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« Sans réformes, la transition vers la démocratie serait toujours compromise », dixit Abdelbasset Ben Hassen

Evaluant la situation dans laquelle se trouve la Tunisie, Abdelbasset Ben Hassen , président de l’Institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH) a déclaré que la société souffre d’un abandon des droits économiques, sociaux et culturels et la prolifération de phénomènes graves, qui mettent en danger sa cohésion. Pour lui, un plan de réforme des institutions s’avère une nécessité puisque, sans cette réforme, une transition vers la démocratie serait toujours compromise. Interview :

L’Institut a choisi une nouvelle stratégie en misant sur les régions et les différentes institutions pour instaurer la culture des droits de l’homme chez tous les citoyens. Avez-vous les moyens nécessaires ou même le soutien d’autres organismes pour réaliser cet objectif ?

L’Institut a développé une nouvelle stratégie qui considère que les droits de l’homme doivent être au cœur des transitions politiques, économiques, sociales et culturelles dans nos pays et que la marginalisation et la mise à l’écart de la liberté ne peuvent mener nos pays que vers la despotisme, l’anarchie et la dictature.

C’est dans cette perspective que nous avons axé notre nouvelle orientation sur un nouveau slogan : « l’éducation de la culture des droits de l’homme pour tous ». Une stratégie qui considère que la culture de droit de l’homme est un besoin commun à tous les citoyens et à toutes les catégories sociales.

Pour ce faire, un plan national d’éducation des droits de l’homme doit être mise en place par tous les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, et un réel investissement dans les ressources humaines et matérielles doit être accompli.

C’est pour cette raison que l’IADH a élaboré un plan national pour l’éducation des droits de l’homme, et ce en collaboration avec les agences onusiennes : UNESCO, UNICEF, PNUD, UNIFM et le Haut Commissariat des Droits de l’Homme.

Pour quel motif ?

L’institut veut promouvoir un nouvel état d’esprit sur le partenariat, la mise en réseau et la collaboration afin de développer l’idée d’une société égalitaire, juste et libre. Egalement, une autre initiative s’inscrit dans cette approche de collaboration, à savoir la fondation du réseau de la culture civique. C’est un réseau qui va mettre en commun les opportunités et les ressources pour défendre et promouvoir la culture civique.

C’est cette nouvelle approche qui nous sommes en train de développer avec nos partenaires, qui permettrait de résoudre le problème des moyens limités et insuffisants qui sont alloués aux activités et aux programmes destinés à l’éducation des droits de l’homme.

Quel regard portez-vous alors sur le niveau des droits de l’homme en Tunisie ?

La révolution tunisienne s’est distinguée par ses méthodes pacifiques et ses slogans humanistes : justice, dignité, liberté et égalité.

Des avancées importantes ont été réalisées, au cours des trois dernières années, consistant essentiellement en le développement de ce que j’appelle les marges de liberté. Dans cette optique, on cite également la liberté d’expression et la liberté d’association.

Toutefois, ces avancées peuvent demeurer fragiles et sujettes à toutes formes du recul, si elles ne sont pas adossées à des réformes réelles des lois et des institutions ainsi qu’à des mécanismes et d’institutions de surveillance et de contrôle.

Comment faire ?

Nous jouissons de quelques droits civils et politiques, mais la société tunisienne souffre d’un abandon des droits économiques, sociaux et culturels et la prolifération de phénomènes graves qui mettent en danger sa cohésion. Il y a également la violence politique, le terrorisme et l’extrémisme.

C’est pour cette raison que nous avons besoin d’un éveil national qui traduise les orientations du peuple en programmes stratégiques qui donnent plus d’importance à l’emploi, à l’éducation et à la justice entre les régions.

Par ailleurs, des catégories sociales importantes comme les femmes et les enfants doivent recevoir plus d’attention de la part de la nation et des décideurs.

Vous avez insisté sur les réformes. Pouvez-vous nous donner plus d’éclaircissements ?

La transition que connaît la Tunisie nécessite un plan de réformes des institutions. Sans cette réforme, une transition vers la démocratie serait toujours compromise.

La réforme de la législation, la mise en place d’institutions de surveillance et la réforme d’institutions telle que la sécurité, les médias et la justice sont une pierre angulaire d’une transition possible vers une société juste.

En effet, les violations des droits civils, politiques, économiques et sociaux qui persistent dans la société sont des symptômes qui empêchent les citoyens de croire à leurs droits.

L’IADH a joué un rôle principal au cours de l’élaboration de la constitution. Quelle serait votre tâche surtout dans cette période ?

Les organisations de la société civile ont joué un rôle remarquable après la révolution et elles ont participé activement à la rédaction des nouvelles lois et à la préparation des nouvelles échéances électorales ainsi qu’à la mise en œuvre du programme d’éducation à la citoyenneté.

Ces organisations se sont placées dans une posture avant-gardiste en proposant des politiques de réforme, des lois et des institutions tout en jouant un rôle déterminant dans le Dialogue national. Les organisations des femmes et des jeunes ont même participé à la protection du pays contre des épisodes d’incertitude violents qui ont menacé les acquis.

Ces organisations sont appelées, aujourd’hui, à faire évoluer leurs activités et à développer des stratégies pour inscrire leurs actions dans la durée et devenir un acteur incontournable dans la vie politique, sociale, économique et culturelle.

La constitution a été améliorée grâce à une action salutaire de la société et des élites du pays.

Les défis actuels nécessitent la mise en place d’une stratégie qui transforme les principes de ladite constitution en un système de protection des droits et des libertés.

C’est pour cette raison que nous devons veiller à l’élaboration des lois qui consacreraient réellement les droits dans la société. Ajoutons à cela la réforme des institutions qui surveillent la mise en pratique des droits et de la gouvernance et qui permettraient aux citoyens de prendre part au processus de décision.

Un effort important doit être fourni pour éduquer les citoyens sur cette constitution en leur permettant d’intégrer ses points positifs.

Cependant, il est important de mentionner que cette constitution comporte aussi des points négatifs qui demandent beaucoup de vigilance de la part de la société. Parmi ces points, on note également le droit à la vie qui reste un article ambigu et la liberté de conscience.

Wiem Thebti

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