AccueilLa UNETunis: Le Tourisme tunisien a besoin d’un Etat fort, disent les experts

Tunis: Le Tourisme tunisien a besoin d’un Etat fort, disent les experts

Pour les opérateurs et les experts du tourisme, le 18 mars est déjà une date. Et pour concrétiser cette nouvelle réalité, les organisateurs de la table ronde dédiée à l’examen des effets de l’opération du Bardo, lui ont choisi pour thème: « Quelle communication après le 18 mars ». La table ronde organisée ce mardi, à Gammarth à l’initiative des professionnels du secteur du tourisme a donné lieu à une rencontre consacrée à réfléchir sur l’avenir du secteur, après l’attentat du Bardo qui a fait 23 morts et 47 blessés de différentes nationalités. Quel est donc l’avenir du tourisme en Tunisie ? Quels seront les effets des derniers développements sur les réservations ? Quels scénarios peut-on déjà dresser et quelles solutions proposer à la crise? Ce sont les points débattus lors de cette rencontre.

Afif Kchouk, président du Marché International du Tourisme (MIT) a fait savoir, dans ce cadre que l’attentat du Bardo n’est pas le premier en Tunisie, rappelant des attentats à la bombe de Monastir et Sousse en 1987, l’attentat de la Ghriba à Djerba en 2002, ou encore celui survenu en octobre 2013 où un homme s’est fait exploser devant un hôtel de Sousse. Ces derniers attentats avaient, selon lui, un impact très limité sur le tourisme. Pour ne citer que l’exemple de 1987, Afif Kchouk rappelle qu’en 1988, un an après l’attentat de Monastir, le marché touristique tunisien a connu une véritable explosion et les entrées ont augmenté de 85%.

Abordant le cas de la dernière opération du Bardo, Afif Kchouk, qui est à la fois opérateur et expert en tourisme, a affirmé que la Tunisie se trouve actuellement devant deux scénarios distincts et même opposés: soit elle verra un ralentissement et même des annulations de réservations selon les marchés, soit un regain de l’activité touristique et de la dynamique des réservations à un rythme progressif dans un délai de quelques semaines. Il remarque que pour passer du scénario « vicieux » au scénario « vertueux », les opérateurs et l’Etat doivent œuvrer pour faire profiter le secteur et le pays de la vague de soutien et de sympathie dont bénéficie la Tunisie.

Afif Kchouk a appelé, en outre, à une campagne extraordinaire de crowdsourcing, suscitant des prises de position en faveur du tourisme tunisien de la part des opérateurs et des manifestations de soutien dans la rue.

Il suggère également d’attirer le client par des prix de séjour bradés, compter sur les réservations de dernière minute et viser le marché local, algérien et Libyen.

Un expert dans secteur touristique présent lors de cette rencontre a, de son coté, reproché aux professionnels du secteur et aux parties responsables de ne pas s’être bien préparés aux attentas terroristes. Il relève que ce secteur qui est vital pour l’économie nationale par ce qu’il génère comme dynamique économique, emplois et entrées de devises, illustre un modèle de société. Or, ce sont ces deux éléments qui sont visés par l’attentas. « En s’attaquent au tourisme, les terroristes s’attaquent à l’Etat moderne et au modèle de société qui va avec», a-t-il souligné.

Il a, toutefois, précisé que la vague de sympathie et de solidarité est un facteur important dont il faut savoir profiter pour redresser le secteur et garantir la reprise, estimant que la tâche qui est par nature difficile ne risque pas d’être impossible. « Les conséquences de l’attaque terroriste du Bardo sont à première vue fatales, car elles s’ajoutent déjà à une crise structurelle », a-t-il dit, reprochant aux ministres qui se sont succédé depuis 2008 de négliger le secteur et de ne pas prendre au sérieux ses difficultés.

L’expert a appelé aussi à éviter les erreurs commises par le passé notamment en matière de communication. « Il faut bien viser et cibler nos marchés et donner des signes positifs sur la Tunisie. Il faut bouger sinon l’agonie du secteur sera lente et pénible », a-t-il dit

Se penchant sur les carences du secteur, le même expert relève que le produit touristique devient en décalage avec la demande internationale et que la crise structurelle peut s’approfondir suite aux derniers développements. Il appelle à instaurer un Etat fort, indiquant que « si l’Etat reste comme il l’est maintenant, le pays sera exposé à des scénarios plus graves les uns que les autres », a-t-il dit.

« La tâche qui nous attend est très importante et la balle est dans le camp des tours opérateurs, des professionnels du secteur, des agences du voyage, des voyagistes mais aussi de la presse » soutient-il.

Un des tours opérateurs a, pour sa part, indiqué que les professionnels du secteur commencent à sentir et subir l’effet de l’opération terroriste du Bardo, précisant que les grands opérateurs commencent déjà à demander des réductions et des promotions et beaucoup ont déjà cédé, sans compter les escales annulées en masse, selon ses dires.

Il a appelé à mettre en place une stratégie globale à l’échelle nationale et mettre l’accent sur une communication de crise. « On a besoin d’une action forte de la part de l’Etat qui doit fédérer les énergies, car si chacun réagit à sa manière et dans son petit carré rien d’important ne peut se faire », a-t-il dit.

Khadija Taboubi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -