AccueilLa UNETunis : L’agitation sociale va exploser dès octobre, avertit le FTDES

Tunis : L’agitation sociale va exploser dès octobre, avertit le FTDES

Phénomène de société mais fait politique récurrent, les mouvements de protestation prennent en Tunisie les allures d’une expression citoyenne autant que de troubles nuisibles à l’ordre public. Pour le commun et le gros de ceux qui s’y livrent, la ligne de démarcation est si ténue qu’elle finit par devenir peu perceptible voire invisible, ouvrant la voie à tous les excès et toutes les dérives. Pourtant, la vocation d’un mouvement de protestation ou d’une manifestation est d’influer sur l’opinion, influencer le pouvoir politique et, ce faisant, contribuer à la naissance de politiques publiques menant à la satisfaction des revendications qu’il exprime. C’est en tout cas le sens dans lequel le mouvement de protestation est entendu dans les démocraties, surtout européennes. Mais comme le disait bien Blaise Pascal, « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » !

Au point que, à partir du mois d’octobre prochain, les mouvements de protestation connaîtront très probablement une hausse remarquable notamment dans les régions intérieures et défavorisées ». C’est en tout cas la mise en gade lancée, mardi, par le président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Plus grave encore, ces mouvements de protestation ne seront pas d’ordre syndical et seront observés essentiellement par les chômeurs, les ouvriers de chantiers et les habitants des régions défavorisées, selon Abderrahman Hedhili qui, forçant davantage le trait, ajoute que « ces mouvements de protestation ne seront pas organisés et encadrés et se déclencheront pour protester contre la politique de marginalisation qui s’est poursuivie avant et après la révolution », a-t-il dit.

Avril pire que mai

Pour l’heure, on en est encore loin tout en sachant que , quand même, le mois de mai a connu 225 mouvements citoyens de toutes sortes dont le quart se rapporte aux suicides et tentatives de suicide et deux mouvements de grève de la faim, comme le révèle le rapport de l’Observatoire Social Tunisien. Mais, au total, 317 mouvements de protestation ont été recensés par l’Observatoire du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDS) au cours du même mois, en baisse en comparaison avec le mois d’avril où il était de 474.Ces mouvements ont été dans la plupart des cas des mouvements collectifs (265, soit 83.6%) contre 52 mouvements individuels, soit 16.4%.

En termes de répartition géographique, c’est le gouvernorat de Gafsa qui vient en tête avec 50 mouvements qui ont eu lieu en mai dernier. Il est suivi par celui de Kairouan avec 48, puis par ordre décroissant Sidi Bouzid (38), Kebili (32), Tunis (34).

Toutefois, la palme revient au bassin minier dont les événements ont marqué d’une façon indélébile le mois de mai, puisque, la région a connu des manifestations revendiquant des droits socio-économiques. Ces manifestations ont continué en guise de protestation contre l’ensemble des décisions relatives au plan de réforme du conseil ministériel.

El Faouar, dans le gouvernorat de Kebili a connu des évènements de protestations concernant les sociétés d’exploitation pétrolières de la région et leurs politiques de gestion du personnel et de recrutement. Ces tensions, dans la région, ont été accentuées par un conflit territorial entre deux localités de la région (Jemna et el Galaà). Ces mouvements de protestation ont évolué, au fil des jours, vers des affrontements avec les forces de l’ordre ce qui a conduit à l’intervention de l’armée et l’établissement d’un couvre-feu dans la région et l’intervention d’un comité de réconciliation.

Par ailleurs, il a été observé plusieurs évènements, de protestations citoyennes, majeurs, essentiellement des revendications économiques, concernant le droit à l’emploi et le développement régional, ont connu des mouvements de protestations citoyennes à Gafsa, Kairouan, Sidi Bouzid, Kebili, Médenine, Jendouba, Bizerte, Tibar (gouvernorat de Beja), Tataouine.

Ces mouvements ont vu des degrés différents d’évolution vers des réactions de violence, allant de manifestations pacifiques, sit-in, blocages de routes (avec pneus brûlés), grèves (générales dans plusieurs délégations des gouvernorats de Gafsa et de Kebili) et menaces de suicide (gouvernorats de Gafsa et Jendouba).

Si graves soient-ils, ces mouvements de protestation seraient peu de chose par rapport à ce que nous réserve la rentrée à partir du mois d’octobre. C’est à croire déjà que les manifestants et protestataires d’aujourd’hui seraient des enfants de chœur comparés à ceux de demain. C’est pour cette raison que le président du FTDES, entre autres, a appelé le gouvernement à commencer par prendre des mesures urgentes pour régulariser la situation des ouvriers de chantiers et impulser le processus de développement dans les régions défavorisées comme Kasserine et Sidi Bouzid. Y réussira-t-il avec les moyens du bord qui sont les siens ?

M.L.

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