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Tunis : BCE prend une sérieuse option pour Carthage, mais Marzouki n’est pas loin !

Comme attendu donc, ce sont les deux principaux protagonistes des élections présidentielles de ce mois de novembre 2014, qui remportent le premier scrutin universel, libre et démocratique de l’après Ben Ali. Avec plus de 40 % des voix (42,7 % pour Sigma et 47,8 % pour 3C Etudes), selon des sondages sortie des urnes, Béji Caïed Essebssi (BCE) prendrait une sérieuse option pour le palais présidentiel de Carthage, avec un Moncef Marzouki qui le suit de très près malgré une différence de quelque 10 points. BCE aura finalement remporté une bataille, mais pas encore la guerre contre celui qui le traitait de «Taghout», M. Marzouki, qui a été le premier candidat à mettre le feu aux poudres des différentes campagnes qui ont par la suite quelque peu dérapé en verbiages divers, s’accroche toujours et reste encore un sérieux candidat pour la Présidence. Ses 32,6 chez Sigma et 26,9 % chez 3C Etudes, plus ou moins 30 %, en feront toujours un sérieux outsider lors du second tour des présidentielles. Sera-t-il un sérieux challenger ou un simple sparring-partner ? les 30 prochains jours le diront, avec le risque que la prochaine campagne connaisse plus de dérapages que n’en a vu la première.

– Que retenir de ce premier scrutin ?

Ce qu’il faudrait retenir ce scrutin, c’est d’abord le faible taux de participation, comme si la population en aurait eu marre d’aller aux bureaux de vote pour un pouvoir dont il aurait cru que les jeux étaient faits par la constitution d’une nouvelle chambre de députés. Il est vrai que le pouvoir en est désormais, constitutionnellement en Tunisie, sous la coupole du Bardo. On pourrait aussi prétendre que le corps électoral aurait quelque part cru qu’il avait donné définitivement le pouvoir à Nidaa Tounes de Béji Caïed Essebssi et aurait oublié qu’il lui restait à confirmer cette confiance lors des présidentielles. Beaucoup d’observateurs ont aussi attiré l’attention sur le peu de participation, encore une fois après les législatives d’octobre 2014, d’une jeunesse tunisienne qui se sentirait encore une fois ainsi désabusée.

Certains diront que c’est le bipolarisme qui finit par avoir la peau de tous ceux qui ne figureront pas au second tour de ces présidentielles tunisiennes, somme toute historiques. Il est cependant plus logique à notre sens de dire que les Tunisiens auront pour la seconde fois voté utile. La Tunisie est en effet dans une exigüité économique suffocante. Son économie a besoin autant de signaux forts vers l’étranger que d’actions concrètes à l’intérieur. Un pouvoir à deux têtes au niveau de l’exécutif ne saurait que retarder ce qui doit être fait dans l’immédiat pour sortir le pays, économiquement en premier lieu, de l’ornière. Il s’est en plus vérifié, tout au long de la présidence Marzouki, qu’une divergence de vues à propos de la politique étrangère et à propos de la sécurité, entre les deux têtes d’un même pouvoir exécutif, ont eu un impact néfaste sur l’économie et sur la situation sociale d’une démocratie naissance où «l’effet papillon» d’un palais (Carthage) à l’autre (La Kasbah), sont immédiats et dévastateurs.

– Ceux qui ont brillé, ceux qui ont juste fait un effet et ceux qui seront les oubliés du scrutin.

Le scrutin du 23 novembre 2014 aura finalement été une élection d’où on pourrait dire que les 5 premiers qui s’étaient retirés, avaient finalement bien fait de le faire et auraient même été, quelque part par ce geste, «bons princes». Ceux qui y sont allés par conviction, ceux qui s’y étaient mêlés par intérêt, ou ceux qui y étaient faits candidats par dépit et ceux qui s’y sont accrochés par tous les moyens, y compris par ce qu’on pourrait appeler le pleurnichage, découvrent enfin, d’abord la limite de leurs moyens, intellectuels et surtout politiques. Ils découvrent aussi et surtout qu’être président ne peut pas être à la portée de tout un chacun. Il ne suffit pas en effet de se présenter comme un rassembleur pour récolter les voix nécessaires. Certains auraient même vendu des biens immobiliers pour arriver à Carthage. D’autres ont démissionné de la direction de leur entreprise et fait peu de cas des états sur la bourse. D’autres ont laissé leur propre TV et se sont mis à prêcher la «bonne parole» qu’ils étaient manifestement les seuls à croire.

Tous ceux-là comme d’autres ne figurent même pas dans les sondages de sortie des urnes. Le dernier à réaliser le score minimum de 3 %, aura été Hachmi Hamdi. Les Frikha, Riahi, Channoufi, Abdelli, Safi, Labbaoui, Kennou, Kilani, Znaidi, Ben Slama et autres Ben Jaafar, Chourabi, Morjane et Boussaiene, se contenteront de l’honneur de la participation. Ils seront certainement les oubliés du scrutin, mais certainement pas de l’histoire. L’histoire des présidentielles tunisiennes retiendra en effet que 27 personnes ont cru pouvoir y arriver et 21 y ont cru plus fort.

– Un second tour et après ?

Le fait est donc là : il y aura un second tour pour départager Béji Caïed Essebssi et Moncef Marzouki dans leur course à la présidence de la République. Il est vrai que la victoire à 50 % plus un de l’un d’eux aurait évité au pays une nouvelle période de remous.

Avec ce second tour, en effet, la Tunisie devra prolonger de deux autres mois sa période transitoire. La Tunisie ne pourra pas encore avoir un nouveau gouvernement et devra probablement attendre jusqu’à février si ce n’est plus, pour en connaître la composition et probablement après pour voir le prochain gouvernement prendre définitivement ses quartiers à La Kasbah. Avant tout cela, le Quartet, qui a déjà dit non à un Marzouki encore candidat pour nommer le prochain chef de gouvernement, devra trancher cette question et consacrer une nouvelle violation de la Constitution. Il est vrai que les lois tunisiennes en matière de vote du budget et signature de la loi des finances, n’ont déjà pas été respectées. La Tunisie de la révolution devra dépenser encore un million DT (coût estimé du second tour des présidentielles) pour savoir définitivement par qui elle sera gouvernée et la population aura à attendre plusieurs mois encore, pour savoir «à quelle sauce elle sera mangée».

Khaled

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