Dans sa lecture de l’imbroglio politique, Mongi Rahoui, universitaire et membre du mouvement des patriotes démocrates met l’accent sur l’urgence qui s’attache à la situation actuelle invitant les différents partis politiques à entamer un dialogue national pour mettre fin à l’impasse politique. Interview
Comment appréhendez-vous la situation actuelle que traverse le pays ?
C’est manifestement une situation de crise dans toutes les directions et les dimensions (économique, sociale et surtout politique). Nous sommes dans une situation de crise politique qui est très aigüe où il y a une interruption généralisée de dialogue entre les partis de l’opposition et la troika gouvernante.
Il y a un certain tiraillement sans précédent entre les partis au pouvoir ainsi que l’émergence d’un opportunisme aussi sans précédent du parti CPR qui est en train de s’attacher plus au pouvoir par opportunisme et non pas par amour à la Tunisie. Encore plus, le parti islamiste, « Ennahdha » tient bon à ce qu’il soit au pouvoir et surtout dans les ministères régaliens, notamment le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice.
Actuellement, nous sommes dans une situation de crise o% il y a trois voies. Il s’agit de l’initiative de Hamadi Jebali, celle de la formation d’un gouvernement restreint des compétences. Dans ce contexte, on a constaté un appui fort de la part de plusieurs partis. On a aussi la position d’Ennahdha et ses alliés et l’autre position est celle du front populaire et ses alliés.
La tendance est plutôt animée par cette tension qui existe entre les différents partis et le parti au pouvoir ne veut pas reconnaître qu’il est responsable de cette crise.
Il y a lieu de penser à cette initiative qu’a pris l’UGTT pour réaliser un dialogue national.
Au-delà du défi d’un gouvernement apolitique, le paysage politique a connu récemment la création d’un conseil des sages. Ledit conseil a été vivement critiqué. Votre réaction ?
Oui, c’est vrai parce que ce conseil se distingue par une composition islamo-destourienne. A indiquer que le front populaire n’y figure pas, et c’est un comité qui va donner une légitimité à l’initiative de Hamadi Jebali.
Nous prônons alors un congrès national réunissant tous les partis pour un consensus national et une feuille de route qui unisse tous les Tunisiens.
Quelles sont les répercussions de cette crise sur l’économie nationale ?
Bien évidemment, les défis sont énormes alors que la situation s’aggrave d’un jour à l’autre. Nous savons très bien qu’il y a une augmentation spectaculaire des prix surtout ceux des produits alimentaires de base. A cela s’ajoute la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens et un taux d’inflation qui est passé de 3,5% à 6%. Donc, on constate une aggravation réelle de la situation actuelle. Du coup, on ne voit pas que les tensions vont apaiser. Au contraire, elles vont s’aggraver de plus en plus.
Comment agir alors ?
Les solutions sont certainement dans le cadre de la proposition faite par le front populaire. Aujourd’hui, nous avons besoin d’un gouvernement de crise avec les compétences nécessaires qui s’occuperait de la réalisation d’un programme restreint, réduit, compatible de ce qui nous reste de la période transitoire qui varie entre 6 et 10 mois. Donc, on a besoin d’un programme qui s’adapterait à cette période.
Si l’initiative de Hamadi Jebali échoue, comment vous percevriez le paysage politique ?
La crise sera de plus en plus aigüe et les tensions seront de plus en plus vives. Ceci conduira au chaos total, puisque Ennahdha et le CPR seront rejetés aussi bien par l’opposition que par le peuple.
Y a-t-il du nouveau en ce qui concerne l’assassinat de l’opposant de Chokri Belaid surtout qu’il y aura un recours à la Cour Pénale Internationale ?
On ne peut pas se prononcer sur le cours de l’enquête. Pour le recours à la Cour Internationale, il s’agit d’une alternative qui sera bien mise en œuvre.
Wiem Thebti
