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Tunis : «Je vis un drame quotidien à la BCT! C’est dingue», s’écriait Chedly Ayari

S’adressant, ce matin du lundi 23 juin 2014, aux participants à un atelier autour du thème «vers un nouveau modèle de développement en Tunisie», le Gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, a évoqué l’état d’exigüité dans laquelle se trouve la Tunisie en matière de réserves en devises. «Je vis un drame à la BCT». Le Gouverneur parlait avec la conviction et la fougue d’un universitaire qui se débat dans une équation à laquelle il n’arrive pas encore à trouver de solution et parce qu’il n’arrive pas non plus à comprendre les tenants et les aboutissants de cette difficile équation des réserves en devises. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il en parle. C’est même dans un CIM (Conseil interministériel) qu’il a, pour la première fois, évoqué cette question des devises, en relation directe avec les importations pétrolières. Il avait même demandé au gouvernement d’enquêter et d’essayer d’expliquer ce qui devient jour après jour, un des mystères de l’économie tunisienne d’après la Révolution.

– L’incompréhensible énigme des importations, légales et illégales, de carburants !

«D’où viennent les réserves de change», se demande Ayari pour Africanmanager. Et de répondre, l’air désemparé, que «mes sources ne sont pas nombreuses. Avec des exportations qui ne sont pas en grande forme et qui quelques fois sont handicapées par les ruptures de production ou d’export de ce qui rapporte le plus à la Tunisie, et je parle là du bassin minier, et le tourisme qui trinque de la conjoncture internationale. Nous sommes aujourd’hui, certes, encore dans la norme acceptable des 94 jours d’importation. Mais je suis bouffé par les demandes d’achat de devises pour les besoins de l’importation», nous dit le gouverneur de la BCT avec une pointe d’inquiétude dans ses propos. Sa crainte viendrait essentiellement des achats de carburants qu’il ne s’explique toujours pas. «Le drame vient de l’importation des carburants.», dit-il, catastrophé. «C’est dingue ce qui se passe et c’est une ruine au niveau des ponctions sur nos réserves en devises, car nous avons une facture des hydrocarbures, insoutenable pour les finances tunisiennes».

Une facture, comme le démontre ce tableau issu de la BCT, d’autant plus galopante d’une année à l’autre, qu’elle s’ajoute aux tonnes de carburants que drainent les trafics transfrontaliers entre la Tunisie, la Libye et l’Algérie et qui arrose désormais presque la Tunisie du Sud au Nord. A tout cela s’ajoute l’énigme d’une hausse des importations de carburants, alors que la machine économique tunisienne marche au ralenti et produit peu. Où vont donc toutes ces importations, légales et illégales ?

– Chedly Ayari met la main au cambouis pour essayer de faire monter la pâte.

Lors de cette interview expresse, donnée par le Gouverneur de la BCT à Africanmanager, Chedly Ayari a aussi parlé à Africanmanager du sujet de l’atelier sur le nouveau modèle de développement. Un modèle qui souffre d’une situation sociale où le syndicat ouvrier n’est bon qu’en demandes d’augmentations salariales, comme l’a démontré son SG Houcine Abassi, ce lundi 23 juin 2014, en oubliant même de rassurer un patronat qui lui a accordé 6 % d’augmentation salariale pour un secteur privé en mal de production. Un modèle de développement qui souffre aussi, comme l’a fait noter ce matin l’économiste français Jean Louis Reiffers, de «dilatation de l’espace social».

Chedly Ayari, par ailleurs, président de l’Institut de la Méditerranée à Tunis, a, en tout cas, décidé de retrousser les manches et de s’atteler à fournir au gouvernement le plan d’action, à court et moyen terme, qui pourrait être l’ébauche du nouveau modèle de développement et qui complètera le travail de réformes structurelles qu’a déjà engagé le gouvernement de Mehdi Jomaa. Un plan d’action qui essayera de pallier aux insuffisances de projets structurants qui doivent être la colonne vertébrale du prochain plan de redressement économique que préparait en fait l’atelier stratégique national «vers un nouveau modèle de développement pour la Tunisie» entamé, lundi 23 juin 2014, par 3 ministères et la BCT. «L’institut que je préside inclut le ministre de l’Economie », précise-t-il, comme pour signifier le travail collectif dans lequel il s’engage. « Il va ainsi y avoir le modèle matrice du ministère de l’économie. Dans ce modèle, il y a une partie qui s’appelle projection des équilibres macroéconomiques. Nous allons y travailler sur une projection de 15 ans pour singulariser et renforcer la partie reconstruction de l’économie tunisienne. La philosophie du ministère de l’Economie, c’est un plan de restructuration autour d’un ensemble de créneaux porteurs. Nous, c’est-à-dire l’Institut de la Méditerranée, nous allons y apporter les «Quick Coins» ou les projets et les schémas de financement dans les différents secteurs de l’activité économique». Nous, on n’y a pas compris grand-chose, peut-être par manque de détails que Chedly Ayari ne pouvait donner d’une ébauche de projet. Le Gouverneur de la BCT semble en tout cas savoir de quoi il parle. Il avance même pour la mise, noir sur blanc, de cette vision du développement de la Tunisie, la date de fin août 2014. L’espoir reste que ceux qui seront chargés, après les élections de fin d’année, de mettre en exécution ce plan de restructuration à double détente, le comprendront et ne se remettront pas à réinventer la roue !

Khaled Boumiza

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