explique S. Zaoui que nous avons rencontré], la réunion de samedi dernier était prévue pour que TT nous donne son plan d’action pour appliquer l’article 10 qui est par ailleurs une réponse à une demande syndicale de ne plus travailler en double régime, en date du décembre dernier.  «Le syndicat nous répond alors que non, on ne s’est pas compris. Pour nous, sur les 63 cadres, 60 au moins doivent partir maintenant. Si vous avez 2 ou 3 noms, ont peut juste étudier leurs cas». Le SE aux TIC n’a en effet pas bien compris le syndicat. «Pour le ministère, on ne voit pas en quoi je dois considérer que ces 63 personnes doivent quitter, ils doivent juste rentrer dans un régime harmonisé», nous indique-t-il.

Pour le secrétaire d’Etat et son ministère qui s’en tiennent à l’accord signé avec l’UGTT, «l’article 10 dit qu’il y a des disparités des salaires entre contractuels et permanents, et il faut enlever ces disparités, car il ne faut donc pas que TT travaille par ce genre de contrat ». Ce qui restait donc, toujours selon S. Zaoui, c’est juste la tenue de séances de travail pour voir quelles sont les modalités d’application de cet article 10, pour enlever ces disparités.

Le syndicat menace, et l’entreprise et ses cadres !

On signalera cependant que le syndicat a pourtant brandi des menaces pour le conclure. Le secrétaire d’Etat ne le nie pas, qui répond diplomatiquement à notre question de savoir si le ministère a effectivement reçu des menaces de la partie syndicale, d’arrêter le réseau téléphonique fixe de TT et même une action de sabordage de certains centraux  téléphonique, que « c’était une discussion et des négociations qui se sont déroulées dans un climat excessif». Même si elle est politiquement correcte, la réponse du SE aux TIC n’infirme pas ce qu’on nous a rapporté.

Cela ne semble pourtant pas avoir suffi au syndicat de TT qui a quitté la réunion du samedi au bout de 12 minutes. S’en est suivi un communiqué de presse du ministère, supposé «calmer les esprits », mais qui n’était pas du goût du syndicat. «Le lundi, le syndicat de TT revient pour nous dire qu’il pourrait reprendre la réunion, à la condition sine qua non de ne pas y faire participer la direction générale de TT », nous précise le SE aux TIC qui ajoute que  «ce à quoi nous avons répondu qu’il n’en est pas question ». Le dialogue est ainsi rompu et le torchon brûle apparemment désormais entre ministère et syndicat qui voudrait tout ou rien !

Le SE aux TIC ne déments pas non plus nos informations sur des menaces reçues par certains cadres du groupe des 63 et de certaines pratiques, comme le changement de serrures pour des bureaux de certains cadres dont nombre aurait même reçu des menaces par SMS. Il se montre même plutôt ferme à ce sujet, affirme et martèle même que «nous considérons cela comme inadmissible et il y aura application de la loi et prise de sanctions, chaque fois que de tels agissements auront été identifiés et avérés. Menacer physiquement quelqu’un, occuper illégalement son bureau, ce  sont des pratiques hautement répréhensibles et le ministère prendra les sanctions nécessaires », dira-t-il.

Que compte faire le SE aux TIC pour l’article 10 ?

Le problème reste ainsi entier. D’une part, un syndicat qui refuse toute négociation et réclame le départ immédiat des 63, d’autre part, des cadres terrorisés qui tiennent à leurs postes et à l’entreprise qui les a embauchés et parfois même débauchés pour assurer son développement face à une rude concurrence sur tous les segments de son activité et qui refusent de « dégager ».
«Toute la question est dans la manière d’interpréter ce qu’il y a dans le PV », indique Sami Zaoui pour qui, s’il comprend la crainte des employés de TT quand à l’externalisation des activités techniques et commerciales, le seul point de divergence porte sur l’interprétation de ce fameux article 10. «Nous, on en fera une interprétation extrêmement rationnelle, extrêmement business et respect de l’entreprise et de la continuité de l’entreprise, c’est la ligne de direction du ministère à laquelle il ne dérogera pas », et d’ajouter que «moi, je vais appliquer l’accord d’une manière intelligente». Une application dont, comme il le précise lui-même, «la ligne rouge liée reste la continuité de l’entreprise sans s’immiscer dans sa stratégie commerciale » et dont la finalité est de «doter l’entreprise d’un système de rémunération harmonisé».

Et lorsqu’on lui rappelle que toutes ces décisions ont été prises sans aucune coordination avec le partenaire stratégique de TT et actionnaire à 35 %, Dig Télécom, le SE aux TIC a une réponse qu’il dit claire. «Il ne s’agit pas d’un accord signé entre le ministère et l’UGTT, mais d’un accord tripartite, ministère, UGTT et TT. Le reste est une question interne à TT. Nous, ministère, nous avions la partie prenante officielle qui est la DG de TT qui représente toute l’entreprise». Il confirme pourtant avoir reçu une lettre de la direction générale de TT, le soir du sit-in des 63, lui faisant remarquer que le PV n’était pas en conformité avec les règles de bonne gouvernance. «J’ai reçu certes la lettre, mais cela  ne veut pas dire qua j’été d’accord pour dénoncer le PV».

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