Refusant depuis neuf mois de débloquer un prêt promis d’à peine 1,9 milliards dollars à la Tunisie, le FMI vient de décider, il y a quelques jours, d’accorder à l’Ukraine une nouvelle assistance financière de 15 milliards dollars. Assez, ont constaté plusieurs politiciens et analystes tunisiens indépendants, pour démasquer la rhétorique sophiste déguisée en appréciations soit disant techniques que cette Institution internationale n’a cessé de débiter sur la situation économique et financière de la Tunisie.
Le même sophisme empreigne ces dernières semaines le discours des partenaires occidentaux envers la Tunisie, selon les mêmes commentateurs qui ont dénoncé l’allure de harcèlements en règle qu’il a récemment prise.
Même l’Italie qui, ont-t-ils noté, s’était montrée plus réservée, a fini par se laisser aller à cette rhétorique, disant s’inquiéter « de l’effondrement économique imminent » de la Tunisie laissée seule se démener contre ses problèmes.
Or, comme cela a été souligné par des observateurs, au-delà de l’incurie et de la mauvaise gestion des ressources nationales depuis 2011, la Tunisie a pâti considérablement de l’intervention musclée des puissances occidentales et à leur tête la France, en 2011, dans le processus révolutionnaire en Libye, en la privant des grandes débouchés qu’offrait le marché libyen aux exportations tunisiennes et à la main d’œuvre tunisienne.
S’y était ajoutée leur instrumentalisation cynique de l’épouvantail terroriste qui avait obligé les pays de la région dont la Tunisie à réorienter l’essentiel de leurs moyens financiers aux domaines de la sécurité et de la défense avec des armes achetées chez l’Occident, au détriment de l’enseignement, de la santé, du transport, de l’emploi et des projets de développement économique et social.
Les grands projets laissés en instance en Tunisie durant la décennie précédente faute de financement se comptent par dizaines, alors que lesdites aides et assistance financières européennes et occidentales allaient, de concert avec les donateurs, à des desseins moins urgents et bénéfiques pour le pays.
Des analystes estiment que le dossier de la Tunisie auprès du FMI sent le marchandage dans le but d’imposer des conditions politiques à la Tunisie, affirmant que ces pressions pourraient, à l’inverse, être transformées en une occasion propice à la réalisation du changement positif ambitionné.
Agenda suspect !
Ils proposent des approches fondées sur « la diversification de nos partenariats, beaucoup de pays désirant établir des liens de coopération mutuellement avantageuse et sur un pied d’égalité avec la Tunisie, à l’instar des pays regroupés au sein du groupement Brics ( Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) auquel l’Algérie, l’Arabie saoudite et autres pays plus riches que la Tunisie projettent d’adhérer ».
D’autres voix s’élèvent pour préconiser la transformation des pressions extérieures en une occasion propice à la réalisation d’un nouveau départ exige l’instauration d’un front intérieur cohérent et solide.
Il y a quelques jours, l’ex président de la Commission nationale de conciliation pénale, Akram Ben Mna, a révélé, aux médias après sa révocation, « qu’il avait buté à un véritable agenda mafiosi qui avait cherché à faire échouer le projet de la conciliation nationale et à le vider de sa substance par des moyens détournés ».
Les rapports officiels estiment à 14 milliards dinars, les sommes d’argents pouvant être récupérées via la conciliation pénale.
La transformation de l’économie tunisienne en une économie de rente au service d’une minorité de privilégiés a été déjà dénoncée depuis des années par des ONG indépendantes et l’ancien ambassadeur européen à Tunis.
S.B.H