AccueilLa UNETunis : La galère des demandeurs de visas (reportage)

Tunis : La galère des demandeurs de visas (reportage)

À chaque fois qu’il est traité, le dossier de l’octroi du visa d’entrée dans l’espace européen fait vite de susciter la polémique et de faire couler beaucoup d’encre.

En dépit des promesses annoncées par des responsables européens, notamment français, de faciliter la procédure de délivrance des visas et mettre fin aux longues files d’attente devant les locaux des consulats, le service offert demeure incontestablement en deçà des attentes…

Ce service semble inquiéter et agacer la majorité des postulants au visa, malgré l’annonce de faciliter la circulation entre la France et la Tunisie. Selon les chiffres des services consulaires, la France traite à Tunis plus de 93 000 demandes de visa par an. En 2011, 80.000 visas ont été délivrés. 4500 visas sont accordés à des conjoints de Français ou pour des regroupements familiaux.

Après une première visite effectuée en mai 2012, Africanmanager a voulu en savoir davantage sur l’évolution de la situation après l’introduction des nouvelles mesures ainsi que sur le degré de satisfaction des Tunisiens vis-à-vis du service de l’obtention de visas.

Vendredi 9h30, on était devant le siège de TLS Contact, centre externalisé de collecte des demandes de visa créé en avril 2012.

La foule n’était pas assez nombreuse, l’opération s’effectuant sur rendez-vous. Venant de plusieurs régions de la Tunisie, les postulants au visa sont appelés à respecter les conditions mises en place, à savoir l’interdiction de l’accès aux locaux avant l’heure fixée et l’obligation d’attendre devant la porte de siège.

Des postulants désespérés…

Pour la jeune Aya, les procédures de délivrance de visa sont tout à fait ordinaires pour quiconque respectant les conditions fixées.

La jeune voilée s’est dit heureuse tout en se félicitant des efforts fournis par les agents opérant dans le centre. « L’opération était simple. Il suffit de remplir le dossier et prendre un rendez-vous. Par la suite, tu déposeras ce dossier dans le centre et après quelques jours, ils vous appellent pour finaliser les procédures fixées», a-t-elle affirmé.

Rejeb Bouthina n’a pas beaucoup apprécié l’avis d’Aya. Venant de la région de Nabeul et accompagné de tous les membres de sa famille, ce cuisiner travaillant en France depuis des années n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude par rapport aux procédures fixées.

Le père de trois enfants a notamment dénoncé le comportement de certains agents s’agissant surtout d’une femme analphabète. « J’ai amené toute la famille pour déposer un dossier de visa de long séjour, mais voilà, je suis sous le choc », s’est-il écrié avant d’expliquer que « ma femme est une alphabète et pourtant elle s’est trouvée obliger de remplir toute seule le dossier !!! ».

Il est à noter que Rejeb Bouthina était obligé de rester en dehors du centre car il est strictement interdit d’accéder à l’intérieur à l’exception des personnes concernées.

L’agacement de Rejeb Bouthina n’a d’égal que celui affiché par un retraité venant du Sud du pays. « Je suis là depuis minuit alors que le rendez-vous est fixé à 11H30. C’est vraiment la honte puisque je suis obligé d’attendre encore pour changer tout simplement la carte de séjour !».

Quant à lui, Abdelhak Ben Arbia, accompagné par sa jeune fille qui partira en voyage organisé en Angleterre, le manque d’organisation ainsi que la marginalisation des Tunisiens restent des points négatifs qui ne pourraient que refléter le peu d’intérêt accordé par les pays européens au peuple tunisien. « Il suffit d’être ici pour comprendre la valeur réelle des Tunisiens. Il n’y a ni parking, ni toilette ou même de salles d’attente. Et pourtant, nous sommes obligés d’attendre pendant des heures… Ils nous traitent comme des animaux. C’est vraiment une insulte pour toute la Tunisie », a-t-il martelé.

Les frais du visa en question

Outre les mauvais services fournis , les frais prohibitifs exigés pour la délivrance des visas soulèvent une question préoccupante pour tous les postulants. A cet égard, un autre père s’est vivement indigné de l’évolution inexplicable des frais en 24 heures. « J’ai offert à ma fille un voyage organisé en Angleterre, mais en contactant ce centre et avec les mauvais services, j’ai constaté qu’on est de mauvais clients », a dit le père sous couvert de l’anonymat avant de préciser que « on a cru qu’on coopère avec des gens stricts et sérieux, mais la vérité est autre. Pouvez-vous imaginer une hausse des frais des visas en l’espace d’une journée ? C’est la honte ».

Notre interlocuteur était tenu de payer 423 dinars, soit une augmentation de 27dinars sans autre forme de procès ni explication précise. « C’est impossible. Tous les services sont payants, même l’appel téléphonique est à la charge du client ».

Les Allemands désintéressés par les Tunisiens

Les services de TLS contact semblent similaires à ceux proposés par l’ambassade de l’Allemagne à Tunis.

Vers 11h30, on était devant le nouveau siège de l’ambassade, sis aux Berges du Lac. On était chanceux de rencontrer quelques demandeurs de visas. Même constat: mauvais traitement et une volonté de rejeter tous les dossiers de demandes de visas.

« Certes l’Allemagne reconnaît la liberté de culte et de conscience. Mais il semble évident qu’il y a désormais, autour de nous, certaines parties qui cherchent à réduire notre présence dans ce pays et nous créer des difficultés ».C’est en ces termes qu’un jeune Tunisien venant de Bizerte s’est exprimé à sa sortie de l’ambassade.

Il s’est déclaré offusqué par le comportement de la responsable allemande chargée de ce dossier, laquelle s’est dite certaine du rejet de sa demande. « Elle était irrespectueuse. D’ailleurs elle m’a dit en arabe qu’il est difficile de répondre favorable à mon dossier ».

Un avis partagé par une femme originaire de Sousse qui nous annonçait qu’elle va déposer une plainte auprès des autorités allemandes, sitôt qu’elle rejoindra son époux. « Ces agents doivent être poursuivis car ils m’ont traitée comme un animal », a dit la femme avant de mettre l’accent sur la politique du racisme menée par les agents de l’ambassade. « J’étais l’objet d’un mauvais traitement, mais dès que j’ai présenté le passeport rouge de ma fille, le service est devenu respectable et je n’ai plus eu besoin d’attendre encore », a-t-elle affirmé.

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