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Tunis : Ennahdha et les évènements de Chambi. Trop peu, très tard !

En réaction aux évènements de Chambi, le parti Ennahdha, au pouvoir en Tunisie, a fait 3 gestes. D’abord, c’est le secrétaire général Hamadi Jbali, qui est allé le 30avril, au chevet des victimes des mines anti-personnelles, hospitalisés. Le même jour, le bureau régional du parti islamiste à Kasserine a publié un communiqué, dans lequel il considère les actes commis comme étant des actes criminels. Rached Ghannouchi, pour sa part a qualifié, assez tardivement il faut le dire (le 3mai 2013), les événements d’actes terroristes, contraires à la religion et à la loi, avant d’ajouter que le seul djihad qui vaille est celui pour le développement et la démocratie.

Ces trois gestes , supposés illustrer la position du parti au pouvoir envers les derniers développements dramatiques que vit la Tunisie, sont pourtant jugés, par les observateurs tunisiens et étrangers, très insuffisants de la part d’un parti ,dont le chef Rached Ghannouchi s’est beaucoup investi, depuis le 23 octobre 2011, dans l’apologie de l’extrémisme religieux, Djihadisme compris, en s’employant à présenter ces formations politiques comme des courants compatibles avec la démocratie et la modernité, chose qui se révèle, de jour en jour, comme étant une supercherie.

Depuis son accession au pouvoir, le parti Ennahdha a mis sa crédibilité dans la balance, pour faire avaler cette pilule à l’opinion publique nationale et à l’électorat qui lui a donné confiance, lors des dernières élections. Il n’a cessé de présenter les agissements des Djihadistes, comme une réaction aux provocations des groupes modernistes et laïcs. Le trafic d’armes et les affrontements armés avec les forces de sécurité sont, soit banalisés, soit carrément tus. Rached Ghannouchi et les siens, ont toujours soutenu que la ligne de démarcation, en cette phase transitoire, se situe entre les forces de l’islam et les autres, et non entre ceux qui croient en la démocratie et ceux qui sont contre la démocratie. Le un tiers des mosquées, est toujours entre mains des Djihadistes, où ils distillent, impunément et sans aucun contrôle, un discours véhiculant haine, ségrégation et violence.

Pour avoir trop investi dans ces courants djihadistes et les avoir utilisés, contre les intellectuels et artistes (comme lors des évènement d’Al-Abdalliah), les universitaires (comme pour l’affaire du doyen Habib Kazdoghli) et dans la mise en œuvre d’une stratégie d’hégémonie régionale de l’Islam politique, dit modéré , (attaques contre l’ambassade et l’école américaines, engagement pour la défense de l’installation d’un régime islamiste au Nord Mali , envoi de jeunes au djihad en Syrie), l’opinion publique attend d’Ennahdha des positions beaucoup plus tranchées sur ce dossier. Elle attend aussi et surtout, une révision des anciennes positions du parti au pouvoir et même des excuses claires, au peuple tunisien, aux forces armées et de sécurité et aux intellectuels, pour les torts causés par cette politique de déni imposée à l’Etat tunisien depuis octobre 2011.

La situation impose donc à Ennahdha une rupture avec l’ancienne orientation suivie jusque-là. Mais à voir de près ses réaction aux évènements de Chambi, on doute fort que le parti islamiste ait compris le message essentiel de ces derniers développements. En effet, la visite de Hamadi Jbali, secrétaire général (en titre) d’Ennahdha, aux victimes, n’a rien de significatif, vu que Jbali est presque marginalisé au sein des structures de son propre parti. Tout le monde se rappelle des propos de Ghannouchi à son adresse, lors du meeting du 16 février 2013 organisé à l’avenue Habib Bourguiba : «le parti Ennahdha peut ramener ceux qui le défient à leur réelle dimension», lui disait-il même si c’était de façon indirecte. Des rumeurs courent depuis, que Hamadi Jbali chercherait à constituer sa propre formation politique. Sur un autre plan, le choix d’Ennahdha d’exprimer sa position sur les évènements, à travers son bureau régional de Kasserine, dénote d’une orientation délibérée de banaliser les évènements très graves de Chambi, et de faire passer cette position presqu’inaperçue. La position exprimée par Rached Ghannouchi s’inscrit, quant à elle, dans la même logique, car c’était un simple avis de principe, s’apparentant plus à une Fatwa qu’à une position politique.

Cette approche délibérée et savamment calculée, montre qu’Ennahdha reste toujours imperturbable sur ses choix fondamentaux, et que les développements dramatiques de Chambi, ne semblent pas encore pousser le parti au pouvoir en Tunisie, à revoir ces orientations. A titre d’exemple, on peut évaluer, comparativement la couverture des évènements de Chambi avec celle de la visite du prédicateur égyptien Mohammed Hassan, sur la page officielle face book d’Ennahdha. On s’apercevra alors, lequel des deux évènements revêt le plus d’importance dans l’esprit des dirigeants du parti Islamiste.

Aboussaoud Hmidi

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