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Tunis : L’interview qui a fâché Rached Ghannouchi, qui prend à partie l’UGTT et ses grèves ! (Vidéo)

Le leader du parti islamiste tunisien, Ennahdha, a accordé ce jeudi 16 avril 2015 une interview à la matinale de la Radio nationale tunisienne. Ce n’était manifestement pas ce qu’il avait fait de mieux dans sa carrière de politicien. Cette interview l’avait fortement irrité et même fâché, même s’il s’en excusera par la suite en live, et le leader d’Ennahdha avait même failli quitter le studio de la radio nationale sous prétexte d’un voyage à l’étranger avant de se raviser et de regagner le studio pour continuer l’interview. Dans les coulisses, fortement remonté, il traitera le journaliste de «non-journaliste», et son fils Moadh qui était présent avec les gardes du corps, d’apostropher le journaliste que «ce n’est pas là une interview, mais un procès» !

L’interview avait porté sur des sujets tels le fameux discours de Rached Ghannouchi au Soudan en 1990 où il promettait de frapper les USA alors engagés contre l’Irak. Des sujets aussi tels que la relation du «Cheikh» d’Ennahdha avec les Salafistes dans la célèbre vidéo où il leur prodiguait ses conseils en leur disant que «l’armée et la police ne sont pas sûres ». Il dira à ce propos, en substance, que la violence salafiste est une question compliquée, qu’elle ne saurait être résolue uniquement par des moyens sécuritaires et finit par s’en laver les mains en affirmant, excédé, que «les Salafistes extrémistes sont les fils de Ben Ali et non pas ceux du mouvement Ennahdha», en réponse à ceux qui lui rappelleraient qu’il avait alors dit qu’ils (ces Salafistes, alors pas encore devenus violents) sont mes enfants, me rappellent ma jeunesse et annoncent un avenir meilleur. L’interview a aussi porté sur la relation de l’islam avec la richesse et la pauvreté, lorsqu’il disait au journaliste Olivier Ravanello dans son dernier livre sous forme d’une série d’entretiens avec Rached Ghannouchi en janvier dernier, que «un bon musulman, n’est pas un musulman pauvre».

Mais le discours tenu par Ghannouchi dans cette interview s’est subitement tendu quand le journaliste évoque les opérations, de Monastir et de Bab Souika, des opérations menées par Ennahdha ayant entraîné des morts, lorsque le mouvement islamiste était encore en lutte contre le régime de Ben Ali. Une question où le journaliste s’interrogeait pourquoi Ennahdha n’a jusqu’ici pas présenté ses excuses alors que le pays s’engage sur la voie de la réconciliation nationale. «Nous avons passé 20 ans dans les prisons et 30 mille parmi nous ont connu les geôles et nombreux parmi nous sont morts en martyrs, vous êtes en train de nous dire que nous avons peur de devoir rendre des comptes dans le cadre de la réconciliation, que nous avons peur de revenir en prison et que nous devons être les premiers à présenter des excuses. Ce discours ne tient pas la route. Nous ne sommes pas des anges. Nous sommes les victimes de la répression, à moins que vous ne veilliez inverser les rôles pour faire de nous des bourreaux», disait avec véhémence et une colère à peine réprimée le Cheikh. Il ajoutera un peu plus loin, mais sans décolérer, « pour quoi voulez-vous que l’on s’excuse. Il ne faut pas retourner ainsi les choses». L’animateur l’invitera à revenir à l’antenne après la diffusion des nouvelles brèves. Toujours en colère, Rached Ghannouchi déclinera l’invitation. Il faudra par la suite des tonnes de diplomatie pour le retenir en studio.

– Non à des augmentations salariales qui mettent en hypothèque le pays

On retiendra, pourtant, cette position du leader d’Ennahdha qui met l’UGTT en porte-à-faux. Une position que personne n’a jusqu’ici osé prendre parmi tous les partis politiques tunisiens. «Nous défendons les droits des travailleurs. Nous soutenons aussi le droit de l’UGTT à défendre le pouvoir d’achat de ses adhérents. Nous comprenons que le niveau des salaires soit bas pour tout le monde et que le coût de la vie soit assez cher, mais nous estimons qu’on ne peut pas demander ce qui est au-delà du possible, car nous sommes des propriétaires et non de locataires de ce pays où nous vivons tous. Nous croyons donc que ces augmentations de salaires doivent prendre en compte les possibilités et les capacités du pays. Et j’estime qu’il faudrait désormais revenir à ce qui était appliqué lors du gouvernement Hédi Nouira où les augmentations salaires étaient liées à celle de la productivité. On ne peut pas nier que la production soit en forte baisse, avec un employé qui ne travaille pas plus de 20 minutes la journée, alors que tout le monde demande des augmentations. Cela ne peut nous amener qu’à endetter encore plus le pays et à quémander des aides à l’étranger et partant mener le pays à la faillite. Qu’est-ce qui resterait alors ? Mettre le pays en hypothèque?».

– «Nos enfants ne doivent pas être pris en otage par les grèves»

Une autre position, inédite jusque là, de la part du second plus important parti dans la coalition gouvernementale qui dirige la Tunisie depuis les dernières élections. Au cours de cet entretien à la radio nationale tunisienne, Rached Ghannouchi s’est en effet prononcé contre les grèves des enseignants qui prennent en otage les élèves. «Nos enfants ne doivent pas être pris en otage [dans ces grèves], ni être un outil de chantage, car le capital du Tunisien, ce sont ses enfants et il ressent de l’amertume en les voyant revenir de l’école les jours de grève », a ainsi dit le leader du parti Ennahdha. Sa position, concernant les hommes d’affaires interdits de voyage, n’en était pas moins intéressante.

Ka Bou

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