AccueilLA UNE IDTunis : 1er mai, jour de deuil national économique!

Tunis : 1er mai, jour de deuil national économique!

Il est peut-être irritant, indisposant même, en ce jour de fête du travail, un jour chômé où des milliers d’employés se voient se gratifier d’une augmentation salariale entre 50 et 70 DT, de rappeler certaines vérités. Mais ne dit-on pas qu’il n’y a que la vérité qui dérange ?

La signature, en ce jour du 1er mai 2015, des accords UGTT/Gouvernement pour augmenter les salaires de 2014 de plus de 800 mille fonctionnaires, est un jour de fête pour eux. Cette petite augmentation compensera, il est vrai un tant soit peu, l’énorme détérioration du pouvoir d’achat dans une Tunisie où les effets collatéraux de la révolution ont creusé encore plus la fracture entre les plus riches et les plus pauvres, d’un côté, et entre ces deux parties de la population et la classe moyenne, de l’autre.

– Les bons comptes font les bons amis !

Mais cette nouvelle et seconde augmentation pour certains secteurs comme celui des professeurs de l’enseignement secondaire, coûtera au budget de l’Etat tunisien plus de 550 MDT. A ce montant, s’ajoutera ainsi celui des 220 MDT de l’augmentation qui avait fait suite au mouvement de revendication salariale des enseignants du secondaire. Il faut aussi rappeler qu’avant ces deux augmentations déjà, la masse salariale de la fonction publique coûtait au budget de l’Etat entre 600 et 800 MDT par mois. Elle devrait ainsi plafonner à un milliard DT par mois. A fin février déjà, plus de 2,6 milliards DT des 3,9 milliards DT du total des dépenses de l’Etat sont allés à la gestion et aux salaires des fonctionnaires.

Au cours de sa conférence de presse du 1er mai, le chef du gouvernement a vu venir cette question. Il prévoit déjà que «le gouvernement recourra encore à l’endettement étranger pour la promotion de l’emploi », déclare-t-il. Une manière de dire que ce nouvel endettement servira à financer les salaires.

– Plus de dettes et moins de ressources

Notons bien que l’endettement total (privé et public) de l’Etat tunisien consomme déjà 52,9% du PIB. Un PIB qui est déjà en panne pour cause d’épuisement presque total de ses ressources principales, que sont le phosphate et le tourisme et le Tunisien n’est pas près de revenir au travail de sitôt. Chaque citoyen tunisien traîne déjà sur son dos une dette de 3500 DT et cette charge n’est pas près de s’amenuiser. C’est en cela que le 1er mai 2015 devrait être regardé comme un jour de deuil national économique. Le Tunisien recevra en effet une augmentation salariale qui précèdera deux autres (2015 et 2016 dont les négociations démarreront bientôt), qui alourdira le fardeau de la dette sur lequel il croule. Un Tunisien qui crée, en face, très peu de valeur ajoutée, qui travaille moins, qui exporte moins, qui crée moins d’emplois et moins d’entreprises, génère moins d’impôts qui fourniront à l’Etat les ressources nécessaires pour ne pas s’endetter encore plus. Ces augmentations alourdiront aussi les coûts de production d’une industrie de transformation de produits semi-finis et de matières premières, dont les coûts se renchérissent chaque jour par la dévaluation d’une monnaie dont la valeur fond comme neige.

– Donnez-nous de l’argent pas des projets

Parlant avec l’attachée économique de l’ambassade de France en Tunisie, au cours d’une occasion mondaine, un économiste tunisien avait évoqué la question du nouvel-ancien projet de reconversion de la dette des 650 millions d’euros. «Nous n’étions pas au début sur la même longueur d’onde avec les autorités tunisienne. Nous on voulait reconvertir cette somme en projets tuniso-français, les ministres tunisiens des Finances et des Affaires étrangères la voulaient en projets publics», c’est-à-dire qu’elle reste dans les caisses de l’Etat tunisien, lui aurait-elle répondu.

Les caisses de l’Etat sont désormais presque vides. Comme dans une entreprise, sa liquidité est négative et il a besoin de plus de crédits de gestion. L’Etat tunisien détourne même les ressources d’un titre à l’autre, de l’investissement à la gestion. Comme dans une entreprise, le ratio de la dette par rapport au capital est de zéro sinon moins. Le ministère des Finances est en cabale, à la recherche de toujours plus d’argent pour assurer la gestion quotidienne d’un pays qui bloque son propre appareil de production, qui produit peu et qui revendique plus que ce que peut se permettre sa propre trésorerie qui n’a plus, ni les moyens, ni le temps pour créer le développement que revendiquent ceux qui le rackettent par la contrebande, le marché parallèle et le blanchiment d’argent. C’est cela maintenant la Tunisie qui fêtait, inconsciemment et dans la joie et la bonne humeur, une nouvelle augmentation salariale, il y a 3 jours ce 1er mai 2015. Qui dira le contraire de ces, malheureusement, évidentes vérités chiffrées ?

BouKha

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